Quelques jours auparavant...
Je n'avais jamais réellement pensé à la mort. A l'âge de 25 ans j'avais beaucoup mieux à faire que penser déjà à une fin. Après avoir obtenu ma licence d'histoire j'ai pu, dès la sortie de l'université, obtenir une place à la conservation des archives de notre ville. Sans l'aide de ma tante Victoria, rien de tout ça n'aurait été possible. Certes mon dossier était plutôt bon pour une femme de mon âge mais Victoria avait fait beaucoup d'éloges à mon sujet à son supérieur. Je pense que cela a beaucoup joué dans sa décision finale. Et je m'en réjouis.
Ça fait donc plus de deux ans que je travaille pour la ville et je suis plus qu'épanouie.
Je suis en bonne santé et j'habite dans les vieux quartiers de la ville de San Francisco dans une maison d'époque qui vient juste d'avoir le droit à un petit coup de peinture. Ça n'enlève rien à son charme, bien heureusement.
Vivre dans une maison alors que je suis seule ne me pose pas de problème. Parce qu'après tout pourquoi ne pourrait-on pas bénéficier d'une maison agréable au cadre tout aussi agréable sous prétexte que nous vivons seuls. C'est un choix de vie, c'est tout.
Essoufflée, je donnai une dernière impulsion dans la colline avant d'arriver chez moi. Je courre quasiment tous les matins pour me libérer l'esprit. Je n'ai pas ce que l'on pourrait appeler de gros problèmes, disons simplement que ce sont les aléas de la vie.
Ma foulée se ralentit arrivée devant ma boite aux lettres, reprenant peu à peu mon souffle. J'ai commencé à courir à mon entrée à la FAC. Au début c'était dure et les garçons du campus prise de tête se fichaient de moi et de ma façon d'être épuisée pour si peu. Sauf qu'il faut bien commencer par quelque part. On commence tous par quelque part.
Je détachai la petite clé argentée du lacet de mes baskets et ouvris la boîte en sortant mon courrier. Je regardai vaguement les papiers et remarquai une lettre de Darren parmi mes factures. Darren est mon frère de un an mon ainé. Il est allé finir ses études à Chicago. Je ne sais pas ce qu'il voyait en cette ville mais peu importait tant qu'il était heureux.
Je laissai la lettre de mon frère sur le dessus de la pile et rentrai dans la maison. Une odeur de café me parvint ce qui me rappela que j'avais mis en route une cafetière avant de partir. Le café est comme une drogue pour moi. J'y suis totalement accro et même si je sais qu'un surplus de caféine peut être dangereux je n'y prête pas grand attention.
Bon, je prends une tasse de café puis je file sous la douche !
Je m'affalai donc dans mon canapé en tissu bleu pastel, mon mug de super célibataire entre les mains. Difficile de ne pas comprendre le message que mes amis veulent me faire passer en m'offrant une tasse dans ce style.
Alors que j'étais assise dans mon canapé les jambes en tailleur, le téléphone retentit. Le son m'insupportait et je peinai à trouver la volonté de me lever pour décrocher le combiné. Le fil se détortilla un peu tandis que je me rassis dans le canapé en collant le téléphone contre mon oreille.
- Allo ?
- Hey ma belle ! retentit la voix de ma meilleure amie. C'est Iden, je t'appelle sur ton fixe vu que tu ne daignes pas mettre ton portable sur autre chose que silencieux et qu'il est par conséquent presque impossible de te contacter !
- Je suis désolée... Qu'est-ce que tu voulais me dire ?
- Ce soir, toi, moi, un cosmopolitan et la bande du lycée ! Tu ne peux pas refuser, soit là à 20h au GreenTraper ! Fais-toi belle, Léandre sera de la partie !
Elle ne me laissa pas le temps de riposter et raccrocha aussi sec. Je déteste quand elle fait ça... Et dieu sait qu'elle le fait souvent !
Je me passai une main sur le visage, fatiguée. Il est vrai que je sortais de moins en moins en soirée depuis que j'avais emménagé dans mon nouveau quartier ce qui ne me rendait pas ermite pour autant. Mais j'aimais passer du temps à lire, confortablement installée dans mon canapé une tasse de café viennois dans les mains ou à courir le long du Palace of Fine Arts. J'adore cet endroit et encore plus en été. On dirait un paysage de conte de fée.
Sans plus attendre je montais au deuxième étage prendre une douche quand je me remémorai ce dont m'avait fait part Iden. Léandre serait présent...
Mon esprit ne contrôlait même plus les mouvements mécaniques de mes mains frottant mon cuire chevelus laissant l'eau brûlante couler le long de mon épiderme. Il n'était préoccupé que part une chose.
Léandre...
Je ne l'avais pas revu depuis des années. Six pour être exacte. Il a été mon premier. Dans tous les sens du terme. Mon premier baiser, mon premier amour, ma première fois, mon premier chagrin...
Il avait été accepté dans une grande école de commerce à New York et nous avions préféré nous quitter ainsi ne voulant pas pourrir notre relation par la distance. Depuis notre rupture, nous ne nous étions pas contactés ne préférant pas raviver les souvenirs de l'autre. Et c'était sûrement mieux ainsi...
Je sortis de la douche, brulante et quelques peu désorientée. Je ne sais pas si c'est le retour de Léandre en ville ou la chaleur de la douche mais je dois me reprendre. La vie ne s'arrête pas à un homme. Et encore moins à celui qui vous a fait connaître tout ce que vous connaissez de plus fort et de plus sincère.
Génial, on avance...
D'un revers de la main, j'essuyai les perles d'eau qui coulaient sur mon front et laçai une serviette autour de moi. Par chance ma salle de bain est juste à côté de ma chambre ce qui me permit de ne pas trop laisser d'empreinte de pas mouillés sur mon parquet. Ça m'aurait embêté : faire le ménage c'est pas ma tasse de thé...
Il ne faut plus que je pense à cette histoire... En tout cas pas avant que je n'y sois réellement confrontée.
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Wild Fire
AdventureNe jamais perdre espoir. C'est ce que m'a toujours appris ma mère depuis que j'étais enfant. Aujourd'hui de tout ce que j'ai pu connaître l'espoir me paraît abstrait et superficiel. Qui pourrait parler d'espoir quand sa vie ne rime plus qu'avec les...