- Je vais te laisser rentrer chez toi...Ce n'est pas une preuve de générosité de ma part. Sache que je reviendrais quand le moment sera venu. Je te poursuivrais jusqu'au fond des abimes de l'enfer si tu racontes à quelqu'un ce qu'il s'est réellement passé entre ses murs. C'est à toi de choisir.
***
Je ne suis pas restée tergiverser. J'ai accepté. J'ai accepté de me taire pour pouvoir sortir de cette cellule. J'aurais donné n'importe quoi pour me barrer de cet enfer. Fuir... Il m'avait laissé partir me répétant qu'il me ferait la peau si je disais quoique ce soit.
C'est comme ça que je me suis retrouvée devant la porte de chez moi à essayer de trouver cette foutus clé que j'avais caché sous une pierre de mes escaliers quand j'ai emménagé.
Mes cheveux gras et mes vêtements crasseux de plusieurs semaines, je réussis à trouver ma clé et à rentrer chez moi. Ma maison n'avait pas changé. Le bouquet était toujours là, les fleurs fanées et flétries. Tout avait l'air mort et vide. Je vis seule chez moi, pourtant je ne m'étais jamais sentie aussi seule dans un environnement qui m'était propre.
D'un pas las, je montai à l'étage et balançai tous mes vêtements dans un coin de ma salle de bain. Si cela ne tenait qu'à moi je les aurais jetés ou brûlés mais je ne roule pas sur l'or. Alors je me contentai de m'infiltrer sous le jet d'eau chaude qui me brûlait l'épiderme. J'en avais besoin.
Pendant de longues minutes je me suis laissée aller à penser à des choses heureuse. Mais je ne voyais que les plais multiples sur mes jambes et sur mon ventre. Je ne sentais que l'odeur humide de la cellule et des moisissures aux murs. Je n'entendais plus que les mouettes et la respiration saccadée de Vadim quand il avait le sommeil agité. Je ne sentais plus que l'odeur renfermée et l'odeur de sueur après un de ces interrogatoires. Je ne ressentais plus que la douleur qui se creusait au creux de mon ventre... Plus intense de jour en jour...
***
Je n'avais pas eu la force. Retourner au travail, sortir de chez moi... Ça m'était totalement impossible. J'étais morte de peur à chaque fois que quelqu'un sonnait chez moi, à chaque coup de klaxon, à chaque aboiement du clébard des voisins.
J'étais sortie une seule fois jusqu'à l'épicerie mais j'avais passé plus de temps à me retourner pour voir si personne ne me suivait qu'à regarder devant moi si bien que j'avais bousculé plusieurs passant et avais finis par faire demie tour arrivée face à l'épicerie.
Est-ce que à partir de maintenant ma vie allait se résumer à ça ? Avoir peur... Peur du moindre bruit. Peur que l'on revienne me chercher quand ils auront retrouvé Vadim. S'ils le retrouvent... Ce qui n'arrivera sûrement jamais. Il est sûrement trop intelligent pour revenir. Il a dû fuir. Et il a eu raison Même si cet homme avait un gros souci mental je suppose qu'il est assez sain d'esprit pour se barrer de la ville. Et même du pays si possible. Il va pouvoir recommencer à zéro, peut-être même changer d'identité. Et qui sait, Vadim n'est peut-être même pas son vrai prénom.
Je ne sais plus où j'en suis. Ce qui est vrai et ce qui ne l'est pas... Est-ce que tout ce que je croyais savoir et connaître n'était qu'un leurre. Qu'est-ce que j'ai été stupide depuis le début...Des stupides fleurs... J'étais sûre que jamais Léandre ne m'aurait offert des fleurs.
Déçue, je me rendis compte que lui non plus ne s'était pas inquiété. Alors j'étais vraiment seule. J'aurais pu rester toute ma vie enfermée entre ces murs sans que jamais personne ne me retrouve. J'aurais pus mourir là-bas. Est-ce que c'est ça la solitude ? Se sentir abandonner sans que rien ni personne ne puisse vous ramener.
J'allais m'affaler dans mon canapé – ratant un énième repas depuis mon retour – quand un bruit sourd se fit entendre derrière ma porte. Quelqu'un était à ma porte. Quelqu'un toque à ma porte...
Sans réfléchir plus longtemps, je me levai de mon canapé et voulu attraper le premier ustensile, qui sous le coup de la panique, me tomba sous la main. Je ne pensais à rien à part à cette personne sur le pas de ma porte, je ne sentais plus rien sauf mon cœur qui pulsait contre ma poitrine, je ne voyais plus rien mise à part le fond de mon tiroir flou et désordonné.
Sous le coup de la panique je saisi le premier ustensile qui me tomba entre les mains et me précipitai dans ma chambre raflant les marches quatre à quatre. D'un mouvement brusque je claquai la porte de ma chambre, des gouttes de sueur ruisselant le long de mes tempes. Je paniquai pour rien c'était obligé. Il y avait forcément une autre explication. Un voisin, le facteur, les scouts, ...
Soudain je crus percevoir le cliquetis de ma porte s'actionner. Ma panique redoubla sans compter qu'il était strictement impossible que la brigade des scouts puisse entrer par effraction chez les particuliers. Ni même le facteur. C'est forcément lui, c'est forcément cet homme qui pendant des semaines m'a torturé comme si je n'étais même pas un être humain. Comme si je n'étais qu'une simple distraction à ses heures perdues.
Au même moment la porte claqua et un instant je priai que l'individu soit parti. Aucun bruit. Pas un souffle. Peu à peu ma respiration se calma.
Il n'y a personne, il n'y a personne, je me persuadai tant bien que mal observant la louche en inox que j'avais entre les mains.
Foutu stress ! Même pas fichu de trouver un couteau en danger de mort.
Je serrai donc ma louche quand un grincement se fit entendre.
Je suis morte, je suis morte...
D'un mouvement rapide je me plaquai dos à la porte priant pour qu'il ne me trouve pas. Il ne pouvait pas me trouver, il le fallait.
Pourtant les pas se rapprochaient et fermer les yeux me donnait l'impression que peut-être il n'arriverait rien.
Mais tout espoir fut vint quand la porte s'ouvrit avec fracas. J'entendais sa respiration, le bruit de ses chaussures sur le parquet, sa main glisser sur la poignée ! Je ne peux pas... Et encore moins avec une louche...
Est-ce qu'il reste encore un peu de la Erika courageuse et intrépide qui n'a pas peur de se lancer dans la vie et ses aléas. Est-ce qu'il reste une part de la Erika qui se jetterait une louche à la main sur son agresseur sans réfléchir.
Oui sans aucun doute.
Alors sans hésiter une seconde de plus je refermai la porte dévoilant le corps d'un homme plutôt grand. Malheureusement trop grand.
Plus le temps de réfléchir.
J'allais écraser le dos de ma louche contre le crane de l'individu quand ce dernier se tourna. Hébétée, aucun son ne sortit de ma bouche jusqu'à ce que.
- Vadim ?
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Wild Fire
AdventureNe jamais perdre espoir. C'est ce que m'a toujours appris ma mère depuis que j'étais enfant. Aujourd'hui de tout ce que j'ai pu connaître l'espoir me paraît abstrait et superficiel. Qui pourrait parler d'espoir quand sa vie ne rime plus qu'avec les...