Chapitre IX

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Un jour, notre prof de philo nous a dit '' je sais que je ne sais rien ''. Socrate était un brave homme et avait sûrement raison. Au moins on ne pouvait pas lui reprocher de ne pas nous avoir prévenu.

Aujourd'hui cette phrase prend tout son sens à mes yeux. Je ne sais rien moi non plus. Je suis juste une fille enfermée dans un endroit à qui on a explosé la tête contre un mur.

Sur le coup je n'avais pas eu le temps de ressentir la douleur mais en ce moment même, encore perdue dans le néant d'une existence peut-être déjà réduite à néant, je commence à penser à la mort.

Moi qui croyais avoir toute la vie devant moi. En fait, il n'en était rien.

Alors que je pensais ne plus jamais me réveiller, je sentis mes paupières devenir moins lourde et je pus ouvrir les yeux. Malgré mon mal de crâne, je me forçai à me relever constatant que j'étais toujours dans cette maudite pièce. Je posai une main lourde sur ma tête priant mentalement pour que cela passe.

- En tout cas, tu as vraiment du cran, lança amusé mon compagnon de cellule assis mais toujours attaché.

J'observai l'homme aux cheveux châtain m'analyser comme s'il pourrait lire en moi avant de baisser la tête presque aussitôt. La première image que je devais lui renvoyer était complètement miteuse. Les cheveux gras, le regard perdu, des vêtements crasseux. Je n'avais même pas de chaussures aux pieds.

J'étais à la fois honteuse et m'enfoutiste. J'étais enfermée, qu'est-ce que cela pouvait bien me faire d'être présentable ou non.

Je levai finalement les yeux vers l'homme face à moi et pus enfin constater la couleur de ses prunelles. Elles étaient d'un marron si sombre et si profond que j'aurais pu continuer à le détailler si je ne m'étais pas rendu compte de l'absurdité de la chose.

Psychopathe bonjour !

- C'était du courage ou de la stupidité ? insista l'inconnu.

Je ne lui répondis toujours pas essayant de comprendre quel genre de personne était cet homme. Ses cheveux châtains étaient ébouriffés et même si sa voix ne laissait rien paraître, ses yeux eux reflétaient la peur qu'il ressentait. Son nez fin quant à lui adoucissait un peu son visage carré et son regard sévère. Quant au reste de son corps, il avait l'air aussi fin que sculpté. Même si je ne l'avais encore jamais vu debout il avait l'air grand et élancé. C'est un très bel homme, je devais bien l'avouer. Je me demande quel âge il a... Je me demande aussi ce qu'il a fait de sa vie pour se retrouver ici sans qu'il ne bronche.

- Sûrement un peu des deux... je finis par lui répondre, mon esprit ailleurs.

Je laissai mon esprit s'enfuir, mon corps ayant l'incapacité de le faire. Devais-je me résigner et croire que tous espoirs étaient perdus ? Ce serait totalement minable !

A ce moment je pense à mes amis, à mon frère et à ma famille. Vont-ils réellement croire que je me suis envolée à l'autre bout du monde sur un coup de tête ? Ahah oui ! Parce que malheureusement c'était mon genre.

Revenant à la réalité je pris mon courage à deux mains et demandai au jeune homme.

- Depuis combien de temps tu es ici ?

Il me regarda d'abord sûrement surpris que j'abandonne le vouvoiement d'un seul coup. De toute façon, je ne voyais pas vraiment l'intérêt de rester poli sachant que je n'avais rien à prouver à cet individu.

- Depuis trop longtemps... murmura-t-il presque ne me quittant pas des yeux.

J'avais l'impression que son regard était constamment encré dans mes prunelles. Est-ce qu'il trouvait la couleur de mes yeux étranges ? Après tout c'était plutôt rare...Je me souviens parfaitement que au collège on me traitait comme un monstre. J'étais le monstre aux yeux violets. Erika le monstre. Un jour Iden en a eu assez que je ne me défende pas alors en plein milieu d'un cours d'histoire alors que le prof s'était absenté quelques temps, elle était montée sur une table et avait menacé de planter son stylo dans la main de quiconque me traiterai encore une fois de monstre. Iden étant respectée et beaucoup appréciée, les gens l'avaient écouté et ne m'avaient plus rien dit. Les enfants n'étaient pas plus gentils avec moins mais au moins ils m'ont laissé tranquille. Et au lycée tout a changé. J'ai changé et je me suis promis que plus personne ne me marcherait dessus.

Je soupirai comprenant que l'inconnu avec qui j'allais être enfermée nuit et jour n'était pas prêt à coopérer et à y voir plus clair.

- Quel est ton nom ? j'insistai.

- Tu n'as pas besoin de le savoir...

Sympathique...

Je me renfrognai, le trouvant vraiment de plus en plus agaçant. Je soufflai, désespérée par son comportement, posant ma tête toujours douloureuse sur le mur froid quand il finit par cracher.

- Vadim... Je m'appelle Vadim.

- Erika, je me présentai à mon tour.

- Ne t'imagine pas que ça change quoique ce soit... se referma aussitôt le fameux Vadim. Je comprends pas qu'une pauvre gosse d'à peine 20 ans soit une des clés...

Une des clés ?

Je ne sais pas ce qui est le pire, l'erreur monstrueuse qu'il vient de faire sur mon âge ou qu'il parle du fait que je puisse être une clé. Une clé ? Mais une clé de quoi ?

Je décidai finalement de ne pas relever sa remarque sur ces soit disant clés et renchéri en le toisant.

- J'ai 25 ans... Et je ne suis pas une pauvre gosse. Quel âge tu as toi pour te permettre de juger les gens avec autant de dédain ?

- Excusez ma maladresse ma chère, se moqua ouvertement l'abrutis face à moi. J'ai 27 ans. Malheureusement ici connaître nos âges respectifs ne nous aidera en rien. A moins que tu offres certains de tes services aux personnes qui nous retiennent.

Un sourire mauvais étira ses lèvres tandis que étincelle perverse s'empara de son regard qui ne cessait de me déshabiller.

Sa dernière remarque aurait dû me faire sortir de mes gons mais je restais calme bien que mon énervement devait clairement être discernable. Si j'avais pu lui jeter quelque chose à la figure je l'aurais fait sans hésiter. Mais je n'avais strictement rien.

Je me contentai simplement d'ignorer sa remarque et de regarder ailleurs. Il fallait que je découvre pourquoi j'étais là. Est-ce que cela avait quelque chose à voir avec le fait que je m'étais sentie observée quand nous étions sortis avec Léandre. Sans aucun doute. Mais pourquoi moi ?

Je n'avais plus un sous, pas une once d'influence sur la société et le monde qui nous entoure. Je n'étais qu'une jeune femme de 25 ans habitant à San Francisco comme plus de 864 000 autres personnes.

- Est-ce que tu penses qu'ils vont nous laisser partir ? je le questionnai.

- J'en doute ! rit-il d'un air faux.

Wild FireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant