Cela faisait près de 10 minutes que je courais littéralement à travers ma maison à la recherche de mes escarpins. Après m'être couchée dimanche matin, je ne m'étais étrangement pas réveillée avant le lendemain matin. Je crois que de toute ma vie je n'ai jamais dormis autant.
Arrivant enfin dans mon bureau, je mis la main sur l'objet de ma convoitise. Je n'utilise au grand jamais ces chaussures. Parce que premièrement elles me font bien trop mal aux pieds et secundo, j'ai l'impression d'être beaucoup trop grande. Pourtant du haut de mes 1m66 je ferais tout juste 1m70 avec des talons ce qui en soit n'est pas si grand. Mais c'est une impression.
Je replaçai rapidement une mèche de mes cheveux derrières mon oreille. Ce soir, j'ai décidé de laisser mes cheveux détachés et ai simplement mis une petite robe noire évasée. Je n'aurais pas pu faire plus classique mais j'aimais ça. De plus cela me permit de mettre un peu de peps à ma tenue avec un rouge à lèvre plutôt vif. Par chance, je n'étais en aucune façon vulgaire.
Je jetai un dernier coup d'œil à ma montre. 19h57. J'étais dans les temps. Je descendis tout de même les escaliers en courant percevant la sonnerie de mon téléphone. J'espère que cette fois-ci c'est ma mère qui m'appelle pour me donner de ses nouvelles.
D'un geste rapide je fis glisser mes escarpins sur le parquet de l'entrée et couru jusqu'à mon salon et attrapai le combiné. J'avais l'impression de répéter ce geste un peu trop souvent en ce moment.
- Allo ?
Ahah ! J'aurais dû m'en douter !
Personne au bout du fil. Alors que j'allais raccrocher sans prendre la peine d'attendre quelques secondes comme les fois d'avant, j'entendis à l'autre bout du fil un raclement de gorge. Tiens, tiens alors comme ça ce n'était pas une erreur mais juste une personne qui s'amuse. Pauv' type...
- Vous croyez ça drôle peut-être ?! Sérieux vous n'avez rien d'autre à faire ? je râlais. Trouvez-vous un boulot et arrêtez d'emmerdez le monde !
Je raccrochai brutalement, irritée. Nan mais c'est vrai quoi ! Je vais finir par débrancher mon fixe si ça continue. Je fumai littéralement quand la sonnette de ma maison se mit à retentir.
Ma sonnette...
Léandre !
Je trottai jusqu'à ma porte d'entrée et l'ouvris faisant place à un Léandre plutôt élégant dans une chemise noir légèrement trop ouverte pour la survie de mes yeux.
Je lui offris mon plus beau sourire comme si la seconde auparavant je n'étais pas sur les nerfs. Il me détailla de haut en bas en s'attardant quelques secondes de trop sur mes pieds.
Mes pieds...
Mes chaussures ! J'avais complètement oublié !
Je les enfilai précipitamment manquant de tomber si je ne m'étais pas retenue au meuble à l'entrée.
- Tu es splendide, Erika ! me fit remarquer Léandre sans la moindre once de culpabilité en continuant de me détailler.
- Merci, je répondis simplement en attrapant mon trench beige.
Je refermai ma porte sentant la main du blond me taquiner légèrement le dos. Il sait à quel point ce genre de chose me fait frémir. Il me connaît.
Je laissai alors Léandre nous guider une main dans mon dos à travers les rues de la ville. J'aurais du me sentir bien, protégée et apaisée. Pourtant c'était tout sauf le cas. J'avais cette affreuse sensation, comme si quelque chose n'était pas normal. Cette sensation qu'on a souvent quand on se sent observé ou suivit.
Mais c'est impossible ! Je ne suis qu'une petite employée aux archives de la ville. Qui voudrait me suivre ? Je n'ai rien d'intéressant !
Au même moment, je me rendis compte que je n'étais pas seule. Non, Léandre est lui aussi à côté de moi. Il est le directeur du siège à San Francisco d'une grande entreprise et empoche surement des milliers de dollars au mois.
Ce pourrait-il que ce ne soit pas pour moi, mais pour lui ?
Une histoire d'argent ? Un rapport avec sa nouvelle promotion ?
Ou alors je me fais carrément des films et personne ne nous suit !
Je secouai la tête me convaincant que tout ceci n'était qu'une pure déformation de mon esprit. Non mais écoutez de moi ! Comme si j'étais au cœur d'un thriller ! Ça n'arrive que dans les films ou les livres. Et moi Erika Ayling, je suis ce qu'il y a de plus réel. Ordinaire et soumise au temps.
Je n'eus pas le temps de cogiter plus que ça que nous arrivions déjà au restaurant. C'est avec une violence comparable à une voiture qui s'écrase contre un mur que je me rappelai que je n'étais pas revenu dans ce restaurant depuis ma rupture avec Léandre.
Aurais-je vraiment la force de me confronter de nouveau à mon ancienne vie et à celle que j'étais au lycée...

VOUS LISEZ
Wild Fire
AdventureNe jamais perdre espoir. C'est ce que m'a toujours appris ma mère depuis que j'étais enfant. Aujourd'hui de tout ce que j'ai pu connaître l'espoir me paraît abstrait et superficiel. Qui pourrait parler d'espoir quand sa vie ne rime plus qu'avec les...