- Je te raccompagne ? J'ai ma voiture garée pas loin et je comptai rentrer de toute façon.
- Je...Je veux bien, merci.
Le blondinet se leva rapidement et enfila sa veste bleu marine avant de poser doucement sa main dans le bas de mon dos pour m'inciter à avancer vers la sortie du bar.
Nous saluâmes les autres et sortîmes du bar. L'air s'était nettement rafraichi et à cette heure du soir je n'étais pas vraiment rassurée. Mais heureusement la main de Léandre dans mon dos m'aidait à me détendre. Je soufflai un peu, mon corps se crispant par le froid.
J'aurais dû me douter de ce qui allait se passer juste après cette simple réaction...
En effet, Léandre entoura son bras autour de mes épaules comme si de rien était et je ne pus m'empêcher de me dire à quel point il était rassurant de l'avoir auprès de moi, à quel point il m'avait manqué. Nous avons continué à marcher ainsi pendant un certain moment du moins jusqu'à ce que nous arrivions à la voiture.
- Une Audi, carrément ? je fis remarquer à mon ancien amant en posant mes yeux sur le véhicule gris qui me faisait face.
Un sourire complice étira ses lèvres tandis qu'il m'invita à prendre place dans la voiture. Je dois avouer qu'elle est plus confortable que je ne le pensais. Mais après tout vu le prix qu'elle a dû couter c'est la moindre des choses.
Non mais écoutez-moi...Qui suis-je pour juger ?
Je baissai la tête comme si j'avais dit ces derniers mots à hautes voix. Ce qui n'était évidemment pas le cas et heureusement. Je n'ai pas ce que l'on pourrait appeler un fort caractère. Je ne suis pas pour autant timide. A ça non, plus jamais ! Je l'ai trop été dans mon enfance et j'en ai trop souffert pour retenter l'expérience. Ça été long et dure mais je suis fière de celle que je suis devenue.
Je laissai Léandre démarrer la voiture et sortir de sa place de parking avant de lui dire.
- 624 Ashbury Street. C'est là que j'habite.
Le blond se gratta la gorge tandis qu'un rictus légèrement moqueur commençait à étirer ses lèvres.
- Quoi ? je lui demandai légèrement vexée par sa réaction.
- Rien, se contenta-t-il de répondre. C'est juste que t'habites pas dans le quartier le plus dégueulasse de la ville.
- Tu conduis une Audi et tu es le directeur du siège de Berkshire Hathaway à San Francisco ! je lui fis remarquer. Ma maison était une épave avant que mon frère et moi ne la retapions. Et puis ce n'est pas un quartier aussi chic que tu le laisses entendre, c'est juste un quartier avec les vieilles maisons de la ville.
Léandre se contenta de secouer la tête roulant sous les lumières de la ville de plus en plus éclairée par la venue des beaux jours.
Le trajet relativement court se fit en silence. Nous ne ressentions pas le besoin de parler. Comme quand nous étions au lycée. Je jetai un œil vers Léandre qui restait concentré sur la route. Ses yeux noisettes sont bien plus pétillants que quand nous étions au lycée. Son visage s'était affirmé lui aussi, sa mâchoire était devenue plus carré et ses cheveux disciplinés. Je préférais mille fois quand ses cheveux étaient en bataille et qu'il me dévisageait le regard plein d'espoir en notre avenir quand nous nous réveillions l'un à côté de l'autre. Un regard plein d'espoir et de promesses. Un regard qui avait l'air de dire ''je ne te quitterais jamais''. Et pourtant...
La voiture s'arrêta juste devant chez moi. Et là...Vide total. Qu'est-ce que j'étais censée faire au juste ? Lui proposer de monter ou simplement le remercier pour m'avoir raccompagnée ? En réalité c'était la première fois que je ne savais pas comment m'y prendre avec lui. C'était...Perturbant.
Je pris mon courage à deux mains et lui demandai.
- Tu veux monter prendre un café ?
Quoi ? Mais qu'est-ce que je raconte ? C'est pas du tout ce que je voulais dire ! Et puis prendre un café ? Sérieux Erika, tu crois duper qui comme ça avec ton café à minuit passé !
Bon faite qu'il dise non, faite qu'il dise non !
- C'est très gentil de ta part mais, commença-t-il.
Yes, y a un ''mais'' ! je criai victorieuse mentalement.
- On s'est très bien tous les deux comment ça va finir si je monte, finit Léandre un sourire contrarié au coin des lèvres. J'ai passé une excellente soirée avec toi, Erika. Par contre que dirais-tu d'aller prendre un vrai café dans la semaine prochaine ?
J'aime bien le ''un vrai café'', ricana ma conscience.
- Ça aurait été avec plaisir mais je n'ai pas beaucoup de temps pendant mes pauses et mon jour de congé n'est que le jeudi... je finis par répondre moi-même déçue.
- Alors un resto indien ! Je sais à quel point tu raffoles du poulet au curry sur la Jones Street. Je t'invite ! Lundi soir soit prête pour 20h.
- Avec plaisir ! je souris.
Sans plus attendre, je sortis de la voiture et fis un geste de la main à Léandre avant qu'il ne parte m'adressant un clin d'œil complice.
Je le regardai s'éloigner les semelles de mes chaussures plantées sur le trottoir. Le bruit du moteur retentit dans la rue pendant encore quelques secondes.
Je finis pas rentrer, enlevant l'élastique qui tenait mes cheveux. Ma chevelure châtain s'éparpilla sur mes épaules simulant plusieurs vagues désordonnées. Je fermai à clé ma porte, jetant un œil au meuble dans mon entrée. La pile de courrier que j'avais récupéré ce matin était toujours là notamment la lettre en provenance de Chicago de mon frère.
Je l'attrapai au passage montant les deux étages de ma maison. Une fois arrivée en haut, je m'écrasai sur mon lit inspectant la lettre de Darren. Pourtant mon esprit était ailleurs. Il pensait au rendez-vous de lundi. Ça faisait si longtemps que je n'avais pas mangé en tête à tête avec un homme. Mes anciens petits amis préféraient souvent prendre un verre dans un bar puis m'emmener danser toute la nuit alors que Léandre lui a toujours cherché à me charmer.
Je pris une grande inspiration et balayai d'un revers de la main mon passé avec Léandre. J'aurais tout le temps d'y penser un autre jour. Par exemple lundi soir vers 19h54 quand je serais en train de finir de me préparer devant mon miroir !
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Wild Fire
AdventureNe jamais perdre espoir. C'est ce que m'a toujours appris ma mère depuis que j'étais enfant. Aujourd'hui de tout ce que j'ai pu connaître l'espoir me paraît abstrait et superficiel. Qui pourrait parler d'espoir quand sa vie ne rime plus qu'avec les...