IX-Un mal pour un bien.

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Je suis fatiguée. Fatiguée physiquement, mentalement, psychologiquement. J'ai été humiliée, abusée, délaissée. Je n'ai plus goût à la vie. Surtout après ce que Gregoire à mit sur les réseaux sociaux. Tu te souviens de la vidéo qu'il avait prise de moi? Et tu te souviens de celle où je tombe (je me rétame la gueule serait plus approprié) ? 

Et bien, oui, c'est bien ce que tu crois. Il l'a posté. En fait, il a même fait un petit montage pour que ce soit bien drôle, bien risible et surtout pour que ça buzz. Et évidemment, on sait que c'est moi. C'est en tendance depuis plusieurs jours, je reçois plein de messages, des moqueries, des insultes, des menaces et toutes sortes de commentaires (comme des photos de bites mais ça c'est autre chose). Avec ça mon mal-être restera bien longtemps ! Donc je n'utilise plus mon portable. Il est éteint et rangé dans un placard fermé à clef que j'ai elle-même rangé dans un endroit que je pourrais facilement oublié. Je n'ai plus besoin de mon téléphone puisque je n'ai pas d'ami et plus de famille. C'était un objet de torture psychologique et c'est tout. Le problème c'est que les gens du lycée me "parlent" de choses que je ne sais pas à mon sujet et comme je ne comprend ils en rigolent encore plus. Ils jouent de moi.

Je vais encore en cours. Je suis seule tout la journée, je subis les critiques. Je croise mais anciens amis, ils ont pitié de moi mais ne font rien (sinon ils seraient impliqués et c'est trop pour eux !). Je croise Greg et sa bande, ils rient en me voyant, ils se moquent mais pas Gregoire, je lui fais pitié.

À mes profs aussi, je leur fais pitié. Ils savent très bien ce qu'il se passe pourtant ils ne font rien, ce n'est pas leurs affaires. Je les comprends, aider son élève en détresse car il est harcelé, c'est trop compliqué et pas du tout leur job. Ils préfèrent me laisser crever. Ils pensent peut-être que leur petit sourire "je sais tout, je suis désolé et je compatis" m'aide dans ce combat mais c'est totalement faux. Ils pensent peut-être que je peux me débrouiller seule, mais c'est faux. D'ailleurs, même s'ils intervenaient ça ne servirait à rien puisque la france entière me harcèle.
Je n'ai plus rien à faire sur cette terre. Ma sœur et mon frère sont au courant, ils ne font rien non plus. Pour eux, ça va passer tout seul, il n'y a rien de grave. Ils voient seulement la vidéo en tant que divertissement qui ne fais pas de mal, ils ne voient pas ce qu'il y a derrière, le harcèlement et les moqueries. Je souffre et personne n'y prête attention.

Pour survivre dans cette enfer, j'ai adopté une sorte d'habitude. Elle a commencé il y a un mois.

[[ Ça faisait deux semaines que la vidéo était en tendance, que tout le monde se moquait de moi. Ça faisait deux semaines que j'étais harcelée. Je rentrais chez moi comme tous les vendredis, j'avais passé la journée à me morfondre au fond de la classe. Personne ne m'avait adressé la parole pas même les profs. Je m'étais ramassé un 6 en physique et un 2 en maths. Et on m'avait rien dit. J'étais seule chez moi. Il étais 16h30. J'avais tellement mal. Il fallait que je fasse quelque chose.

Je me dirigeai vers la salle, entra et ferma la porte à double tour. Je m'appuyai  sur le bord du lavabo et je me regardai dans le miroir. J'avais honte d'en être arrivée là. Je pleurai de toutes les larmes de mon corps. Je ne pouvais même plus me regarder.

Je m'assis adossé au placard à côté. Mes larmes séchées, je me retournai et fouilla dans les tiroirs espérant trouver ce que je cherchais. Au fin fond du dernier tiroir, je trouvai, deux petites lames de rasoir. J'ouvris le paquet dans lesquelles elles étaient emballées. J'en pris une dans ma main. Je l'observai quelques instants pour être sûre qu'elle coupait bien. Je retroussa mes manches pour dégager mes poignets. Je me mis en position. Je restai plusieurs minutes comme ça me posant trois milliards de questions, ayant peur.

Je ferma les yeux et pris une grande respiration. Je posai la lame sur mon poignet gauche et coupai ma peau de la longueur du poignet. Je vis le sang couler sur toute ma main, mon haut et sur le sol. J'oubliai ma souffrance intérieure. Je passa la lame à l'autre main et m'ouvris le poignet droite. Le sang s'échappa aussi de la coupure.

Je ne bougeai plus, je laissa le mal de mon poignet m'emparer. Puis, je me relevai, enlevai mon haut et mis mes deux bras sous l'eau froide. Quelques larmes s'échappèrent des mes yeux mais je ne ressentais plus rien. Ensuite, j'attrapai une boîte de pansements et en appliqua un sur chaque blessure. Je trempai mon tee-shirt sous le jet d'eau et essuya le sol en sang avec. Je l'essorai dans le lavabo et le laissa dans l'eau.

Je retournai dans ma chambre entendant la porte d'entrée claquer. Je m'allongeai sur mon lit, repensant à ma mutilation. Jamais je n'aurais pensé faire ça avant. Il faut croire que la vie change rapidement et trop facilement. Je repensais aussi au bien que cela m'a procuré. Et sans que j'en m'en rende compte, c'était devenu une habitude et une nécessité. ]]

Ça fait un mois et mes bras sont pleins de cicatrices. Je ne fais même pas l'effort de les cacher. De toutes façons, personne ne me remarque. Que je sois là ou pas, il n'y a pas de différence. Ce rituel me permet de me sentir vivante, je n'ai que ça.

La nuit, je ne dors pas. Je plonge dans mes idées noires. Plus les jours passe et plus je descends en enfer. Je ne souris plus, je ne parle plus, je ne danse plus, je ne travaille plus (comme si j'avais déjà travaillé avant mdr). J'ai des immenses cernes, je ne savais pas qu'il était possible d'en avoir d'aussi grandes. J'ai le teint pâle avec des yeux rouges et des cheveux gras. J'ai beaucoup maigri. Mon physique m'a aussi lâché, je n'ai plus de force.

Hier soir, j'ai contacté Clo. Je me suis dit qu'elle pourrait m'aider, elle. Quand elle était jeune, elle a été victime d'harcèlement scolaire, elle saura quoi faire. Elle ne m'a jamais répondu. En temps normal, elle réponds dans la seconde qui suit. Je l'ai appelé quatre fois, rien.

Ma meilleure amie, ma seule amie m'a aussi laissé tomber au moment où j'avais le plus besoin d'elle. Elle a du en avoir marre de moi, de mes plaintes, de mes malheurs, de mes problèmes. C'est sûrement par ma faute que j'ai perdu ma meilleure amie. Je ne sais plus quoi faire. Du moins, il me reste qu'une dernière solution. L'ultime solution qui mettrait fin à tous mes problèmes. L'ultime solution qui libérerait mon entourage de ma présence. L'ultime solution qui me soulagerait à tout jamais de ma souffrances.

Demain, dimanche, je la met en pratique.

Comment Réussir Sa VieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant