[[ Le Dimanche après midi, c'est la promenade. Bien évidemment, ce dimanche-ci, Ali ne les avait pas suivi. Elle avait un autre projet en tête. Un autre projet qu'elle avait décidé et prévu seule. Elle avait attendu qu'ils partent pour commencer. S'ils n'étaient pas partis, rien ne serait arrivé. Ils aurait pu évité bien des choses mais ce n'était pas le cas.
Elle était seule chez elle, comme souvent. Elle resta près d'une demie-heure à loucher sur son portable qu'elle avait rallumer avec espoir, à attendre quelqu'un qui pourrait la sauver, à attendre la personne qui changerait sa vie. Malheureusement, elle n'est jamais arrivé.
Elle se leva donc et rangea parfaitement sa chambre. Elle voulait que tout soit parfait. Elle aperçut sa guitare, et joua son morceau préféré Mad World de Gary Jules. Puis, la laissa sur son canapé. Elle prit son portable et appela sa mère puis son père. Aucune réponse. Elle essaya Clotilde, rien non plus. Son téléphone se retrouva alors près de son instrument. Elle alla à son bureau, lui aussi rangé, et écrivit une lettre, une magnifique lettre qu'elle adressa à toutes les personnes qui l'avaient connu. Elle plaça cette lettre dans une enveloppe et la mit en évidence. Ensuite, elle examina la pièce et vérifia si tout était en place. Satisfaite, elle sortit.
Elle se dirigea dans la salle de bain et cette fois ne ferma pas la porte. Elle voulait qu'on la retrouve. Ali attrapa les lames qu'elle avait achetées la veille, elle étaient plus grandes et mieux aiguisées. Elle n'avait plus de sentiments, d'émotions, toute la peur et la douleur qu'elle ressentait auparavant n'était plus. Elle repassa sa vie dans sa tête. Elle n'arrivait même plus à pleurer, à croire qu'elle n'avait plus de larmes dans son corps.
Le jeune fille s'assit contre la baignoire, retroussa ses manches et retira son coulant. Elle repensa une dernière à sa famille. Elle imagina ce qu'il allait se passer, elle imagina chaque réaction. Elle espérait se dissuader, mais elle échoua.
Elle prit une grande respiration, il manquait quelque chose. La petite blonde alla dans le salon et alluma la station radio classique. La marche funèbre était jouée. Elle écouta quelques instants puis retourna dans la salle de bain. Elle savait ce qui lui restait à faire.
Elle se remit en position, lame à la main. Elle entailla ses cuisses en premier. Ses jambes recouvertes de sang rouge foncé lui faisait un mal terrible. Le sol carrelé ne tarda pas lui aussi à être rouge. Ensuite, avec le peu de forces qui lui restaient, Aliénor s'attaqua aux veines de ses poignets. Quelques secondes plus tard, elle perdit connaissance.
Ses parents arrivèrent juste à temps. Les secours débarquèrent peu de temps après. La panique était à bord. Allait-on réussir à la sauver ? Était-il trop tard ?
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Cela fait maintenant une semaine, qu'elle est dans ce lit d'hôpital, des bandages sur chaque membres et vivante. Elle a refusé toutes les visites. Elle ne parle pas. Elle n'écoute pas. Un psychologue vient la voir tous les jours pour l'aider et parler de sa tentative de suicide, il n'y a rien à faire. Clotilde est aussi passé lui rendre visite, la blonde ne l'a même pas jeté un regard. Sa mère est dépitée, elle est restée à son chevet les trois premiers jours sans dormir, sans rien dire. Elle espérait que ce soit Aliénor qui lui adresse une parole ou même un signe de tête, mais rien. Son mari l'a forcée à rentrer pour pas qu'elle ne devienne folle. Personne ne sait quoi faire. ]]
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Je suis bonne à rien, nulle. Je n'arrive même pas à mettre fin à mes jours. On m'a sauvé pile à temps. Pourquoi ils m'ont pas laissée crever ? Ça aurait été plus simple pour tout le monde. Je ne veux voir personne. Je ne veux parler à personne. Simplement parce que je ne sais quoi dire. Je ne peux pas sourire puisque je leur en veux de m'avoir sauvé la vie. Je ne peux rien dire au psy, je n'y arrive pas. C'est plus fort que moi, c'est trop dur.
Quand Clo est venue, je n'ai pas eu le courage de la regarder. Je m'en veux de lui avoir fait du mal. Je ne pouvait pas la voir s'effondrer en pleurs à cause de moi. Comme maman, elle était là pendant trois jours et trois nuits. Elle pleurait. Elle était désespérée. Je ne pouvait pas consoler.
J'ai aussi reçu des cadeaux. Des cadeaux de ma classe, de mes amis, de mes profs, de toutes ma famille. Ils m'ont tous envoyé des mots d'encouragement, des mots doux qui réchauffent le coeur en temps normal. Là, je ne voyais que de l'hypocrisie. Il a fallut que je sois entre la vie et la mort pour que j'existe à leur yeux. Pourquoi ils ne m'ont pas donné ces intentions avant ? Pour eux je n'allais pas mal ? Ça me dégoute, je ne veux plus jamais les revoir.
Malheureusement, la semaine prochaine je rentre chez moi. Mes parents ne vont plus me lâcher, je ne pourrais plus rien faire sans qu'ils s'inquiètent. Eux aussi, d'ailleurs, il a fallut que je passe entre la vie et la mort pour que je les intéressent. Pourquoi je suis toujours là ? POURQUOI ??
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Je vais mieux, je ne pensais pas dire ça un jour mais c'est vrai. J'ai repris des forces, je parle un peu (pas à tout le monde non plus). Je regarde la télé tranquillement, quand quelqu'un vient encore me déranger. Je fait pas attention, de toutes façons c'est une infirmière qui contrôle comme d'hab'. Mais une voix rauque se fait entendre..
« Heu...Salut...»
Je tourne la tête, étonnée et je vois quelqu'un que je n'avais pas vu depuis très longtemps. La pire personne qui aurait pu venir me voir ici. Bien sûr, je parle bien de Greg.
Je ne dis rien, je le fixe. Qu'est ce qu'il fout là ? Il s'avance un peu, tout timide. Il est droit comme un pic et ne sait pas ou se mettre.
« Qu'est ce que tu fout là ? J'ai jamais demandé à te voir. Alors dégage maintenant.»
Il baisse la tête et joue avec ses doigts. Il dit doucement.
« Je suis désolé, Ali. Je...je... je sais même pas ce que je fais ici. J'avais le pressentiment qu'il fallait que je vienne à l'hôpital et je n'avais pas de raison particulière. Personne ne m'a prévenu que tu étais ici. Je ne savais pas que tu... tu... voilà quoi...»
Je le fixe toujours. Comment il fait pour toujours être beau ? Il s'avance encore. Il a des yeux compatissant. Il a pitié de moi. Je ne supporte pas.
« -Eh bien, maintenant tu sais. Tu peux partir. Je n'ai pas une envie folle de te parler.
- Sache juste que je regrette tout ce que je t'ai fait. J'ai supprimé la vidéo. J'ai changé de potes. J'ai changé. Je ne parle plus à Enora.
- Ah c'est bien ça.
-Oui, j'ai fait ça pour toi, Ali.
-Mais c'est trop tard. Beaucoup trop tard. Je me retrouve ici en partie à cause de toi.
-J'ai compris beaucoup de choses. Je suis vraiment désolé pour tout.
- Ça suffit pas en fait, il fallait comprendre bien avant. Là ça sert à rien.
-Tu m'en veux beaucoup ?
-Oui, je t'en veux. Mais pas pour ce que tu as fait.
-Pour quoi alors ?
Je marque une pause. Je souffle en baissant les yeux.
- Pour ce que tu n'a pas fait. »
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Comment Réussir Sa Vie
Fiksi RemajaJe vais vous racontez comment ma vie a changé ou du moins comment j'ai réussi a changé ma vie.