9 Jours Avant

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Une heure du matin. Et impossible de fermer l'œil, même après avoir sifflé une bouteille de vin.

Le Dr lombard, a essayé de me joindre tout l'après midi, me laissant de multiple messages vocaux, afin de me convaincre de retourner le voir. Je n'ai pas répondu. Et ne le ferai pas.

Tout va si vite dans ma tête. Comment, en une fraction de seconde, ma vie a-t-elle pu basculer à ce point ?

Depuis, mon entretien avec le docteur lombard, pas une seule larme n'a coulée. Non pas que j'ai envie de pleurer, mais n'est-ce pas ce que nous sommes censé faire, dans ce genre de situation ? Ne devrai-je pas être effondrée ? Au lieu de cela, je me sens simplement vide, comme anesthésié.

Je suis à bout de forces, je ne me sens pas de taille à mener une nouvelle bataille. Je suis juste fatiguée, fatiguée de toujours devoir me battre. Mon corps a été assez meurtri comme ça. Quant à mon esprit, cela fait bien longtemps qu'il a été réduit au silence.Je suis déjà morte. Je suis morte ce soir-là, le soir ou cet homme qui me faisait si peur, est entrée dans ma chambre.

Je décide finalement, de prendre un somnifère. Le mélange avec le vin permet un effet immédiat, et je m'endors rapidement. Cette nuit, et ce depuis longtemps, mon sommeil fût de nouveau agité.

*

-June, mon dieu, tu as une tête affreuse !

Laura à insister, pour que je la rejoigne elle et Vladimir chez Laurette. Très sincèrement, j'étais en bien meilleure compagnie avec mes morts.

Je lui lance un regard glacial.

-Si tu n'es pas contente, je me tire.

-Oulala​ sale nuit on dirait ? Me lance à son tour Vladimir.

Quand ce n'est pas l'un, c'est l'autre qui me gonfle.

-Trop bu... Grognais-je.

Et ça, c'est vrai, toute la journée j'ai eu des relents d'alcool, me flanquant la gerbe. Heureusement Jino m'a foutu la paix, car au vu du mal de crâne que je me coltine en prime, si j'avais eu à supporter ses gueulantes, je pense que mon cerveau aurais fini totalement en bouillie.

- Tu devrais lever le pied sur l'alcool.

- Vladimir a raison.

- Si j'avais sus, que c'était une réunion des alcooliques anonymes, je ne serais pas venue!

- Je dis ça pour toi c'est ta santé... D'ailleurs tu es allée voir le médecin ?

- Ouais répond-je sans enthousiasme.

- Alors qu'est ce qu'il a dit ?

Laura attend que je daigne réponde.

- Pas grand chose.... Histoire de cartilage tendons et tout le bordel...mais on s'en fou.

Très jeune, j'ai apprise que le mensonge était une manière d'enjoliver la réalité. Et les gens préfèrent, faire face à un doux mensonge qu'à une amère vérité. Cela leur évites de faire face à la cruauté de la vie.

- Il t'a donné quoi comme traitement ?

Je vois clair dans le jeu de Vladimir. Il ne me croit pas et tente de me mettre en porte-à-faux.

- klipal codéine 600mg.... Autre chose peut être ?

Nous ne jouons pas dans la même catégorie, mes mensonges sont toujours élaborés en avance.

- Non, non. Mais pourquoi es-tu autant sur la défensive ? On s'inquiète pour toi June, c'est tout.

- Peut être parce que vous ne me faites pas confiance, c'est bon, je vous aie dit que j'étais allé voir ce putain de médecin, et vous, vous me faites passer un interrogatoire rempli de suspicions douteuses !!!

- Calme toi June, sérieux la, tu pètes les plombs.

- Surtout, que tu n'es pas en droit de réagir comme ça, c'est toi qui nous prends pour des cons, et nous mènes en bateau depuis un bon moment. Je veux bien être patiente avec toi, mais la, tu dépasses les bornes. Nous n'avons pas mérités cette réaction. Car excuse moi de te le dire ma belle, mais c'est ce que font les amis, ils s'intéressent à leurs potes....

- Tu devrais essayer de temps en temps çà changerai un peu, surenchéri Vladimir.

C'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase. J'éclate.

- Bande de sales hypocrites de merde, que vous êtes. Ma vie vous intéresse, car vous savez qu'elle est bien plus chaotique que la vôtre....Cela vous confortes en vous disant que finalement, la paaauuuvre June a une existante bien plus pourri, que vous deux réunis.

Vladimir s'offusque.

- Comment oses-tu dire ça ?! Jamais nous ne t'avons jugé, chacun à son lot de merde et je suis bien placé pour en parler !

Un rire venimeux m'échappe.

- À oui... c'est vrai, que monsieur a de gros soucis dans la vie "je me suis encore fait larguer" "il vaut mieux que je me tape Marc ou Jules ?" oh mon dieu, quel problème existentiel, en effet. Si tes histoires de cul sont ton plus gros souci alors je veux bien prendre ta place.

Derrière moi, une bonne femme d'une soixantaine d'années dînant avec ce qui semble visiblement être ses enfants se met à pestiférer

-c'est quoi ton problème ?

Plus agressive, tu meurs

-Vous devriez tempérer votre langage.

-Qu'est-ce qu'y à ?! c'est le mot cul qui te dérange ?! On me l'a fait pas à moi, vu le nombre de gosses que tu as autour de toi, tu n'as pas dû sucer que des glaçons !

Vladimir, fait signe à la tablée de ne pas surenchérir et de la mettre en veilleuse.

-Assis toi June...Ce que veux dire Vladimir, c'est juste que... chaque personne est différentes. Et que chacun, vie les choses à sa façon. Peut être pour toi, ses problèmes sont insignifiant, mais que pour lui son comme une montagne à escalader. Comme toi, tes problèmes, peut être les vivras tu comme un drame terrible... alors, que si ça se trouve, ils sont insignifiants pour le reste du monde. En fonctions des armes que l'on a, nous pouvons les surmonter ou pas ... Tu comprends ?

Et là, je ne sais pas pourquoi, mais c'est à ce moment précis, que l'armure que j'ai forgée à explosée, à la vue et au nez de tous.

Je bondis de ma chaise et me met à hurler à plein poumons.

-DIT MOI ! DIT MOI... QUI A SEPT ANS À LES ARMES POUR FAIRE FACE À UN HOMME BIEN PLUS FORT QUE SOIT QUI A DÉCIDÉ DE FAIRE DE TOI TOUT, ABSOLUMENT TOUT CE DONT IL A ENVIE !! Vas y dis moi !! Sans parler de ma GÉNITRICE qui m'a abandonnée de peur que je lui gâche la vie !!

Jamais auparavant je n'avais parlé de cet épisode de ma vie.

-ALORS, TES LEÇONS DE VIE À DEUX BALLES, TU PEUX TE LES CARRER BIEN PROFOND !!!

De rage, je pars sans demander mon reste. Au passage je bouscule une des serveuses, qui fait tomber l'intégralité du plateau dans un fracas assourdissant.

June Où les histoires vivent. Découvrez maintenant