14 Jours Avant

247 39 195
                                    

Putain que je déteste les gens. C'est comme ça je n'y peux rien.

Tout me débécte chez eux. L'être humain est maître dans l'art de l'hypocrisie et de la manipulation. Il n'y voit que son propre intérêt. Et à de rares occasions, se donne bonne conscience avec un acte de charité. Une petite pièce au clodo du coin de la rue, ou donner un vieux tas de vêtements dont-il ne sait que faire à une association caritative. Mais il ne trompent personne a part eux même et si ils pensent que cela leur permettra de faire pénitence de tout leur affres moraux ils se foutent le doigt dans l'œil bien profond.

Je suis du genre plutôt direct pas vraiment du genre à prendre des gants. Je pars du principe que si on nous pose une question c'est que l'on est prêt à entendre la réponse. Ce qui m'a valu, de souvent me retrouver dans de mauvaises postures car visiblement ce n'est pas la vision du reste du monde. J'ai assez vite compris que lorsque quelqu'un vous pose une question, il n'attend pas une vérité, mais il attend que vous répondiez ce qu'elle veut entendre l'ego préfère largement l'hypocrisie. L'être humain me surprendra toujours. Mais je m'en tape de l'orgueil mal placé de tout c'est connards lunatique, j'irai pas leur lécher le cul pour élever leur égo c'est pas mon genre. D'ailleurs Je crois même que la moitié de la ville me déteste en partie à cause de ça. Bon personne ose le dire clairement hypocrisie oblige et les faux semblant donnent tout de suite plus de prestance et une image qui correspond plus aux attentes de la norme sociétale. Mais surtout car ils savent tous qu'ils finiront entre mes mains quand ils auront rendus leur dernier souffle. Donc en bons petits lèche cul ils me saluent font semblant de s'intéresser a ma vie avec des banalités pour savoir comment je me porte et si tout va pour le mieux sans oublier le petit " hésite surtout pas si tu as besoin tu sais où me trouver" alors que nous savons parfait que c'est typiquement le genre de phrase que l'on dit sans en penser un traître mots en aillant espoir d'ailleurs de ne jamais avoir a la mettre en application, de plus je ne me rabaisserai pas a dépendre de qui que ce soit c'est souvent le début des emmerdes, trop peu pour moi.

Je travaille aux pompes funèbres de cette misérable petite ville, d'où le fait qu'il finiront tous entre mes mains comme je disais. C'est assez drôle quand on y pense je vous laisse capter l'ironie de la chose. J'aime mon métier de thanatopracteur.
Je crois que c'est même la seule chose que j'ai jamais aimée. C'est dans la mort que l'on voit le vrai visage des gens. Ils ne peuvent plus sourire pour masquer leurs véritables émotions. Les traits qu'ils portent le jour de leur mort sont le reflet de ce qu'ils sont  réellement, par ce biais leur nature profonde ce révèle. Le masque gracieux de la tromperie laisse place à celui de la vérité suprême, brute sans artifices et sans mensonge. La bouche affaissée par la colère, des cernes creusées par des flots de larmes versées une fois seul à l'abri des regards juges et des joues creusées par des nuits d'angoisse. La mort ne ment jamais et tient toujours ses promesses. C'est un peu le destin qui m'a doucement guidée vers cette voie, mais il n'y a jamais de hasard dans la vie, j'avais environ quinze ans, je devais effectuer un stage en entreprise, mais après plusieurs refus de différentes entreprises car vraisemblablement mon problème de communication trop direct était un obstacle au bon déroulement du dit stage. Ma proviseur, m'avait de ce fait convoquée pour faire le point sur ce qu'elle proclamait être un problème et lors de notre échange assez sommaire car je reconnais ne pas m'être sentie totalement concernée par la problématique de la situation, elle a sorti cette phrase " a part les morts je vois pas qui pourrait supporter votre comportement " qui a fait sens en moi. C'était une évidence les gens n'arrivait pas a s'adapter a moi et moi je n'arrivais pas a m'adapter aux gens alors quoi de mieux que de les côtoyer morts si de leur vivant ils m'étaient insupportables.
J'ai donc effectué mon stage au cimetière de la ville, et c'est là que j'ai rencontré cet homme bourrus qui deviendra mon patron quelques années plus tard.

June Où les histoires vivent. Découvrez maintenant