5 jours Avant

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Cela fait, quatre jours que je n'ai pas donné signe de vie à Laura et Vladimir. Malgré leurs incalculables messages d'excuses.

 Je n'ai tout simplement pas envie de leur faire face. Pas après ce qu'il s'est passé. Car je sais pertinemment, qu'ils ne me regarderont plus jamais de la même manière qu'avant. Avant que je ne leur dévoile, toute l'horreur de mon passé. Enfin presque tout. Ils ignorent, que mon corps est meurtri par d'innombrables cicatrices. Elles recouvrent mes bras, mes jambes et une partie de mon ventre. Après chaque visite nocturne de mon bourreau, je partais à la salle de bain, pour me laver de la sensation abjecte de cet homme et en effacer toutes traces. Je prenais ensuite le rasoir posé sur le rebord de la baignoire, retirais la lame délicatement et avec un geste lent, venais me découper la chaire. La douleur vive que me procurait ce geste, me faisait oublier l'espace d'un instant, la douleur des pénétrations violentes subi quelques instants plus tôt. Et dans ma tête de fillette, je me disais que plus je serrais abîmé, moins il aura envie de me faire toutes ces choses répugnantes. Mais je me trompais, durant une année entière trois fois par semaine ce même rituel rythmait ma vie et d'une enfant pleine de vie, je devin une enfant pleine de haine, qui ne souriait plus du tout.

Je n'ai pas la force d'affronter une nouvelle fois des regards de pitié. Je les ai supportés toute mon enfance, ce fut malheureusement le seul sentiment constant que je provoquais autour de moi. En effet, lorsque les services sociaux ce sont rendus compte des sévices reçus, l'affaire fut portée devant un tribunal. Il fut condamné et moi re-placée. Mais tout le monde offraient leur pitié devant "la pauvre petite fille" comme on m'avait surnommé, mais personne ne m'offrait l'amour qu'il me manquait tant.

La pitié, est le pire des sentiments que l'on peut inspirer aux autres. Elle n'a rien à voir avec l'amour. Elle en est même tout le contraire, et elle détruit tout autant celui qui la ressent, que celui qui l'inspire. 

Quatre jours, où je me suis plongée corps et âme dans le travail. A tel point, que moi même sens le formol, autant que les morts que je prépare pour leur ultime voyage.

Le formol, quel produit merveilleux. Avec lui, nous contrôlons le temps et ses dégâts. Injecter en grande quantité dans le système artériel, il rend alors le corps inaltérable pendant plusieurs semaines.

Si seulement, il pouvais couler dans mes veines. Peut-être que moi aussi, je ne subirait plus les dégradations de mon corps, que le temps accentue​ de jour en jour.
La maladie grandi. Je le sens. Elle est là. Elle ne me quitte pas. Elle me suit et me poursuit. Jusque dans mes rêves les plus intimes. Je ressent sa présence et ses effets. Les douleurs sont de plus en plus présentes. Me créant par moment de vives nausées.

La vie me tue et la mort me fait sentir vivante, par le biais de toutes les sensations qu'elle m'afflige.

À présent je sais. Je sais, qu'elle a déjà gagné la guerre. Je dépose les armes. Je refuse de me battre. A quoi bon de toute façons...

June Où les histoires vivent. Découvrez maintenant