June

Jour 1

Nous connaissons tous cette chanson:

"sur le pont d'Avignon on y danse on y danse sur le pont d'Avignon on y danse tous en rond."

Malgré qu'elle ne figure pas dans le top cinq, de mes chansons préférées. Et pour une raison encore inconnue, je n'ai eu de cesse de l'avoir en tête toute la matinée. Me la répétant en boucle, comme un mantra.

J'ai du mal, à me souvenir la dernière fois où je me suis sentie aussi bien alors je savoure l'instant. Je me sens comme soulagée d'un poids.

Durant mon adolescence j'avais essayé en vain, de retrouver ma mère biologique, afin d'obtenir quelques explications.

Mais par où commencer. Je n'avais aucun indice, aucun nom, aucun lieu, rien. La seule chose dont je disposais, été ma date et le nom de l'hôpital de ma naissance. Mais, je me suis vite confrontée à un mur et toutes les portes se sont fermées devant moi. Secret professionnel oblige.

Je me suis donc résignée à vivre avec ce voile noir, recouvrant une partie de moi. Et aujourd'hui, enfin un espoir d'y faire parvenir, ne serait-ce qu'un brin de lumière pour en éclairer l'obscurité et voir ce qui se cache dessous, me redonne du baume au cœur.

Je finis donc mes valises et imprime le plan de la ville d'Avignon que je glisse dans ma poche.

Je ferme la porte à clé, descends les escaliers quatre à quatre, en profite pour filer un grand coup de pied à ce putain de chat, qui doit en être au moins à sa vingtième tentative de meurtre à mon égard.

Mais devant la porte d'entrée de l'immeuble je tombe nez à nez avec Madame Morey.

-Tien June ! Vous partez ?

Elle cache même pas sa joie la vieille bique.

- Non, non je vais juste promener ma valise, elle avait envie de prendre l'air.

- j'aime pas votre sarcasme, chère demoiselle !

- Et moi j'aime pas ta gueule, c'est comme ça, il y a des choses qu'on maîtrise pas.

Voilà qu'elle me fait sa tête de cul pincé. Vous connaissez l'expression avoir un balai dans le cul ? Elle en est l'exemple parfait, mais elle a sûrement des graviers multicolore de chez Leroy Merlin en plus du balai.

- sinon, vous partez combien de temps ?

- Aucune idée, un certain temps...

Lui lançais-je en reprenant ma route.

- Ne vous pressez pas ! ça manquera à personne vos saute d'humeur et votre musique de fou !

Elle va vite déchanter, d'ici quelques jours, quand elle va se rendre compte que régulièrement, c'est-à-dire 9h du matin et 23h00, la fameuse musique de fou va résonner dans tous l'immeuble. J'ai pris soin de programmer la chaîne hi-fi avant mon départ. Ben oui, j'allais pas partir comme ça, il fallait bien que je continue à faire chier mon monde, il ne faudrait pas qu'ils m'oublient trop vite non plus.