Jour J (partie 3)

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-Tu as vu un fantôme ?

je sursaute en entendant la voix de Jino. J'étais tellement obnubilée par Lise, que je ne l'ai pas vu, ni entendu, descendre les escaliers.

-Non... Euh... Je... Désolée je suis épuisée.

Nerveusement je recouvre le corps avec le drap.

- Tu es sûr que tu vas bien June ? Tu es vraiment bizarre en ce moment je trouve

Une nouvelle bouffée d'angoisse, monte en moi lorsque Jino s'approche du corps. Une partie de moi aimerait tout lui expliquer de ma découverte, mais une autre a peur des conséquences que cela pourrait avoir. C'est alors que je décide de dire la première chose qui me vient l'esprit.

-Je suis malade...

- Prends un cachet, va voir le médecin, fait quelque chose, car...

-Jino, je suis vraiment malade.

Je ne sais même pas pourquoi je lui dis ça.
Il reste stoïque en attendant de recevoir la balle que je m'apprête à tirer sur le ton le plus monocorde qu'il soit.

-J'ai un cancer. Enfin plus précisément un glioblastome de stade 4... et selon les médecins il me reste plus ou moins 8 mois.

Jino s'avance vers le bureau, prend la chaise et se laisse tomber dans un bruit sourd. Il passe la main sur son visage, lorsqu'il la retire celui-ci a blêmi.

-June, si c'est encore une de tes mauvaises blagues...

Je me lève et par fouiller dans mon sac, où j'en sors un papier détaillant les résultats médicaux, que le docteur Cohen m'avait remis un peu plus tôt dans la matinée et le lui donne.
Jino, détails chaque ligne, chaque mot, avec la plus grande attention, peut-être espère-t-il y déceler une erreur, qui remettrait en cause le pronostic peu joyeux.

- Depuis quand le sais-tu ?

- Quelques jours, mais pour les détails, seulement depuis ce matin.

- C'était donc pour ça tout les retards de ces derniers temps ?

- Oui en effet

Il se frotte la moustache, il fait toujours ça quand il ne trouve pas de solution, à un problème qui lui est imposé.

- Pourquoi ne m'as-tu rien dit ?

- Je ne voulais pas t'emmerder avec ça.

Il se met à crier. Pendant l'espace d'un instant, je me sens comme une enfant devant son père qui la dispute, suite à une grosse bêtise.

- Mais bordel June ! m'emmerder avec ça ? Tu n'es pas sérieuse là ? Tu m'emmerdes quand tu as un rhume, ou bien quand tu n'as pas chier le matin, mais là ce n'est pas de merde dont-on parle, c'est un putain de cancer !

- Je sais, mais ça pue quand même..

Ma phrase aura eu au moins le mérite de lui arracher un minuscule sourire.

-Jino, je peux te demander quelque chose ?

- oui bien sûr, je t'écoute..

- Pourrais-tu garder cette conversation pour toi ? je ne tiens pas à ce que, qui que ce soit, sache pour mon cancer.

- Et tes amis ? tu vas leur dire au moins ?

Je lui fais signe que non de la tête.

-Si je peux me permettre June, tu devrais tout leur annoncer. Tu sais, tu pourras avoir besoin d'eux dans les moments les plus difficiles et à part eux, tu n'as personne d'autre.

June Où les histoires vivent. Découvrez maintenant