13 Jours Avant

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Y a des jours comme ça, où je sais, avant même de sortir de mon lit, que la journée va être pourrie.

Aujourd'hui, ça n'a pas manqué.
Ma tête pleine de mousse, sous la douche, c'est le moment qu'à choisi, ce putain de chauffe-eau pour rendre l'âme.

Le chat du voisin, à bien failli avoir ma peau. Cette sale bestiole est passée entre mes jambes, alors que je descendais les escaliers. Un jour, je le jure, il finira empaillé par mes soins.

Ma voiture, une vieille Clio 1 à refusé de démarrer.

Et pour couronner le tout, Jino m'a demandé de le remplacer ce matin, à la boutique.

- Pour l'amour du ciel, June soit aimable pour une fois !

Ça fait bien vingt minutes, qu'il me fait son sketch habituel : "soit aimable" "souris" "les personnes sont en deuil, ils n'ont pas besoin de tes sarcasmes". Et bla bla bla et bla bla bla

Donc, juste pour le taquiner, mais surtout pour l'emmener, je lui lance un:

- C'est à tes risques et périls...

Et ça ne manque pas, il part au quart de tour.

-NE JOUE PAS AVEC MES NERFS ! Sinon...

-Sinon, tu me fous a la porte. merci, je suis déjà au courant.

Il fait les cent pas dans la boutique et allume un cigare.

-À ta place, je me bougerai, tu n'avais pas rendez vous à 10h ?

Il regarde sa montre. Après, avoir sorti un chapelet de jurons. Il me pointe avec son cigare fumant.

- Pas de connerie, June. C'est bien compris ?

Son intonation est menaçante.

-Ouais, c'est bon, j'ai compris, dis-je agacée.

Il passe la porte avant de réapparaître aussi tôt.

- C'est bon, je souris, regarde !

Je lui fais mon sourire, le plus faux-cul du monde.

Il grogne quelque chose, puis se tire enfin.

Je décide de faire un peu de rangement, le bureau de Jino est un vrai foutoir. Je me demande comment il arrive à s'y retrouver. J'en profite pour jeter un coup d'œil à certains dossiers. Surtout ceux des morts violentes, qui sont une forme d'art pour moi.

Finalement, la journée s'est plutôt bien déroulée. Personne ne s'est plaint de moi. Jino, a même été ravi de retrouver un bureau en ordre. Il a juste un peu râler, quand je lui ai annoncée, que je partais plus tôt aujourd'hui.

A dix-huit heures tapantes, je me retrouve dans la salle d'attente du médecin.

-mademoiselle Jansen June, c'est à vous !

C'est la première fois que je mets les pieds ici. Je suis assez surprise de découvrir un médecin d'une trentaine d'années seulement. Quelle idée de venir se paumer ici.

-Asseyez-vous, je vous pris.

Je m'installe sur une chaise, un peu bancale face à lui.

- Qu'est-ce qui vous arrives ?

C'est fou qu'à son âge, il ait autant de cheveux blancs.

- Pour des douleurs.

-....

Il me fait mine de développer.

- Depuis quelque temps, j'ai de vives douleurs, dans le dos et l'épaule.

Il devrait se raser, je suis sûre que ça lui irait beaucoup mieux.

-C'est une douleur continue ?

-Ça va, ça vient... tout dépend des jours.

- Pas de nausée ? Vomissement ? Troubles de l'équilibre ?

-Non, pas que je sache.

Il se lève, en m'invitant à le suivre, dans la pièce d'à côté.

-Je vous laisse retirer le haut. vous gardez que le soutien-gorge et vous viendrez vous installer ici.

- Il n'est pas question que je me déshabille !!

Il reste interloqué.

- C'est juste pour vous ausculter.

- On est en plein mois d'août, c'est juste un t-shirt, pas une combinaison de ski. Alors vous ferais avec, sinon je me casse.

Il hésite un instant, pour finalement capituler.

Il commence son auscultation, me manipule dans tous les sens. Vérifie à plusieurs reprises certaines zones. Tout y passe, la gorge, les oreilles, les yeux, le dos, et même les réflexes.

Durant tout le temps, où je suis allongée sur cette table. Je n'ai de cesse à imaginer à quoi, lui pourrai ressembler allongé sur ma table mortuaire.

- Je souhaiterais effectuer des examens complémentaires.

-Si vous jugez utile.

-Ça l'est, j'ai quelques éléments contradictoire, je ne peux pas mettre en place de traitement si je ne suis sûr de rien. Je vous prescris une prise de sang à faire le plus rapidement possible.

-Vous pensez à quoi vous ?

-ça peut être, beaucoup de chose différentes, voilà pourquoi la prise de sang.

Je prends le papier qu'il me tend et règle la consultation.

Dans le bus qui me ramène chez moi, les gens râles. Je refuse de laisser ma place à une vioque. Je les laissent dire, ce soir, j'ai mal. Une douleur, qui n'est pas seulement physique.

June Où les histoires vivent. Découvrez maintenant