Deux.

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Depuis dix-jours, je guettais quelqu'un d'autre. Dix jours aussi que je n'avais plus faim que je passais mes journées à rêver à me refaire le film de ce qui m'était arrivé avec Yanis. Je l'harcelais sur son répondeur en lui disant que j'avais envie de le revoir. Demandant des nouvelles de lui. Joyeuse ou inquiète, mais certaine d'être amoureuse. Mais c'était peine perdue. Yanis n'avait jamais rappelé. J'en avais parlé à personne. Même pas à Sinem. Surtout pas à elle. Yanis, c'est son frère et elle le détestait. Je n'avais jamais bien compris pourquoi et je n'avais pas cherché à comprendre. Je trouvais qu'elle avait de la chance. Et même qu'elle ne se rendait pas compte de la différence que ça fait d'avoir autour de soi un frère et des sœurs.

Soudain, je l'ai vue sortir de l'ascenseur. Un bref instant, j'ai cru qu'il m'avait aperçue par la fenêtre de chez lui quand j'avais sonné et qu'il venait me rejoindre. J'ai même eu le temps d'imaginer qu'on allait passer la journée ensemble. Que Sinem savait et qu'elle était partie en avance pour le collège pour nous laisser tous les deux. Et puis nos regards se sont croisés. Ça m'a fait sursauter. J'ai fait semblant de ne pas voir tous les mépris que j'avais lu dans ses yeux. J'ai fait trois pas vers lui, et j'ai demandé la bouche sèche comme si de rien n'était :

Moi - Sinem est encore là-haut ?

Il l'a ri. Il s'est arrêté à ma hauteur tout près de mon visage. J'ai reculé, mais pas assez vite. Il s'est approché brusquement et il m'a embrassé en tenant mon menton très fort entre ses doigts. Il m'a fait mal. Je l'ai repoussé. Il s'est marré, il m'a jeté un regard noir et il a dit :

Yanis - Qu'est-ce que t'as ? T'as plus envie ?

Je n'ai rien trouvé à répondre. J'étais plantée sur le trottoir, j'me sentais bête et sale. J'voulais qui s'en aille. Il a craché à mes pieds. Et il l'a tourné les talons. J'ai couru jusqu'aux collège.

Rien de plus qu'un baiser

Arrivée au collège toute la bande était déjà là autour de Sinem adossées contre l'arbre les unes contre les autres. Là où en se retrouve chaque matin. Et moi comme si je ne me rendais compte de rien. Je savais qu'elle savait. Une petite pluie fine s'est mise à tomber au moment de la première sonnerie. La grille s'est ouverte. J'ai failli aller vers elle, la retenir par le bras, tout lui dire. Elle ne m'a pas regardée. Je n'ai pas osé. Je suis rentrée comme tout le monde. En cours, j'ai attendu la récré' me persuadant que je me trompais, que tout était encore possible. Je n'avais rien à me reprocher, je préparais ma défense Sinem, c'est vraie, je suis sorti avec Yanis, un soir, une fois, et je te l'ai pas dit. Juste pour que tu ne sois pas venère contre-moi.

Ça enfin sonné, c'était l'heure de la récré' les portes se sont ouvertes, ça s'est mis à courir et à crier. Sinem est sortie sans m'attendre. Je me suis retrouvé au milieu de la cour à plus savoir avec qui parler. Sinem était avec tout le groupe de filles qu'on côtoie depuis toujours. Je la surveillais du coin de l'œil. Elle parlait à tout vitesse et les filles l'écoutaient, la bouche ouverte. Ça ma énervée. Ayman a traversé la cour et m'a prise à part.

Ayman - Qu'est-ce qui se passe avec Sinem ?

Il l'en savait déjà plus que moi, ça m'énerve.

Moi - De quoi tu parles ?

Ayman ? C'est mon plus vieux pote, mon premier amoureux qui me protégeait déjà dans la cour en maternelle. À quatre-ans, quand j'avais parlé de lui à mes parents affirmant fièrement que c'était le plus beau et le plus fort que j'avais rencontré, mon père n'avais pas apprécié. Le lendemain, il est venu m'attendre pour la première fois à la sortie de l'école en me demandant de lui montrer qui s'était. En le voyant, il l'avait éclaté de rire. Juste parce Ayman faisais une tête de moins que moi. J'avais tellement honte du rire de mon père. Depuis, Ayman avait grandi et jouait au caïd. Et quant à mon père ça faisait huit ans qu'il n'avait pas donner de ses nouvelles.

Syra : Rien de plus qu'un baiserOù les histoires vivent. Découvrez maintenant