Quinze.

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Ayman - C'est eux qui t'ont fait ça ?

Moi - Ouais, mais j'lai bien cherché.

Ayman - C'est ta faute, alors, tout ce qui t'arrive ?

J'ai sursauté.

Moi - Non, mais..

Il a serré ma main dans la sienne.

Ayman - Je voudrais pouvoir éclater la tête du fils de pute qui a levé la main sur toi !

On était arrivés en bas de chez moi. J'ai composé le code, il m'a retenue par le bras.

Ayman - T'es sûre ?

Il s'est rapproché de moi, tout près, comme s'il cherchait, en plongeant son regard dans le mien, à vérifier quelque chose. Je me suis mise à trembler. Il m'a prise dans ses bras. Sa main a glissé dans mes cheveux et je me suis laissée aller contre lui. Je ne pouvais pas m'arrêter de trembler. Il s'est redressé et, en posant son front contre le mien, il a murmuré :

Ayman - C'est pas grave, j'comprends..

Moi - Mais non, tu comprends pas !

Ayman - Si, j'te jure !

Moi - Non, j'te dis..

J'ai ri, je ne trouvais pas les mots pour dire tout ce qui m'agitait, à cause de sa douceur et de sa patience, j'arrivais plus à me méfier et ça me terrifiait. Je me suis rapprochée de lui et j'ai posé mes lèvres sur les siennes. Il a reculé, étonné :

Ayman - T'es sûre ?

Moi - Ça va.. Tu m'as déjà posé la question !

Il a éclaté de rire, comme jamais, je ne l'avais entendu rire. J'ai redit : 'On y va ? '. J'ai poussé la porte du hall d'entrée. On a guetté les bruits de cage d'escalier. Personne.. On est montés comme des voleurs. Quand j'ai ouvert la porte de la maison, j'avais à nouveau la main qui tremblait. Je suis entrée, le silence m'a saisie, l'odeur de renfermé, tout qui disait l'absence, maman, tu n'es pas là, maman, tu m'as manqué. Ils avaient coupé l'électricité, il faisait froid et le frigo était vide. Ayman m'a entraînée dans ma chambre, comme pour m'empêcher d'y penser.

Dans ma chambre, rien n'avait changé. Je suis restée plantée debout, à nouveau perdue. Complètement paumée, j'en avais marre de moi. Ayman s'est assis sur mon lit. Il avait l'air aussi mal à l'aise que moi. Je lui ai demandé s'il avait envie de boire quelque chose, de l'eau, puisqu'il n'y avait que ça, il a dit pourquoi pas mais je n'ai pas bougé, lui non plus, je me suis assise à côté de lui, tout près, mais on ne se touchait pas. On regardait un point fixe sur le mur d'en face, en silence. Je me suis brusquement allongée sur mon lit. Roulée en boule, les cheveux recouvrant mon visage. Il ne s'est pas retourné, il n'a pas fait un geste, j'ai eu peur qu'il ait envie de s'en aller. J'ai demandé :

Moi - Pourquoi tu n'es pas revenu à la caravane ?

Ayman - Tu m'attendais ?

Moi - Ouais.

Ayman - Tu m'avais dit que tu avais besoin de temps, alors j'ai attendu que tu saches..

Moi - J'ai dit ça ?

Ayman - Syra, t'e chiante !

Moi - C'est pour ça que tu m'aimes bien, non ?

Ayman - Non.

J'ai glissé ma main dans la sienne, il l'a caressée doucement, et on s'est arrêtés de parler. J'ai gardé pour moi la question qui me brûlait les lèvres. Qu'est-ce qu'il aimait chez moi ? Il s'est retourné brusquement, penché sur moi, tout près, il a posé sa main sur mon visage, je comprenais pas tout le temps qu'il mettait à repousser mes cheveux, j'avais les yeux fermés, il m'a embrassée sur le coin de l'œil. Pourquoi-là ? Je me suis redressée, on s'est cognés, ça nous a fait rire, on as l'air con, hésitants, maladroits, on a arrêté de rire, on n'osait même plus se regarder, indécis, c'était tellement pesant ce silence et nos corps, j'en ai eu marre, je me suis approchée d'un coup et je l'ai embrassé, trop vite, il n'a pas pu reculer, surpris, mais finalement, on s'est laissés aller, les yeux fermés. Sa main a glissé sur ma nuque, mes épaules, un frisson, je me suis rapprochée, tout près, alors il a glissé sa main sous mon pull, sa main toute fraîche, j'ai sursauté, et même j'ai dû me raidir, il a enlevé sa main, s'est reculé, on s'est regardés, et il a dit tout bas :

Syra : Rien de plus qu'un baiserOù les histoires vivent. Découvrez maintenant