Chapitre IV, Partie 4: Protection

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J'ai suivi mon père dans cette voiture. Je n'ai pas protesté, je ne me suis pas débattue. Je me suis simplement laissée traîner dans cette voiture de police, tandis que le calme revenait peu à peu.

Je suis à présent assise à l'arrière et mon père est assis à l'avant avec le conducteur que je devine être un policier, un autre est assis à côté de moi sûrement pour s'assurer que je ne tenterai rien. La voiture démarre et mon père se tourne vers moi, tellement de questions se bousculent dans ma tête qu'aucune ne parvient à franchir la barrière de mes lèvres. Je reste donc muette à regarder ces yeux qui me sont si familiers, attendant qu'ils prenne la parole.

- Je vois que tu as investi dans du matériel de vol.

- Je vois que tu as décidé de te lancer dans des expériences sur des cobayes humains.

- Ce ne sont pas des cobayes. Ce sont des sources d'information.

Ma mâchoire se décroche toute seule.

- Et moi ? Qu'est ce que je suis alors ? Une source d'information ?

Il ouvre la bouche, hésite un moment puis la referme.

- Je ne sais pas encore ce que tu es, mais fais-moi confiance pour le découvrir.

Je laisse tomber ma tête sur mon dossier en grognant. C'est un cauchemar. Plus cette histoire évolue, plus je plonge profondément dans l'horreur. Le monde que j'ai connu ne sera plus jamais le même, à présent que je sais toutes ces choses et c'est seulement maintenant que je m'en rends compte.

- Et maintenant, on va-t-on ?

- Dans un endroit où l'on pourra étudier le problème.

- Le problème c'est moi ?

- Héloïse, ne fais pas l'enfant.

Je soupire une nouvelle fois.

- Et mes amis ?

Cette fois, il se retourne et braque ses yeux indignés sur moi.

- Tes amis ? Ce sont tes kidnappeurs bon sang ! Pas tes amis !

- Pour l'instant, ils sont les seuls à ne m'avoir jamais menti.

Il lève les yeux au ciel et se replace normalement dans son siège.

- Je fais ça pour toi et je suis triste de constater que tu ne le vois pas.

- Ces gens n'ont rien fait et je ne vois pas en quoi tout ça me concerne.

- Mais réfléchis bon sang ! Ces gens peuvent faire des milliers de victimes en claquant des doigts et personne ne pourrait les arrêter ! Si quelqu'un comme Raphaël se décidait à incendier une ville entière, qui pourrait l'en empêcher ? Leurs capacités sont dangereuses pour eux et pour les autres. Si personne n'a jamais reçu ce genre de pouvoir auparavant ce n'est pas pour rien. Il faut à tout prix les neutraliser.

- Sauf que je suis comme eux.

- C'est pour ça qu'il faut que je te protège. Si tu sors dehors avec ces ailes sur le dos, les gens paniqueront... Laisse moi gérer tout ça, Héloïse.

Malheureusement pour moi, je n'ai pas d'autre choix que de lui obéir.

La voiture s'arrête sur un parking désert devant un grand bâtiment terne que je ne reconnais pas. Tout est gris, carré et fait, pour se fondre dans le paysage de la montagne.

Contrairement à ce que les autres m'avaient dit, cet endroit ne ressemble en rien à un hôpital. L'homme à côté de moi m'ordonne de sortir de la voiture, et je lui obéis, me laissant traîner dans cet endroit austère. une fois le porte passée, je peux facilement affirmer que le bâtiment est neuf, probablement conçu pour accueillir des gens comme moi. Notre petit groupe progresse lentement dans les couloirs gris, la lumière est faible et plus je m'enfonce dans cette prison plus je regrette d'avoir été aussi coopérative. A présent, je prise au piège et je n'ai aucune chance de m'échapper. J'essaie de mémoriser le chemin emprunté mais il y a trop d'escaliers, trop de couloirs, trop de portes et surtout trop peu de couleurs. Il est impossible de reconnaître quoi que ce soit quand tout est pareil. Nous nous arrêtons enfin en face d'une porte que mon père ouvre avec une clé.

- Si tu veux bien...

- Ne me fais pas ça...

- Héloïse..

- Ne me laisse pas là dedans, je t'en prie.

- Ce n'est que provisoire. J'ai besoin de t'avoir ici et je ne pense pas que ta mère comprendrait l'apparition de tes nouvelles amies.

Ma mère... elle n'est donc au courant de rien ?

- De toute manière, que tu y entres ou non de ton plein gré, le résultat sera le même.

L'homme à ma droite me serre le bras un peu plus fort, pour me faire comprendre que si je n'entre pas dans ce cagibi, il se fera un plaisir de m'y entraîner. Je me dégage de sa poigne et avance moi-même dans ce que je peux considérer comme une cellule, mon père me rejoint peu après et ferme la porte.

- Tu vas rester ici le temps qu'on fasse certains examens, commence mon père. J'ai besoin de ta coopération et de ta compréhension. Il faut que tu comprennes que je ne fais pas ça contre toi, ni contre eux. Je ne suis pas le méchant dans l'histoire.

Doucement, je m'assieds sur le rebord de mon lit, digérant les différentes informations.

- Où sont mes amis ?

Mon père me fusille du regard avant de marmonner quelque chose que je n'arrive pas à entendre.

- Ils ont retrouvé leurs chambres. Chambres qu'ils n'auraient jamais dû quitter.

- Ils ne sont pas méchants.

- Ce sont des psychopathes.

- Des gentils psychopathes.

Mon père soupire et me regarde gravement, il est clair que son envie de me frapper augmente.

- Ils ne sont pas gentils, crois moi.

- Pourquoi tu as effacé la mémoire de Liv ?

Ma question le surprend un peu, et il passe sa main dans ses cheveux, tic de nervosité que je connais très bien puisque j'ai le même.

- Elle me l'a demandé.

- Oh

-Oui.

Je n'arrive pas à y croire. C'était dons elle qui voulait ne plus se rappeler de rien.

Un silence gênant s'installe entre nous, je n'ose plus rien dire de peur de découvrir d'autres choses que je devrai révéler un jour où l'autre.

- Une infirmière viendra bientôt s'occuper de toi, tu peux te reposer maintenant.

Je ne lui réponds pas et me couche face au mur sur le matelas dur et froid.


White Out [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant