Chapitre II, Partie 3: Sauvetage.

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Sans réfléchir une seconde de plus, je plaque Raphaël contre le sol dur et froid. La balle tirée siffle près de mon visage, déchirant le silence dans lequel nous étions plongés quelques minutes plus tôt. Les coups de feu pleuvent et je croise les yeux de Raphaël qui semblent me demander pourquoi, chose que moi-même je ne sais pas. Il m'adresse un clin d'oeil joueur avant de se redresser en m'entraînant avec lui de faire pleuvoir ses attaques sur nos assaillants.

- Tu n'as rien ? me renseignais-je sans qu'il puisse prendre le temps de me répondre.

J'observe complètement ébahie les flammes de Raphaël et les éclairs de Louca fondre sur la police qui bat en retraite à toute vitesse. Liv me traine dans la voiture, ferme la porte puis se met au volant. Louca monte à l'avant, Loïs et Raphaël reprennent leurs places à mes côtés et elle s'empresse de démarrer. Secrètement j'espère qu'elle a son permis.

-Liv ? lui demande Louca.

- Oui ?

- Tu as le souvenir d'avoir déjà conduit une voiture dans ta vie ?

Liv fonce sur la route et la voiture est secouée par de nombreux soubresauts.

- Non, jamais. Mais bon, si tu le fais, ça ne doit pas être bien compliqué.

Elle birfurque à droite sans prévenir et la pauvre voiture sans pare-brise émet un bruit horrible quand la conductrice arrête de nouveau.

Liv se gare et annonce que nous allons faire une pause. Pause que l'on fera visiblement au milieu de ce champ.

- Je ne sais pas pourquoi tu m'as sauvé, me dit Raphaël. Tu aurais pu partir mais tu ne l'as pas fait, et je t'en remercie.

Il me fait un sourire réconfortant que je lui rends, on ne peut pas dire que je l'aime bien, il m'a kidnappée, simplement quelque chose d'immatériel me pousse à lui faire confiance.

- On t'expliquera nos plans demain pour l'instant essaie déjà de digérer... tout ça, termine Louca.

Louca ouvre la portière gauche et je sors avec empressement, contente qu'ils m'offrent l'occasion d'être seule. Une fois dehors j'inspire un grand bol d'air frais, la nuit est sombre et je ne distingue presque aucune étoile. Je marche devant moi tout en réfléchissant, je n'ai pas de but, j'avance juste pour me donner l'impression que je sais où aller. En une soirée ma vie à complètement changé: j'ai fait la rencontre de quatre personnes qui ont visiblement des pouvoirs surnaturels, je ne peux plus le nier. J'ai vu Raphaël et ses flammes, Louca et ses éclairs, Liv et son ouïe anormalement fine et enfin Loïs et ses intrusions insupportables dans ma tête. Ils disent connaître mon père... Le connaissent-ils mieux que moi ? J'ai grandi en le considérant comme un héros, c'est lui qui m'a donné l'envie de sauver des gens. Je ne peux pas croire qu'il m'ait menti tout ce temps.

Je soupire et me souviens de mon sac emporté à la fête d'Anna. Je le pose au milieu de champ et farfouille à l'intérieur pour prendre mon portable. Une fois que je l'ai en main je réalise que j'ai une centaine de sms de la part de mon père, de Mattéo, d'Elise et d'Eléa, mais seulement quinze pourcents de batterie. Je me rends bien compte que je ne pourrai pas appeler tout le monde. Je n'ai le droit qu'à un seul appel.

Je soupire et compose le numéro de Mattéo, j'ai besoin de lui parler, besoin de ses conseils avisés et sa voix rassurante. Il décroche à la première sonnerie.

- Allo ? Héloïse ? Mon dieu, tu ne peux pas savoir à quel point on s'inquiète ici ! Où es tu ? Ton père a parlé à la police il...

- Matt ! Stop ! Je vais bien, et je n'ai pas envie qu'on me retrouve.

J'ignore si ce que je dis est vrai mais mon cerveau a l'air de le penser.

-Quoi ? Comment ça ?

- Je... il y a des choses que je dois mettre au clair.

- Quoi ? Mais tu plaisantes ? Qu'est ce que tu veux dire ?

- Simplement que je ne peux pas rentrer maintenant. Je suis désolée, Matt.

Je peux, sans mal, imaginer le pli que forment ses sourcils en ce moment même.

- Je ne te comprends pas. Je ne te comprends plus et je crois que finalement je ne t'ai jamais comprise.

Est ce qu'il est en train... de me larguer ?

- Et je ne pense pas que toi-même tu le comprends, poursuit-il, alors..

- Tais toi. S'il te plait...

Mattéo émet un petit rire triste.

- On le savait de tout faon, pas vrai ?

J'acquiesce doucement, plusieurs sentiments contradictoires viennent me submerger d'un coup. De la tristesse, de la nostalgie mais aussi un soulagement coupable qui me prouve que nous prenons la bonne décision.

- Oui, dis-je la gorge serrée.


White Out [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant