Chapitre I, Partie 2: L'ami ne fait pas le poids

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Je décide de faire part de mes inquiétudes à Maxime.

- J'ai l'impression que quelqu'un nous observe.

Il me regarde, les sourcils froncés comme si je venais de perdre la tête.

- Ne dis pas n'importe quoi, personne ne fait attention à nous.

Il a sans doute raison. Pourtant, je suis certaine de sentir un regard sur moi. Je me retourne furtivement pour vérifier et j'aperçois une jeune fille me regarder avec insistance. Elle détourne le regard quand elle croise le mien et je suis frappée en premier par ses cheveux, colorés en violet. Elle détale en vitesse et s'engouffre dans une voiture grise. Je reste quelques minutes immobile à regarder la voiture partir jusqu'à ce que mes amis m'entraînent à l'intérieur.

- Regarde-moi ça.. c'est même pas du pain, c'est du plastique ! Et ça, c'est pas du jambon, c'est de la graisse de porc en concentré !

Eléa croise les bras sur sa poitrine, et se met à bouder. Je mords dans mon hamburger avec délice et ferme les yeux. Cela fait si longtemps que nous sommes séparés mon amour, nous voilà enfin réunis! Toi et moi, c'est du durable, c'est sûr, je ne te laisserai plus jamais partir à présent. Je ne laisserai personne nous séparer, ni Elise, ni cette maudite balance.

- Héloïse, tu es avec nous ?

- Laisse la fêter ses retrouvailles avec son hamburger.

Ce midi, nous avons décidé de renouer avec notre grand ami le fast food, alors qu'Eléa voulait commander des sushis.

- Et sinon tout va bien avec Max ? Etant donné que tu m'as brutalement réveillée en prenant mon joli visage en photo, je pense que tu me dois bien de te soumettre à mon interrogatoire !

Je soulève les yeux de mon assiette et fixe Elise.

- Bien sûr, pourquoi ?

Elle hausse les épaules et attrape une frite.

- Juste comme ça. Disons que... Vous ne ressemblez plus tellement à un couple.

Cette remarque arrive comme un coup de poing, et je réponds sur la défensive.

- On a jamais été un couple démonstratif.

- Il y a une différence entre ne pas être démonstratif et ne plus se parler.

- On se parle !

Elise et Eléa se regardent, secouent la tête et soupirent. C'était quoi ça ?

- Max et moi on se parle ! C'est juste qu'on est très occupés ! Je suis en arts, je vous rappelle.

Elise prend un air haut perché et répète ma dernière phrase.

- « Je suis en arts, je vous rappelle.»

Eléa se redresse d'un coup et prend le même air hautain qu'Elise.

- Je ne peux point tous vous contenter ! Estimez-vous heureuses que je sois votre amie.

Je me renfrogne, tandis que mes soi-disant amies continuent à jouer au même jeu stupide.

- De plus, je suis la seule à avoir un projet d'avenir ici ! Il est vrai que les petites études de psychologie d'Eléa ne feront souper personne ! Et toi Elise ? Crois-tu réellement que tes études de commerce ridicules vont te permettre d'avoir un logis ?

Elles éclatent de rire alors que je continue à bouder.

- Non, plus sérieusement. Elise a raison. Vous n'êtes plus du tout sur la même longueur d'onde.

Je reste muette. J'aimerais leur dire qu'elles ont tort, et pourtant je sais très bien que je mentirais en affirmant le contraire. Cette discussion me fait peur, car je sais très bien ce qu'elles essaient de me faire comprendre.

- Je ne peux pas rompre avec lui.

Elise me regarde comme si j'étais demeurée.

- Jusqu'à preuve du contraire, si.

- C'est plus compliqué que ça, et tu le sais bien ! On est ensemble depuis quatre ans. Quatre ans. Ça ne se balaie pas comme ça, quatre ans de relation.

Mes amies se regardent de nouveau, comme pour s'échanger un message silencieux. Ce qui m'agace énormément.

- Je suis là, je vous rappelle.

Elles soupirent une énième fois, et daignent enfin à me faire participer à la conversation.

- Vous devez en parler. Vraiment, c'est important. Vous venez à la soirée d'Halloween d'Anna ?

- Non.

- Oh si, cette fois tu viens. Et toi aussi Eléa.

Je me rapproche d'elle et lui parle doucement comme si j'allais lui révéler le plus grand des secrets.

- Elise... je m'en fiche de la soirée d'Halloween d'Anna.

Elise prend un air offusqué, alors qu'Eléa acquiesce.

- Oui et tu as raison, si tu le veux bien je peux même t'accompagner dans ton refus d'avoir une vie sociale !

- Hors de question. Vous venez, toutes les deux, et ce n'est pas négociable !

Nous soupirons, car nous savons très bien qu'Elise nous traînera par les cheveux s'il le faut.

White Out [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant