Chapitre VI, Partie 3: Face à face.

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Le soleil est couché depuis longtemps quand je me retrouve enfin seule. J'ai attendu que tout le monde dorme pour prendre mes responsabilités... J'observe le revolver longuement mais ne parviens pas à placer mon doigt sur la gâchette. C'est une impression nouvelle qui me saisit: celle de tenir quelque chose qui cause la mort, le pouvoir d'enlever une vie en quelque sorte.
Est-ce que je suis effrayée ? Oui, plus que ça même.
Je ravale mes larmes et me convaincs qu'il y a forcément d'autres solutions. Demain, à tête reposée, nous trouverons tous ensemble quoi faire sans causer de dommages.

- Bouge-toi la grosse. Y'a ton père et ses copains.

J'ouvre doucement les yeux et aperçois le visage de Loïs juste au-dessus de moi. Douce vision matinale. Je me redresse lentement et me rends compte que mon dos est réduit à l'état de compote. Foutu sol.
Loïs attrape mon bras et me relève sans une once de pitié pour mon pauvre dos. Il me traîne jusqu'au milieu du parking, là ou est stationnée une voiture entourée d'une foule de gens en colère. Comme si j'avais besoin de ça maintenant.

- Laissez passer, beugle Loïs en me traînant toujours comme un sac de chiffons derrière lui.

La foule ne l'écoute pas et nous sommes contraints de traverser en jouant des coudes. Les hommes qui tentaient de calmer la cohue nous laissent passer et Loïs me propulse dans la voiture. Je me retrouve à côté de mon père sans avoir eu le temps de comprendre ce qu'il se passe. Je n'ai même pas eu le temps de me réveiller.

Chienne de vie.

Nous nous fixons pendant un petit moment puis il prend la parole.

- Comment tu vas ?
- Mal. Très mal. Mais tu le sais déjà normalement.

Mon père lève les yeux au ciel et balaie mes propos.

- Arrête un peu de jouer les martyres, Lizzie.

Elle est bonne celle-là. C'est vrai que ce n'est pas si terrible que ça de se faire jeter dans une prison par son propre père. 
Je ne réplique pas et le laisse poursuivre, il ne mérite même pas que je lui fasse la guerre.

- Qu'est ce qui se passe ici ?

Je prends une grande inspiration et lui fais le résumé de ces derniers jours.

- Alors, pour commencer, ton immense truc gris tout moche s'est fait dégommer par des harpies et un super tremblement de terre. C'était pas cool. Après on s'est vite rendu compte qu'on avait nulle part où aller du coup on est restés sur ce parking. Bon ok, il y en a un ou deux qui sont partis pour retrouver des proches mais pas grand chose... surtout que moi la montagne je ne la descendrais pas à pied, mais bon chacun fait ce qu'il veut. Enfin bref, récemment on a appris que nous sommes les œuvres d'une déesse d'ailleurs et qui veut qu'on libère les Titans. Jusque là, tout va bien. Bon, nous, je dois t'avouer qu'on a pas trop envie de le faire parce que libérer des géants ça pourrait faire deux ou trois dégâts. Le problème, c'est que si on le fait pas, elle nous tuera et si on le fait, on se fera tuer par les autres dieux, ceux qui sont censés être sympas. Enfin, voilà, on est dans la merde quoi.

Je reprends mon souffle et observe sur le visage de mon père une profonde incompréhension.

- Tu te moques de moi pas vrai ?

Je secoue la tête énergiquement.

- Non non ! Je te jure que c'est vrai !

Au fond de moi je sais très bien qu'il ne pourra jamais admettre que quelque chose d'aussi fou s'est produit, surtout expliqué comme ça.

- Tu refuses de coopérer donc ?

Je soupire et m'enfonce dans mon siège soudain découragée.

White Out [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant