A Pile ou Face - MILO | Terminée

Chapitre vingt-six

POPPY

Je n'ai pas le temps de comprendre ni d'analyser ce qu'il vient de se passer au téléphone. Lewis, mon demi-frère, m'a retrouvée.

Comment ? Je n'en sais rien pour le moment. Mais quand j'entends les coups contre la porte d'entrée, j'en oublie Lewis et son appel et je fonce ouvrir malgré les mises en garde de Claire. Je lui assure que c'est Lucas qui vient récupérer son portefeuille, qu'il a oublié sur le meuble télé. Il l'y avait déposé la nuit dernière avant de dormir.

En parlant de dormir... Que n'aurais-je pas donné pour dormir dans le canapé-lit avec lui, contre lui. Je l'ai proposé à Claire qui a trouvé ça... Déplacé.

Mais au vu de son réveil cauchemardesque, il aurait été préférable qu'elle dorme avec Milo. Ça lui aurait sans doute évité de flipper, comme elle l'a fait.

J'ouvre la porte tout sourire, adressant un salut à Lucas puis, bouche bée, je me fige. Je n'arrive plus à bouger et encore moins à fermer la porte, il se permet d'entrer sans que je ne l'aie invité à le faire.

— Salut Pop's, dit-il en me détaillant de la tête aux pieds.

Son sourire radieux fait ressortir ses deux belles fossettes sous sa barbe naissante. Je le trouve plus grand et plus beau encore que dans mon souvenir. Nous avons en commun nos cheveux bruns et nos yeux verts, héritage de notre mère, et c'est bien la seule chose qui nous unis a, elle.

Cela fait huit ans, que je ne l'ai pas revu. Huit ans, qu'il m'a abandonnée.

Six ans passés à attendre d'avoir dix-huit ans pour m'enfuir tout comme il l'a fait au même âge. Je ne sais pas pourquoi il a fui, j'étais trop jeune pour comprendre. Mais ce que je sais, c'est que tout a commencé dès son départ...

Je sens des mains qui me pressent les bras et qui me secoue avec douceur.

— Et Pop's ça va ? Tu es toute blanche, on dirait que tu as vu un putain de fantôme. Je vois que tu n'as pas changé, toujours aussi trouillarde la frangine, me chambre-t-il tout content de lui.

— Ne la touchez pas et sortez de chez moi.

— Enchanté. Claire, je suppose. Moi c'est Lewis.

Il lui tend la main en faisant un pas vers Claire, qu'elle s'empresse de refuser.

— Oh je sais qui vous êtes et je ne suis pas enchantée de vous voir.

— Mais c'est quoi ce délire ? Je viens voir ma frangine et...

— Et vous allez dégager tout de suite ou j'appelle la police.

— Woh, woh... On va se calmer ma belle.

— Je ne suis pas votre belle et vous savez très bien que vous n'avez pas le droit de la voir.

— Comment ça ? demande-t-il étonné.

— C'est le juge qui a statué qu'aucune personne de sa famille ne devait entrer en contact avec Poppy et ceci depuis deux ans. Alors sortez ou j'appelle les flics.

— Mais c'est quoi ces conneries. Pourquoi un juge a-t-il décidé ça ? réponds Pop's.

— Vous ne voyez pas que vous la terrorisez. Laissez-la tranquille, lui ordonne-t-elle.

Ma Cali me serre dans ses bras pour calmer ma peur et mes tremblements.

— Pop's, dit-il doucement et le plus calmement possible. Il t'a fait du mal à toi aussi ?

Je lève les yeux en entendant sa phrase prononcée d'une voix serrée par l'émotion. Ses yeux rieurs ont disparu pour laisser place à de l'inquiétude. Je ne comprends pas pourquoi il me dit ça. Lui aussi a été sa victime ?