Chapitre soixante

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CLAIRE

≈ ≈ ≈ ≈

Sept ans...

C'est quoi sept ans dans une existence ? Des joies... Des peines...

C'est à la fois beaucoup quand un être vous manque et pourtant si peu à l'échelle d'une vie entière.

Ces sept ans, ce bout de vie, il vient de nous les raconter en quelques heures. Nous sommes tous les quatre simplement assis autour de la table de cuisine en buvant un café.

Voilà ce que vient de faire mon père. Parce que maintenant, j'en suis sûre, cet homme qui a vieilli, qui a tellement changé physiquement est bien mon père. La petite fille qui vit toujours en moi le regarde avec les yeux de l'amour mais la femme que je suis devenue est certes heureuse et réjouie de le voir en vie, mais tellement triste et en colère en l'écoutant.

Il nous a appris, comment il avait été secouru pendant l'incendie, après qu'une poutre de la maison s'est effondrée sur lui, alors qu'il allait porter secours à ma mère.

Elle était assise dans son fauteuil comme d'habitude, le regardant progresser vers elle sans esquisser le moindre mouvement pour le rejoindre. Elle le regarder se démener pour elle et avait juste, sourit au moment où les flammes prenaient possession de sa pièce, barrant le passage par la même occasion à mon père. Il avait été condamné à la voir mourir sans pouvoir rien faire. Ma mère en avait décidé ainsi. Elle était morte heureuse et souriante. Ce qu'elle n'avait jamais été. En rebroussant chemin, mon père avait aperçu une silhouette et voulant prévenir cet inconnu de ne pas avancer, il n'avait pas vu la poutre s'effondrer sur lui le laissant inconscient en proie aux flammes.

Il s'était réveillé quelques jours plus tard dans une chambre entièrement blanche. Il avait mal, très mal. Mais surtout, il ne comprenait pas ce qu'il faisait là, ni pourquoi il avait de telles blessures.

Il entendait le bruit des machines qui obligeaient ses poumons à mieux respirer, ces tuyaux qui lui permettaient de vivre et ses perfusions qui le nourrissaient.

Puis ce fut le tour d'une voix féminine de se faire entendre.

D'après les infirmières, elle venait tous les jours, elle lui parlait, elle pleurait beaucoup et lui demandait sans cesse de se réveiller. Quand il avait demandé à ces mêmes infirmières ce qu'il faisait ici, elles l'avaient informé qu'il devait sa vie à deux jeunes pompiers volontaires, venus d'urgence en renfort et qui l'avait sorti de cette fournaise qu'était devenue la maison. Puis il avait été transporté par l'ambulance s'en perdre de temps vers l'hôpital, au vu des blessures à sa tête et des brûlures importantes que son corps portait.

Incendie. Maison. Pompiers. Blessures...

Il avait beau chercher dans sa mémoire, il avait beau réfléchir. Tourner les mots. Rien. Il ne savait rien. Plus rien...

Il entendait vaguement cette voix de femme bien à l'abri sur son nuage, mais il ne savait pas qui elle était. Elle avait beau lui dire qu'ils se connaissaient, qu'elle était la sœur de Monsieur Tucmont, mais il ne se souvenait toujours pas, qui elle était. Elle lui avait annoncé que son frère était mort dans l'incendie de la maison en voulant porter secours à sa femme Louise. Mais il ne se souvenait pas d'avoir été marié à une certaine Louise ni d'avoir eu une fille qui s'appelait Judith.

— Je suis désolé Judith de t'apprendre tout ça. Mais à cette époque, je ne savais même plus comment je m'appelais ni qui j'étais. Les seules informations que j'avais me venaient d'Adèle.

A Pile ou Face - MILO | TerminéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant