A Pile ou Face - MILO | Terminée

Chapitre trente-cinq

CLAIRE

Il reste là, à me regarder comme si j'étais une extraterrestre, pourtant il m'a déjà vue toute nue. Bon là ok, je lui fais face dans la douche avec toute cette mousse étalée sur mon corps et cette eau qui dégouline sur ma peau en créant des sillons qui la dévoile petit à petit.

Mais il y a quelque chose dans son regard fixe qui me dérange. Il n'ose pas s'approcher de moi et je peux le comprendre. Je l'ai repoussé toute à l'heure, parce que j'étais bouleversée par tout ce que j'avais vécu à cause de Marcus et je l'ai poussé à partir. Inconsciemment, je voulais le tester, je pense. Savoir s'il reviendrait, s'il arrivait à dépasser mon passé, s'il m'acceptait telle que je suis vraiment.

Je laisse l'eau finir de me rincer en mettant la tête sous le pommeau de douche au moment où il se décide à faire un pas vers moi et de me demander :

— Tu vas bien Claire ?

— Oui, je vais mieux, merci Lewis !

— Tu es sûre ?

— Puisque je te le dis, réponds-je d'un sourire face à son inquiétude.

Il continue de s'approcher de moi et attrape une serviette au passage. Je trouve son idée charmante, de vouloir m'attendre à la sortie de la douche, en tenant ma serviette de bain afin que je m'y enveloppe entourée de ses bras. Mais son attitude étrange et son regard craintif me font me poser mille questions.

— Tu vas bien Lewis ?

— C'est plutôt à moi de m'inquiéter, je pense.

— Comment ça ? Je prends juste une douche ? Qu'est-ce que tu as à la fin ?

Il s'approche encore de moi et d'un coup, un seul, il se jette sur mon poignet l'entourant de ma serviette vert d'eau.

— Mais tu peux me dire à quoi tu joues ? pesté-je totalement éberluée par son comportement.

Sans même prendre le temps de me répondre, il tend son autre main vers la mienne qu'il maintient toujours et m'arrache des doigts ma lame de rasoir en poussant un long soupir de soulagement.

Il tombe à genoux dans la douche et essaye de reprendre une respiration normale, alors que l'eau lui coule dessus. Toutes ces affaires sont trempées mais il ne réagit pas. Il souffle juste et dit merci, comme une litanie. Je croise mes bras sur ma poitrine et je fulmine :

— Tu vas enfin m'expliquer ton comportement ?

Il lève les yeux vers moi et je vois des larmes coulées. Je ne comprends plus rien.

— Pourquoi tu pleures Lewis, lui demandé-je d'une voix plus douce. Tu t'es taillé avec la lame ?

— Non et heureusement toi non plus, arrive-t-il à me dire entre deux halètements.

— Ben vu la façon dont tu t'es jeté sur moi, en effet, j'aurai pu me tailler, mais je n'ai rien. Par contre tu es trempé, rigolé-je.

— Je m'en fous royalement Claire, répond-il énervé. Tu te rends compte ?

— Je me rends compte de quoi Lewis ? Tu m'inquiètes là ?

— C'est le plus fort ça, tu t'inquiètes ?

— Ben oui, je m'inquiète pour toi et ton comportement depuis que tu as ouvert cette porte, m'agacé-je, un brin exaspéré.

— Tu avais une lame de rasoir dans les mains, il y a de quoi que je m'inquiète pour toi non ? s'énerve-t-il.

— Mais enfin, tu as cru quoi ? Oh. Mon. Dieu...

Je commence à comprendre son inquiétude, il est entré, je ne sais pas encore comment dans l'appartement, à ouvert cette porte et m'ai trouvée avec la lame de rasoir dans la main.