À la sonnerie de fin de journée, Angus est parti comme une fusée, me plantant derrière. Je n'ai même pas eu le temps de le rattraper ou même de lui parler de ce qu'il s'était passé dans la journée.
Et je m'en voulais.
Je me sentais coupable.
J'avais l'impression d'être l'un de ces gars des toilettes et je me sentais horrible.
Sûrement parce que c'est le cas.
Longtemps j'ai fermé les yeux sur ce qui arrivait à Angus. Je ne l'ai jamais aidé. Rarement défendu et pourtant, j'en savais long. Je savais que régulièrement il était insulté, menacé, humilité. Je savais qu'il était vu comme un monstre, une bête de foire. Mais c'était plus facile pour moi de ne pas m'en mêler, car je me disais comme excuse, aussi minable soit-elle : « C'est Angus, il s'en sortira. »
Il s'en sortira...
Comme j'ai pu être con.
Les gens ne s'en sortent pas tout seuls. Jamais. Ils ne font que le prétendre et je l'ai cru. Je l'ai crue à chaque fois que je le voyais revenir les yeux rouges, gonflés. Je savais qu'il avait pleuré, seul, dans son coin, mais il me revenait toujours avec un « Tout va bien » et c'était facile de le croire. C'était facile parce que je voulais que ce le soit. Je ne me suis jamais demandé, je n'ai même jamais pensé, prendre un jour sa défense parce que je pensais que ça ne me regardait pas. Je ne pensais que ce genre d'attaque...
Que ce genre de harcèlement ne me toucherait pas.
Ce que j'ai pu être stupide.
Ceux qui ferment les yeux ne valent pas mieux que ceux qui le font.
« C'est l'inaction des gens bien qui permet au mal de triompher ».
L'inaction. Il n'y avait pas de mots plus justes.
Je le savais et pourtant, je n'ai rien fait.
Rien n'est fait.
« - Tiens Parker ? Tu ne rentres pas avec Angus aujourd'hui ?
- Mona...
- Tu fais une de ces têtes. Ça va ? Vous vous êtes disputés tous les deux ?
- J'aimerais que tu m'aides...
- Oui, bien sûr, tout ce que tu veux ! Dis-moi !
- J'ai besoin de retrouver trois gars du bahut. »
Honnêtement, c'est bête à dire, mais j'avais envie de leur casser la gueule.
J'avais envie de le faire mal.
J'avais envie de les faire souffrir et de les torturer comme leurs mots torturent chaque jour Angus de l'intérieur.
J'avais envie de leur faire ressentir la même chose et de leur dire « Alors ? On aime ça ? »
Mais à quoi ça rimerait ? Est-ce que ça ferait avancer les choses ? Est-ce que ça changerait quelque chose ? Non.
Angus avait raison sur ce point-là.
Rien n'a changé. Rien n'est différent.
Pourquoi ne fait-on rien ? Pourquoi détourne-t-on les yeux ou changeons-nous de trottoir alors que ce genre de chose se passe souvent sous nos yeux ?
« - Non, oublie. J'ai rien dit. J'ai pas envie de faire de connerie. »
Je sais que ça le blesserait d'autant plus. Je ne veux pas jouer à ça...Je ne veux pas être un petit con moyen.
« - Tu sais, je ne sais pas ce qui s'est passé entre vous, mais ne devrais-tu pas aller le voir ? »
J'aurai l'impression de ne pas pouvoir l'aider si j'y vais.
Au final, à quoi je sers au juste ?
« - Je ne pense pas...Tu sais, ça va hein, t'as pas de soucis à te faire pour nous.
- Alors, dis-moi pourquoi tu pleures Parker ? »
Passant une main rapidement sur mon visage, je m'aperçois que ma paume a essuyé une larme, peut-être même deux.
Pourquoi ?
« - Je devrais y aller. »
Je n'ai pas envie d'en parler à Mona. En fait, je ne suis pas certain qu'elle comprendrait. Elle me regarderait avec son air tendre, me fera un câlin et me dira « Va voir Angus ».
Angus.
Rien que de dire son nom me brise le cœur. Je veux dire, comment j'ai pu le laisser seul dans ça ? Comment j'ai pu me comporter comme ça ? Il est mon ami et sans doute le meilleur que j'ai avant toute chose et moi...
Moi j'ai l'impression de l'avoir abandonné.
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Parker - (BxB)
RomanceLe premier amour c'est celui qui chamboule votre vie, votre cœur et surtout, votre tête. Parker a toujours eu pour habitude d'être le seul maître à bord de sa propre vie et pourtant, depuis Angus, cette dernière est sens dessus dessous et Parker n'...