Chapitre 1 ~ Le tourbillon Angus

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Je l'ai regardé dormir pendant au moins une demi-heure. Une bonne demi-heure. Je l'ai regardé comme si c'était la première fois que je découvrais les traits de son visage. Pourtant, je les connaissais par cœur. Lui, je le connaissais par cœur.

Angus.

« - Hé. Lève-toi. Tu baves sur mon oreiller. »

Lui mettant un coup de pied, il a à peine tiqué, se retournant de l'autre côté, me tournant totalement le dos. Grognant.

« - Angus. J'ai la dalle.

- Va te servir. Tu sais où c'est.

- Mais y'a tes parents en bas ! Je vais pas sortir en boxer devant tes parents !

- Ça va...Ils t'ont déjà vu tout nu. C'est pas la mer à boire. »

Ouais enfin, inutile de me rappeler mes tendances nudistes quand j'étais enfant. Je m'en souviens très bien.

« - Ok. Je descends. Je boufferais toutes tes céréales. »

Menace ultime.

« - Si tu fais ça...Toi et moi... »

Je le vois se lever précipitamment, prendre un tee-shirt traînant sur sa chaise de bureau et foncer le premier dans la cuisine.

C'est trop facile de l'avoir à ce petit jeu-là.

« - Ça marche tout le temps. »

Prenant mon temps, je finis par descendre tandis qu'Angus boude derrière son bol de chocolat.

« - Je te hais.

- Je sais.

- Bonjour les garçons, bien dormis ?

- Ouais, ouais, ça va.

- Et Parker ? Le matelas gonflable n'est pas trop inconfortable ? »

Je regarde Angus qui hoche la tête discrètement derrière le paquet de céréales. On leur dit que je n'ai pas dormi sur le matelas gonflable ou pas ?

« - Non, non ! C'est bon. »

En fait, j'y étais au début et puis au bout d'un moment, sous les râles de Angus se sentant et je cite « trop seul dans son propre lit », j'ai décidé de le rejoindre nous pouvant plus supporter d'entendre toutes les deux secondes :

« J'ai froid. »

« Je suis seul. »

« Le lit est froid. »

« Je peux venir dormir avec toi ? »

« Tu me fais de la place ? »

Et j'en passe.

Alors quitte à dormir, autant dormir dans un lit.

Le truc, c'est que je n'ai pratiquement pas dormi de la nuit et ça doit être écrit en gros sur mon visage vu comment la mère d'Angus me dévisage. Toute la nuit, cet enfoiré m'a donné des coups ou à ronfler.

Génial. Vive les vacances.

Je le retiens lui et ses plans « Passons les vacances ensemble ». Depuis ma soirée d'anniversaire et tout ce qui s'était passé entre nous, Angus était devenu une véritable ventouse. Chaque occasion était prétexte à se voir. À s'appeler. Tout le temps. Ne faisant rien de spécial, j'ai plus ou moins accepté de le voir régulièrement pour son plus grand bonheur, mais des fois...

« - Je n'en peux plus ! »

Assis en face de Mona me regardant avec un franc sourire amusé, j'ai l'impression d'imploser de l'intérieur.

« - Cela ne fait que trois semaines, non ? Pourquoi tu ne discutes pas avec lui ?

- Tu as déjà essayé de discuter avec Angus ? Si tu ne fais pas preuve d'une attention méticuleuse sur les mots que tu vas utiliser, tu risques de le blesser. Moi, j'ai l'habitude donc je peux gérer, mais...

- Il est sensible...C'est vrai. Mais il a aussi un cœur énorme et puis il t'aime ! Ce n'est pas ça le plus beau ?

- Si, si, je suis d'accord avec toi, mais...

- Mais c'est trop rapide pour toi ?

- Un peu. Je veux dire, je ne m'attendais pas à ce que les évènements soient ainsi entre lui et moi. Il en est presque devenu très entreprenant.

- Entreprenant ? Eh bien...

- Crois-moi Mona, ça ne me fait pas rire.

- C'est les premières semaines, ça s'estompera, il se calmera, mais si tu le sens trop pressant, tu devrais lui dire. Je veux dire...Vous n'avez même pas parlé de la soirée d'anniversaire encore.

- Je n'en ai pas eu le temps.

- Il faut que tu mettes des limites Parker. Avant qu'il ne soit trop tard. C'est en attendant que tu risques de le blesser le plus.

- Je sais... »

Je ne le sais que trop bien, mais j'ai tellement peur. Je redoute.

Sa réaction.

Au fond, être avec Angus, c'est un peu comme marcher sur des œufs constamment et au bout de trois semaines, cela semble m'avoir vidé de toute mon énergie.

Je suis crevé.

Crevé de devoir endurer un tel rythme de fou encore et encore, sans qu'il ne prenne soin de me demander quoi que ce soit. Mona a raison au fond, il faut qu'on parle lui et moi. Il faut que je trouve un moment pour lui dire ce que je pense. Ce que je ressens.

Ça t'apprendra. Tu as été le premier à te jeter tête baissée dans son petit jeu, maintenant, te voilà pris dans la tempête Angus et l'on sait très bien que c'est souvent compliqué d'en sortir.

Angus est un tourbillon.

Il vous emmêle les neurones et vous renverse le cœur.

Parker - (BxB)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant