Chapitre 15 ~ Et maintenant ?

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Le matin il y a ceux qui sont assis dans un coin, fiches à la main.

Il y a ceux qui ont les écouteurs dans les oreilles et qui utilisent la musique pour se déconnecter cinq minutes du monde.

Il y a ceux qui discutent, l'air de rien. Confiant.

Et il y a ces autres qui y vont, la fleur au bout du fusil, en se disant que de toute façon, il fallait bien y passer.

Je vous laisse le soin de nous placer, Angus et moi, selon ses catégories de personnes.

Le BAC ce n'est pas juste un diplôme que l'on passe comme ça pour avoir quelque chose en plus dans la vie. Un bagage. Non. Le BAC c'est une étape. C'est une fin et un commencement. C'est ce qui clore trois années de galère intense. Dans nos têtes, le lycée c'était la fête, c'était peut-être les plus belles années de nos vies. C'était nos premières aventures, nos premières grosses erreurs. Nos premiers amours. Nos premiers faux pas. Le lycée, ça regroupe beaucoup de choses, mais la classe par laquelle on est tous passés : C'est celle qui concerne l'apprentissage de la vie.

Si, là tout de suite, je devais faire une rétrospective de ma vie de lycéen, je serais bien incapable de dire que j'ai passé les plus belles années de ma vie. Elles ne furent pas horribles, mais ce ne fut pas les meilleures non plus. J'ai appris des choses sur moi.

Sur lui.

J'ai appris que tout compte fait, on était capables de s'aimer.

Je ne saurais dire si ce que l'on a maintenant c'est quelque chose qui tiendra dans le temps. Peut-être que oui, peut-être que non. Peut-être que la vie nous séparera, que l'on empruntera des chemins différents, trop différents. Peut-être que l'on se devait de juste profiter de ce court instant et de le graver dans nos cœurs. Je n'en sais fichtrement rien.

Et honnêtement ? Je ne veux pas le savoir.

J'ai 18 ans.

J'ai aussi toute la vie devant moi.

C'est fou, car j'ai l'impression d'avoir traversé le pire. Que les tempêtes et les obstacles de la vie se sont accumulés les uns à la suite des autres ces dernières années et que malgré tout...Me voilà au bout de quelque chose.

Me voilà au bout de mon parcours de rookie. D'apprenti de la vie.

Et devant moi, le plus dur.

Les examens n'étaient pas une fin en soi, non.

On se regarde, on prie silencieusement. Religieusement. On croise les doigts pour avoir un sujet pas trop pourri et on commence la partie.

Le BAC c'est quelque chose. Croyez-moi. Croyez ceux qui l'ont passé et ceux qui s'apprêtent à le faire.

On se prépare des années pour et quand ça y est...Quand c'est le moment d'y aller, étrangement, on a peur. On appréhende. On se dit que ça serait bien de pouvoir faire demi-tour et de revenir à ces jours où on n'avait pas besoin de compter sur un diplôme pour évaluer nos vies.

Pourtant, de ce bout de papier, on en a besoin. Le système fait que l'on en a besoin.

Pour faire des études. Pour s'assurer que l'on n'est pas trop incapable et que l'on a un petit pois chiche dans la tête.

Le BAC c'est notre porte de sortie, mais aussi notre porte d'entrée vers un labyrinthe qui nous offre mille possibilités.

Alors, c'est tout naturellement qu'au bout d'un moment, on se lance dedans.

On passe une semaine difficile. Éprouvante.

On a l'impression d'être au bord du gouffre et que notre cerveau ne peut plus suivre.

Mais au final, ça en vaut le coup.

Des années de galère, un mois d'attente horrible à se vider la tête et à se dire « Ça y est, c'est fini. »

Et puis, vinrent les résultats.

Les pleurs. Les rires. Les cris.

Le nom sur cette fameuse liste trop longue.

Le soulagement.

L'effondrement en se disant que l'an prochain, il faut remettre ça.

Et puis, la question éternelle qui se pose à tout à chacun.

« Et maintenant ? »

Maintenant quoi ?

Qu'est-ce que l'on fait ?

Se dit-on au revoir ?

Se promet-on d'essayer de se revoir ?

De garder contact ?

On part. Chacun de son côté vers de nouveaux horizons.

Vers une nouvelle vie.

Certains d'entre nous ne se reverront pas. Jamais. D'autres resteront à vie avec cette amitié gravée en eux. Comme un lien intemporel.

On se l'était juré : On essayerait.

On essayerait d'y arriver. De se revoir. D'y croire. De croire en nous plus qu'en n'importe qui maintenant, parce que c'était ça qui était important. Croire que demain était aussi facile qu'hier et se dire qu'aujourd'hui est encore plein de surprises.

C'est ce qui fait toute la beauté de la vie.

Croire en demain.

Croire en tout à chacun.

Croire qu'une nouvelle aventure s'amorce à l'horizon.

Parker - (BxB)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant