Chapitre 7 ~ Égoïsme et lâcheté

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Vous êtes-vous déjà demandé ce que vous feriez par amour ? Jusqu'où étiez-vous prêts à aller ? Je trouve que l'on ne se pose pas assez souvent la question. On se contente d'être là, d'errer autour d'une personne, de lui chuchoter des mots doux, de lui faire une ou deux caresses et puis c'est tout.

L'amour, c'est ça. Un « c'est tout » grossier.

En embrassant Angus cette nuit-là, dans la chambre d'amis de Mona, je me suis alors demandé jusqu'où je serais prêt à aller pour lui ?

Est-ce que s'il venait à tuer quelqu'un et qu'il m'appelait au beau milieu de la nuit, je l'aiderais à cacher un corps et à couvrir son meurtre ? Certainement.

Est-ce que je pourrais partager mes frites au MacDo avec lui ? Clairement.

Est-ce que je me taperais Titanic trois fois en une journée, soit presque 10h de film, juste pour l'entendre dire que oui, il y a de la place pour Jack à la fin sur le radeau de Rose ? Sûrement.

Est-ce que je me prendrais la tête avec lui juste pour débattre sur quelle œuvre mérite une reconnaissance mondiale en tant que chef-d'œuvre : Stars Wars ou Le Seigneur des Anneaux ? Possiblement. Après tout, je vote pour Le Seigneur des Anneaux.

Mais est-ce qu'un jour, ne serait-ce que l'idée comme ça, je me suis dit : Est-ce que je serais capable de sauter de je ne sais combien de mètres de hauteur pour lui ?

La réponse est...Totalement.

J'ai sauté.

À sa suite, j'ai sauté.

Je n'ai pas réfléchi. Je n'ai même pas pensé à ce que je pourrais trouver plus bas. D'ailleurs, l'idée de mourir avant de trouver quoi que ce soit ne m'a même pas effleuré l'esprit.

J'ai sauté, c'est tout.

Parce que je tenais à lui. Plus que ce je n'ai toujours voulu bien admettre en sa présence. Je le faisais exprès. Ne pas lui dire que je l'aimais. Lui dissimuler tous mes rêves érotiques à son sujet. Lui cacher toutes mes envies câlines ou folles...Pour moi c'était un jeu. Je me disais que moins je lui en parlais, plus il deviendrait curieux et finirait par me demander si je l'aimais.

Mais pas comme ça. Pas dans ces circonstances-là.

Je ne veux pas.

Et c'est en atterrissant dans une flotte carrément trop froide pour moi, que je me suis dit « Je suis en vie. »

Et c'est également à ce même moment, que je l'ai maudit et je me suis mis à le haïr de tout mon cœur frigorifié.

« - T'es qu'un sale enculé. »

C'était méchant, mais c'était vrai.

Lui, il était là, ne disant rien, parce qu'il avait raté son coup.

Ce n'est pas demain la veille qui se suicidera en sautant d'un pont.

« - Je t'aime et je t'adore Angus, mais là, t'es vraiment qu'un enfoiré. »

J'ai froid. L'eau est froide. En même temps, ce n'est pas vraiment la saison pour un bain de minuit et encore moins l'heure.

Je l'ai attrapé, l'entraînant avec moi jusqu'au rebord m'assurant qu'il ne tente pas de repiquer une tête.

« - Si je ne meurs pas cardiaque avec toi, je mourrais de froid. Viens, on rentre.

- J'ai pas envie de rentrer. »

Sale égoïste de merde ! Tu vas me suivre avant que je n'attrape la mort ! Tu me dois bien ça !

« - Je pense que j'oserais pas regarder mes parents...Puis regarde...Je suis mouillé.

- Tu sais, je pourrais pratiquement tout faire par amour pour toi, même mentir s'il le faut alors maintenant, tu fermes ta gueule, tu lèves ton cul et on rentre. S'il faut te traîner par terre, je m'en fou, je le fais. »

En vérité, je crois que je suis en colère.

Pas contre lui, quoique...Si, un peu.

Mais principalement contre moi. Contre moi pour ne pas avoir su trouver les mots. Contre moi pour ne pas avoir pu empêcher Angus de sauter.

Et s'il était mort ? S'il s'était noyé ? Si ça avait été ma dernière conversation avec lui ?

J'ai même pas été foutu de lui dire que je l'aimais.

Putain. Vie de merde. Sentiments de merde. Amour de merde. Merde de tout.

On a marché silencieusement dans le quartier, et ce, jusque devant chez lui.

« - Rentre. Tes parents doivent attendre. »

Il franchit le petit portail et s'arrête derrière, me regardant comme s'il était celui dont on avait brisé le cœur.

« - Parker ? Tu m'en veux ? »

Si je...Si je t'en veux ?

Non.

Mais la prochaine fois, je m'assurerai de te noyer personnellement.

« - Tu veux vraiment parler de ça ? Genre là ? Tout de suite ? Maintenant ?

- Ouais...Je voudrais m'excuser... »

Ah non ! Ça c'est trop facile, mon gars. Je vais te fourrer tes excuses dans tes trous de nez moi, tu vas voir !

« - T'excuser hein ? Ok. Alors, arrête d'être con et de penser au suicide. Tu sais pourquoi ? Parce que c'est lâche ça Angus ! Le suicide c'est pas un acte anodin, tu peux foutres ta vie en l'air, je m'en fou, mais fais-le quand tu n'auras plus personne autour de toi et que les gens s'en foutront de toi. Parce que là, t'n'imagines pas les dégâts que t'allais faire abrutis. Tes parents, Jo', moi ? T'as pensé à moi, un peu ? Tu dis que tu m'aimes et que tu m'as toujours aimé alors prouve-le. Vis. Vis ta vie pleinement. Putain Angus t'as 17 ans quoi ! Tu ne crois pas que t'en verras d'autres dans la vie ? Ouais, mais la vie est dure et cruelle, je sais, mais c'est justement parce que t'es pas tout seul que ça peut aider. Alors est-ce que je suis en colère ? Est-ce que je t'en veux ? Est-ce que j'accepte tes excuses pourries sur lesquelles je voudrais m'asseoir royalement ? Carrément. Parce que tu sais, le plus frustrant dans tout ça, c'est qu'on a peut-être pas coulé toi et moi, mais je crois qu'une partie de moi n'arrivera sans doute jamais à se remettre de ce soir. A chaque fois je vais me dire que t'as tenté de te tuer et je trouve ça injuste. Vraiment. Je trouve que c'est cruel. Donc n'attends pas à ce que je te prenne en pitié. »

Je ne m'excuserais pas pour ce que je t'ai dit. Malheureusement, il faut que l'un de nous ait le méchant rôle et je crois que c'est pour moi. Il faut que l'un de nous ait les pieds sur terre.

« - Je passe te prendre demain matin et si t'es pas prêt, crois-moi, je te mets mon coup de pied au cul et sans ménagement. »

Je ne me retiendrais pas. Je ne te prendrais pas en pitié. Je n'excuserais rien de ta part. Tu sais, être faible, avoir des moments pas tops, ça nous arrive à tous. On a tous vécu un moment difficile, nous paraissant insurmontable, impossible et pourtant avec la force des choses, on a grimpé ou on a traversé tout droit, tout dépend des méthodes de chacun, mais on a réussi. On est passé au travers de ce mur.

Et aujourd'hui, on en est plus fort.

Ainsi va la vie et ses épreuves, ses difficultés et l'enfer qui peut en suivre.

Mais tu sais ce qu'est merveilleux dans tout ça ? C'est que l'on n'a jamais été vraiment seuls.

Une main nous a aidés à grimper au mur ou un pied nous a aidés à le défoncer, peu importe.

Tant qu'il y avait quelqu'un avec nous.

Pour nous.

Alors, tu sais quoi Angus ? Je serais là pour toi. Aujourd'hui comme demain. Je ne bougerais pas et crois-moi, au bout d'un moment j'arriverais presque à devenir insupportable.

Parker - (BxB)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant