Le lendemain, j'ai du mal à émerger. Il me faut quelques minutes pour me souvenir d'où j'ai atterri. Je gigote lourdement entre les draps, tandis que le ventilateur pulse un air plus ou moins rafraîchissant. J'ai très mal dormi, notamment à cause de migraines, et me suis levée plusieurs fois pour boire de grands verres d'eau, car j'avais la gorge affreusement sèche.
Tout à coup, une sensation bizarre me parcours le visage lorsque je remue la mâchoire, comme s'il s'agissait d'un masque de beauté que j'avais laissé reposer la nuit entière et qui avait fini par se craqueler, me tirant la peau des joues et du menton. Avec les ongles, j'ose gratter doucettement la matière, et ne récolte que quelques croutes rouges. Un peu alarmée, je roule sur le matelas pour me retrouver face à un oreiller taché de sang. Ni une ni deux, je bondis du lit et cours jusqu'à la salle de bain, me cognant l'orteil contre le pied d'un meuble. J'étouffe un hoquet, et claudique gauchement jusqu'au lavabo. Dans le miroir qui le surplombe, je constate que j'ai abondamment saigné du nez. Je me lave rapidement le visage, insistant exagérément sur les zones où le sang a coagulé. Je m'éponge ensuite à l'aide d'une petite serviette, et scrute attentivement mon reflet. C'est la première fois qu'une chose pareille se produit, et j'avoue ne pas être très rassurée. Comment réagir si un nouveau afflux de sang resurgit ? J'ai aucune notion de base préfabriquée pour le problème. A quoi est-ce dû..? La chaleur ? Je n'ai pas moyen de le vérifier, y'a pas d'Internet ici.
Je retourne dans ma chambre pour m'emparer de ma tête d'oreiller- bien qu'à court de machine à laver, ajoutant à cela, ma flemme intergalactique de descendre en ville trouver une buanderie publique- je fais avec les moyens du bord, et rince dans la cabine de douche, mes effets maculés. Je n'ai pas non plus de sèche linge et décide donc d'étendre les draps sur le rebord de la fenêtre, que j'ouvre intégralement, faisant se déverser les rayons du soleil, jusque-là occultés par les rideaux.Plus tard dans la matinée, je fais un brin de ménage, n'ayant plus à me soucier de mes affaires, que j'ai préféré aménager hier soir. Après avoir improvisé une serpillière avec un vieux chiffon, et récurer toute cette surface cracra, je la relègue négligemment dans un coin de la pièce, avant de m'affaler sur une chaise, pieds lestement posés sur la table et mains croisées sur la nuque, dans une attitude qui se veut décontractée.
Mais bien vite, un espèce de miaulement vient perturber ma tranquillité. Mon regard tombe sur une boule de poils noire, qui me zieute furtivement, sautant agilement de la bordure extérieure au canapé, dans lequel il se raccroche en sortant les griffes. Puis il accourt jusque sous ma chaise, pour laquelle il n'a de cesse de se frotter en ronronnant. Je me risque à lui caresser le dos mais il se carapate aussitôt.-Hé mon tout beau, reviens ! Minou, minou !
Aucune réponse. J'en déduis qu'il a dû trouver refuge dans une pièce adjacente.
Puis, sans raison apparente, je pense à mes amis restés en France, avec une pointe de nostalgie. Eux non plus n'étaient pas très emballés à la perspective que je parte. Mais à notre dernière soirée, on s'est tout de même bien mis la tête à l'envers "pour fêter ça". Des pensées en entraînant d'autres, je finis par revivre le souvenir des mes parents.
Ils me manquent, tous autant qu'ils sont.
Peut-être que si je finis par tourner en rond ici, que le quotidien devient trop hardcore, je rentrerai plus tôt. Après tout, j'ai choisi cinq mois seulement parce qu'il fallait bien que le voyage soit rentable, vu l'oseille qu'il m'a coûté, il n'était pas question que je n'y séjourne qu'une semaine !La suite de la journée se déroule sans frivolités. Je prends quelques douches froides successives à cause de la chaleur, mange des nouilles, bouquine, observe les passants, et nettoie la pisse du chat ! Bah oui, ce crevard de matou n'a rien trouvé de mieux que d'uriner sur le tapis de la chambre, punaise ! Si je suis amenée à le revoir, je l'étripe !
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TROIS GANGS POUR UN COEUR A PRENDRE
ПриключенияA 20 ans, Capucine est une jeune femme atypique, un peu cleptomane sur les bords, qui ne manque pas de ressources. Extrêmement déterminée sur le plan professionnel, elle n'hésite pas à s'envoler pour les Favelas, afin de recueillir un maximum d'info...