〰Badass〰

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...
Je taille, apeurée comme peut l'être un lièvre pris dans les fars d'une auto. J'implore que la porte soit déverrouillée et bingo ! elle l'est. Je pénètre dans une cage d'escalier envahie de gribouillis, et de stickers collés à l'arrache. Le tout assaisonné d'un relent d'urine. Je me retiens à grande peine pour ne pas régurgiter mon repas de midi. Je grimpe précipitamment les marches, la mort aux trousses. Derrière moi, j'entends le raffut que font mes deux assaillants, et ça me fait accélérer plein pot.
Après avoir gravis plusieurs étages, je déboule enfin à l'air libre, sur le toit de l'immeuble. J'essaye de bloquer la porte mais c'est peine perdue alors je recule jusqu'à être confrontée au vide. L'espace qui me sépare du toit voisin est trop important pour que je puisse sauter. Décidément, le sort ne m'est pas favorable...

Dans un fracas assourdissant, les deux hommes enfoncent la porte et me font face, chacun une expression de contrariée imprimée sur leur gueule de dur à cuir. L'un braque un calibre dans ma direction pour me dissuader de faire une quelconque connerie.

-Qu'est-ce que vous me voulez ? je hurle à plein poumon.

J'ai des palpitations et me sens au plus mal. Surtout en réalisant que je suis seule, et sans défense. Enfin, pas tout à fait.
Lorsque le grand brun s'approche avec l'air de celui qui meurt d'envie de m'en faire baver, je ressers la prise dans ma poche.
Je considère sa musculature et me dis qu'il vaudrait mieux pour moi de ne pas trop l'irriter, au risque de passer un sale quart d'heure. Je suis sûre qu'il n'aurait aucun scrupule à frapper une femme.

Il me jauge d'un regard appréciateur, qui se veut pour moi très déplaisant. Il mate mes courbes sans vergogne, et dieu sait que je déteste les chiens en rut. Lorsque qu'il est assez près, j'agrippe son t-shirt au niveau du col, tandis qu'il enroule ses mains autour de mes avants-bras, pour me faire lâcher prise.

-Le patron veut te voir, dit-il entre ses dents.

Un instant décontenancée par cette annonce pour le moins inattendue, je me ressaisi bien vite devant ses gestes entreprenants.
Mes doigts s'infiltrent dans les anneaux du poing américain que je tire discrètement de ma poche.
S'il pense que je suis une marie-couche-toi-là, il peut toujours aller se faire foutre !

Malgré la peur qui me tirebouchonne les entrailles, je fais un effort surhumain pour me maintenir dans un état de stabilité mental. Plus déterminée que jamais à me sortir de ce pétrin, je tiens la distance imposée par mon bras, et élance le second en direction de sa figure. Il n'a pas le temps de parer mon attaque qu'un craquement d'os se fait ouïr lorsque mon arme entre en collision avec sa mâchoire.
Ce dernier prend du recul, en se tenant la joue meurtrie.

-T'approche plus de moi, je menace d'une voix qui monte dans les aigus, tant l'angoisse me submerge.

Au lieu de se vexer, de se froisser, il darde sur moi un regard enflammé. J'ai visiblement attisé les brasiers de l'enfers. Et à chacune de mes rébellions allant à l'encontre de l'ordre de les suivre, je semble l'échauffer et solliciter son désir.

Son acolyte paraît en bonne voie de venir me mettre une raclée, et ainsi venger son copain de cette humiliation. Mais aussi surprenant que cela puisse être, le principal concerné l'en empêche. Il esquisse néanmoins un rictus concupiscent qui dresse les poils de mon échine.

-Putain, c'est quoi ton problème, Jethro ? Cette nana vient de t'en coller une ! Si tu veux mon avis, elle mériterait une correction, dit-il en faisait craquer ses phalanges.

-Tu ne l'a touchera pas, rétorque l'autre, tout en gardant ses yeux rivés aux miens.

-Pourquoi non ?

TROIS GANGS POUR UN COEUR A PRENDREOù les histoires vivent. Découvrez maintenant