〰Trahison〰

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Le fauteuil grince en pivotant tandis que je retiens mon souffle. J'en ai la poitrine gonflée comme un ballon de baudruche. 
Je me sens soudain à l'exigu quand bien même la pièce est plutôt vaste. Sur le pan du mur, à ma droite, se dresse une gigantesque bibliothèque. A son opposé, une collection effarante d'armes recouvre la tapisserie.

Subitement, une odeur d'herbe me chatouille les narines. Je me détourne pour venir me perdre dans des pupilles d'un noir abyssal, dilatées sous l'effet de stupéfiant.
Arther, c'est...lui ?!

Mon cœur loupe un battement et repart, désordonné, à la façon d'un accordéon qu'on malmènerait.

Il dégage un charme indéniable, à la fois hypnotique et despotique. Il a un truc, c'est clair. De plus, sa barbe naissante, comparable à celle d'Adam, le rend...très...sexy.

Il dépose son joint dans le cendrier et tapote impatiemment des doigts sur le bureau, surchargé de feuillets, de dossiers, de boui-bouis. Il y a tout juste de place pour son ordinateur portable.

-Vous vouliez me voir ? je m'enquiers.

-Assoie-toi, répond-t-il en désignant une chaise de libre.

Je m'exécute sur-le-champs, n'ayant de cesse de traficoter nerveusement mes bracelets.

-Tu fumes ? demande-t-il avec flegme.

Je nie. Il tire plusieurs taffes de son bédo avant d'en écraser le mégot. Puis, il contourne son bureau et vient s'installer à son rebord, en plaçant une de ses rangers sur mon accoudoir. Il se penche dangereusement vers moi, avant de glisser une main dans ma chevelure.

-C'est tendance de se mettre des perles dans les cheveux, d'où tu viens ?

Je reste muette comme une carpe. Il effleure mon écarteur, et tout compte fait, se redresse.

-C'est vrai que les Françaises sont belles, murmure-t-il presque inaudible.

Je sens mes joues prendre une teinte écrevisse. J'en viens à faire une fixette sur mes chaussures.

-Donnie, ça te cause ?

Il a une propension à passer du coq à l'âne, c'est dingue.

-Peut-être bien, j'hasarde, méfiante. Pourquoi ? Vous en avez après elle ?

-Ça s'pourrait. T'en a du flaire...À si tromper, on croirait presque que t'es une poulaga. 

Je passe au bleu ses soupçons.
De sa poche, il tire un paquet de feuilles, ainsi que son tabac, et commence à se rouler une nouvelle clope. Décidément, c'est une rengaine chez lui. Et ce, peut-être depuis que le monde est monde.

-Toujours pas, j'imagine..? feint-il de s'intéresser, en désignant sa cigarette artisanale.

-Sans-façon, merci.

Une fois achevée, il la glisse lestement derrière son oreille. Sa nonchalance coutumière lui concède vraiment un sex-appeal. On peut dire qu'il a du chien.

-Revenons-en à nos moutons...

Un ange passe.

TROIS GANGS POUR UN COEUR A PRENDREOù les histoires vivent. Découvrez maintenant