〰Retrouvailles〰

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J'étais pas censée savoir que je le trouverai ici. Autrement, je ne serai pas rentrée, ça va de soi.

Je me déplace jusqu'à l'interrupteur et allume la lumière. Le temps qu'il s'y acclimate, Arther bat des cils en plissant les yeux.

-Tu sais te faire désirer à c'que je vois.

Je m'adosse à la toison, les mains jointes au bas du dos. Il me lorgne d'un regard sagace.

-Qu'est-ce que vous faites là ?

-On pourrait peut-être se tutoyer non ?

Je hausse les épaules pour signaler que ça ne me fait ni chaud ni froid.
A son bon vouloir.

-Alors, explique-moi.

-Tu devrais le savoir. Réfléchis un peu va.

-Si c'est à propos de Donnie, c'est pas faute de t'avoir dit qu'elle ne viendrait pas.

D'emblée, cette intimité sonne faux.
Il esquisse un sourire qui me tort l'estomac.

-Donnie c'est de l'histoire ancienne.

-Ca veut dire quoi ? Que vous lui avez mis la main dessus..?

Un noeud se forme dans ma gorge.
Note à moi-même: ne jamais poser de question auxquelles on ne veut pas de réponse.
Je ne sais comment interpréter son silence. Il est indéchiffrable.

-Tu sauras que je ne suis pas venu pour te parler d'elle.

-Vraiment ? je demande, frustrée.

-Tu as quelque chose qui m'appartient et que je veux récupérer.

-Ah bon ? De quoi s'agit-il ?

-D'une clé usb, par exemple.

Je me pétrifie. Bordel de merde, c'est comme s'il venait de me pousser du sixième étage: la chute est rude.

-Une clé usb vous dites ?

Il grimace légèrement quand je le vouvoie. Mais je n'arrive pas à faire autrement. C'est comme si inconsciemment, il y avait une barrière, un fossé incommensurable entre nous. Je ne peux pas lui être familière.
Ses hommes encore...Mais lui, c'est un chef de gang. Il y a clairement un mur infranchissable entre nos classes sociales.
Il m'est inaccessible.

-Je n'ai rien de ce genre, désolée.

Par tous mes pores on peut y lire que je mens. Ma peur doit d'ailleurs se sentir à des kilomètres à la ronde. Mais on a beau dire, la nature profonde d'une personne ne s'en change jamais complètement. Alors, têtue et obstinée, je poursuis dans cette voie.

-Bien sûr que si, insiste-t-il.

-Comment y aurais-je eu accès d'abord ?

-À ton avis ? répond-t-il du tac au tac, avec une moue de vainqueur.

J'aimerai lui dire que je ne vois pas mais ça serait le prendre pour un pigeon. Il m'a eu. Et il en rit.
A son bureau, d'accord. Mais quoi ? Suis-je censée cracher le morceau et finir en pâture à ses gorilles ?

-Rend là moi, tu veux.

-Je ne l'ai pas.

TROIS GANGS POUR UN COEUR A PRENDREOù les histoires vivent. Découvrez maintenant