〰Trompe l'oeil〰

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Trois jours plus tard...

Ce projet de me réaliser dans les Favelas semble avoir réveillé mes vieux démons. Je me suis renfermée sur moi-même depuis ma prise de bec avec les deux mafiosos. Je ne suis plus sereine du tout. Hier encore, alors que je descendais en ville pour poster ma lettre, j'ai eu l'impression d'être suivie. Et le pire dans tout ça, c'est que je n'ai personne à qui en parler. J'encaisse, voilà.

Bien que ces dernières heures aient été reposantes, il ne faut pas que je me fie à cette tranquillité apparente. Je ne suis pas bête au point de croire que mon répit s'éternisera. En attendant, je souffle un peu. Après l'enfilade d'événements qui se sont récemment succédés, j'estime en être méritante.

Malgré tout, j'ai la sensation de n'avoir jamais été plus vivante qu'aujourd'hui. Ça n'a rien de purement positif. C'est seulement qu'ici, j'expérimente un univers piquant, où mes sens et instincts en sont décuplés. Mes sentiments et émotions n'en n'ont été que rarement aussi sincères, aussi intenses.
C'est à la fois excitant et terrifiant. Et croyez-moi, ce mélange est explosif !

Je suis assise à la fenêtre, à battre des jambes dans le vide quand on frappe à la porte. Mon cœur s'emballe et tous mes muscles se tendent à l'idée que cela puisse être Donnie. Faites que je me trompe ! Toutefois, je me résigne à aller ouvrir, non sans prendre une bonne inspiration pour me requinquer.

Je tombe sur Nora (ouf !), qui me dévisage de ses grands yeux noisettes. Son sourire me réchauffe le cœur.

-Salut la miss, qu'est-ce que tu fais là ? j'interroge dans sa langue natale.

-Me dijeron que podríamos pasar tiempo juntos...(J'me suis dit qu'on pourrait passer du temps ensemble...).

-C'est une très bonne idée. Viens, entre. Tu voudrais qu'on fasse quoi de beau ?

Tandis que je vais pour refermer derrière elle, j'aperçois à nouveau sa matrone à la fenêtre.

-Ella acepta que estoy contigo, me prévient Nora, avec une moue ravie. (Elle est d'accord pour que je sois avec toi).

Comme pour appuyer ses propos, l'ancienne lève la main pour me saluer. J'arque les sourcils, agréablement surprise. Je la surprends même à esquisser un rictus, qui pourrait prouver, si l'on démontre par A + B, que toutes ces expressions faciales révèlent d'un certain engouement vis-à-vis du fait que je m'occupe de sa gamine.
Rétrospectivement, je lui retourne la politesse. Ensuite, je reviens à Nora, qui, accoudée à la table, me demande pour cuisiner.
Dès lors, jusqu'à 13h, nous concoctons de bons petits plats. Elle chante à tue-tête, renverse de la farine partout et fait voler les poils du chat (réapparut alors qu'on l'avait pas sonné, celui-là) en le caressant et en lui grattant le croupion. Je dois donc l'inciter à aller se relaver les mains, pour ne pas pourrir notre recette.

Lorsque Nora s'en va (bien trop tôt à mon goût), je la remercie de sa visite. Je n'exagèrerais rien en disant avoir passer un excellent moment. C'était complice. D'ailleurs, à force d'en avoir sourit, j'en aie mal aux joues.

Si seulement ça pouvait continuer sur cette lancée..!

*
En fin d'aprèm, les nuages s'accumulent dans le ciel mais l'atmosphère demeure irrespirable, si bien que la chaleur fini par avoir raison de moi. Je suis sèche comme une brindille et rester devant le ventilateur n'y change rien. L'air est étouffant. Je me blâme de ne pas encore être capable de supporter ce climat.

TROIS GANGS POUR UN COEUR A PRENDREOù les histoires vivent. Découvrez maintenant