〰Atterissage maestria〰

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L'hôtesse nous annonce l'arrivée imminente à l'aéroport, et nous prie de rejoindre nos sièges attitrés. Je me plie aux consignes et contemple le paysage qui défile par le hublot. Mes mains sont enserrées aux accoudoirs, de telle sorte que mes phalanges blanchisses. Je suis carrément stressée à la perceptive de poser le pied sur le sol Mexicain. J'ignore encore ce qui m'y attend réellement.

L'avion amorce sa descente, puis se pose sur la piste sans accros. Les passagers applaudissent et par pur conformisme, je fais de même. L'hôtesse nous demande alors de rester encore quelques instants assis, jusqu'à ce que l'appareil soit totalement arrêté. Je respire profondément, tentant de chasser cette angoisse grandissante qui me noue le ventre.

L'avion s'immobilise enfin tandis que je galère à détacher ma ceinture. J'attends que l'allée désemplisse, puis récupère mon sac à dos et prends la poudre d'escampette, non sans passer devant l'équipe de pilotage, qui nous souhaite un bon séjour à Mexico. A l'extérieur, le soleil est agressif, l'air étouffant, la chaleur insupportable. Je traverse au pas de course la passerelle, et accède à l'endroit où sont déchargés nos bagages. J'attrape à la hâte tout mon bazar et rejoint le hall de l'aéroport, me faisant sans cesse bousculer de toutes parts. Les zones d'embarquements sont bondées, et dans la foule, je tente de repérer le visage de ma pseudo guide, laquelle j'ai contacté afin qu'elle m'oriente dans les favelas, contre rémunération, évidemment. Je m'avance plus encore à travers cette masse de corps, suintant la transpiration. Au loin, j'aperçois une fille de quatre ans mon ainée, qui tient fermement une pancarte, sur laquelle est inscrit mon prénom en majuscules noires. Je progresse rapidement, tandis que la grande brune continue de scruter le hall avec attention. Lorsque j'apparais dans son champs de vision, elle fronce les sourcils et semble hésiter quant à la démarche à suivre. Finalement, elle abaisse son écriteau et viens à ma rencontre. Par la suite, elle me tend une main amicale.

-Aglaia Sanchez, se présente-elle poliment. Mais on me surnomme Donnie.

-Capucine Owen, enchantée.

Elle se contente d'opiner du chef et d'esquisser un faible sourire avant de m'indiquer la sortie.

-Oui, allons-y, j'acquiesce.

Elle s'élance, d'une démarche assurée, alors même que sa longue robe fleurie devrait réduire l'amplitude de ses mouvements. Je peine  à suivre la cadence, avec tout le business que je trimballe derrière moi. Malgré le fait que je doive faire gaffe où je mets les pieds, j'ai du mal à la lâcher des yeux. Ses longs cheveux qui ondulent sur ses épaules et qui terminent leur course au bas de son dos, me donnent envie d'y glisser mes doigts pour jauger de leur douceur. Elle possède également une silhouette longiligne, qui abrite des épaules musclées mais féminines, sans compter une poitrine généreuse et un cou gracieux, cerné d'une panoplie de pendentifs. Autrement formulé, c'est une belle jeune femme, qui, selon moi, semble avoir du caractère. Le genre de nana qui doit forcément plaire aux hommes.

Au bout d'un temps, Donnie se retourne pour voir où j'en suis dans mon empêtrement, et me fait signe de me dépêcher.

-Désolée de te presser, s'excuse-t-elle, mais j'ai laissé ma voiture sur un emplacement qui n'en était pas un. J'me passerai volontiers d'une amende.

On franchit en quatrième vitesse les portes coulissantes, jusqu'à déboucher sur le trottoir. Quelques taxis sont stationnés à leur place privée, mais je n'ai pas franchement le temps d'observer les alentours, que Donnie pointe du doigt un 4x4 gris métallique, fort reluisant, immobile entre deux pots de yaourts; les pneus du cul de la voiture sur la route, et l'avant encombrant délibérément l'espace des piétons. J'arque les sourcils sous l'audace et le "sans-gêne" de Donnie.

TROIS GANGS POUR UN COEUR A PRENDREOù les histoires vivent. Découvrez maintenant