Lui Et Sa Fille

5

Ce matin je me réveille aux côtés de Camille. J'ai mal à la tête. Je sors de mon lit et je vais au salon.
-Bonjour ma beauté. Me dit Bea.
-J'ai mal à la tête maman.
-Oh tu as fait la fête toi.
-Oui.
-C'était comment?
-Ça va.
-Ta mère t'as appelé?
-Oui...
-Ça s'est mal passé?
-Je lui ai raccroché au nez et la seconde fois que mère m'a appelé, je n'ai pas eu le temps de répondre.
-Pourquoi?
-Un garçon m'a suivie car je suis allée me balader un peu. Puis je me suis assise sur un banc pour réfléchir un peu. Dis-je en souriant.
-Et... il est mignon ce garçon?
-Il m'intrigue. J'ai l'impression qu'il connaît plus de chose sur moi que moi-même.
-C'est à mon tour. Dit le docteur Khool en sortant de nul part.
-Mon dieu! Je ne suis pas en tenue. Dis-je.
-Est-ce que vous souhaitez vous changer pour notre entretien?
-S'il vous plait.
-Je vais vous attendre. Me dit-il en souriant.
-Maman? Est-ce que tu peux servir quelque chose à boire à Monsieur?
-Bien-sûr.
-Je n'en aurai pas pour longtemps. Veuillez m'excuser.
Je file dans ma chambre enfiler une robe légère. Je me doucherai après. Ce docteur ne cessera donc jamais de me surprendre...

Je retourne au salon et je trouve le docteur sur le canapé. Il a un verre d'eau gazeuse devant lui.
-Je vous prie de m'excuser. Dis-je en m'assayant à côté de lui.
-Est-ce que tu veux quelque chose? Me demande Bea.
-Je veux bien quelque chose pour la tête s'il te plait maman.
-Je t'apporte ça ma belle.
Le docteur sourit.
-Je ne savais pas que vous l'appelez ainsi. Me dit-il.
-Vous ne savez peut-être pas tout de moi alors. Cela fait pourtant une dizaine d'année que je vous parle.
-Cela ne signifie rien mademoiselle. Nous en reparlerons plus tard. Alors. Quelle est cette histoire avec ce garçon?
-Bien... je ne sais pas exactement. Je ne pense pas que ce soit une bonne personne pour moi.
-Qui pense ça? Vous ou votre père?
-Je ne sais pas. Je... sûrement père.
Je baisse la tête
-Ce que pense votre père vous préoccupe toujours autant. Comment s'est passé votre séjour chez vos parents?
-Comme d'habitude vous savez.
-Ré-expliquez moi.
-Enfin presque comme d'habitude.
-C'est-à-dire? Que s'est-il passé?
-Pendant le repas, nous avons évidemment parlé de mes études. Mais pour mon retour en France, mon père m'avait emmené à l'aéroport. Au dernier moment je... je suis allée dans ses bras en lui demandant de me prendre dans les siens. Mais... il m'a repoussé.
Je replie mes jambes sur moi-même et pleure dans mes genoux.
-Ça vous a blessé?
-Oui. J'ai l'impression qu'ils ne m'aiment pas. Je suis simplement la fille qui va prendre la suite de son père. Ça me fait mal là. Dis-je, la main sur le coeur.
-Pourquoi est-ce que ça vous touche autant?
-Je... J'aimerais juste une fois que mes parents me prennent dans leurs bras.
-Qu'est-ce que vous faites quand vous rentrez en France?
-Comme d'habitude je rentre ici et j'appelle maman depuis le salon et quand elle arrive je vais dans ses bras.
-Maman c'est en France et mère c'est à New York. C'est bien cela?
-Oui.
Bea arrive et m'apporte un verre d'eau. Je suppose qu'une aspirine se trouve à l'intérieur, mais je me sens mieux de parler au docteur.
-Merci maman. Dis-je à Bea.
Elle me sourit chaleureusement et repart.
-Pourquoi l'appelez-vous maman? Me demande le docteur.
-Car elle m'aime et joue le rôle d'une mère avec moi.
J'avale rapidement le contenue du verre que je n'aime vraiment pas.
-Au final, vous avez besoin d'amour.
-J'aimerais que mes parents s'intéressent un minimum à ma vie privée.
-Est-ce que vous n'auriez pas besoin de vous trouver un petit-ami?
-Où voulez-vous en venir?
-Je ne sais pas. Je vous pose une question.
-Mohamed n'est pas mon petit ami et il ne le sera jamais. Nous ne sommes pas fait pour être ensemble.
-Qu'est-ce que vous pensez de ce garçon?
-Il est très gentil mais je... non.
-Qu'y a-t'il?
-Je ne sais pas ce qu'est l'amour, mais je ne ressens rien de spécial pour lui. Il peut peut-être être un ami, mais rien de plus à mon avis.
Je remarque que je ne pleure plus.
-Pourquoi l'avez-vous en tête alors?
-Je ne sais pas. Hier quand j'ai vomi suite à l'alcool que j'ai bu, il était là. Il m'a aussi proposé de me donner des cours pour réussir à envoyer balader mère. Dis-je amusée.
-Vous aimeriez envoyer balader votre mère?
-Lui dire ce que j'ai sur le coeur oui. Mais... je n'y arriverai jamais.
-Et pourquoi ne pas essayer?
-Je ne connais pas ce garçon.
-D'où est-il?
-Du 15ème arrondissement.
-Vous faites une différence?
-J'ai peur d'aller le voir seule.
-Vous pouvez peut-être vous rencontrer dans un lieu public avec votre garde du corps.
-Oui.
-Vous êtes curieuse n'est-ce pas?
-Oui. J'aimerais voir à quoi ressemble son monde.
-Comment voyez-vous son "monde"?
-Moins aisé.
-Pourquoi?
-Il m'a souvent dit que je suis une bourgeoise hier. J'aimerais savoir ce qu'il est, où est-ce qu'il l'est et comment vit-il.
-Alors vous pouvez vous rencontrer. Cela ne vous tuera pas.
-Vous avez sûrement raison.
-Mais?
-Mais cette idée me dépasse.
-Pourquoi?
-Je ne sais pas. Je... enfin... je ne sais pas.
-Vous avez un blocage?
-Je crois. Mais je ne sais pas quel est-il.
-Je vous propose de terminer cette séance sur ça et de nous revoir un peu plus tard pour la suite afin de vous laisser réfléchir à la question.
-D'accord.
-Quand souhaitez-vous me revoir?
-Que me proposez-vous?
-Je pense que deux semaines serait bien.
-D'accord.
-Lundi matin dans deux semaines. Mais si vous devez vraiment me parler, vous pouvez m'appeler.
-D'accord merci docteur.
-Bonne journée mademoiselle.
-À vous aussi.