Lui Et Sa Fille

8

Je me dirige vers les cabines d'essayage. J'entre dedans et souffle un bon coup avant d'essuyer le coin de mes yeux.

-Eh. Ça va? Demande Mohamed à travers le rideau.
-Laisse moi s'il te plait. Lui demandé-je gentillement.
-Est-ce que je peux entrer? Me demande Camille.
Je lui ouvre le rideau à elle.
-Qu'est-ce que tu as? Me demande-t-elle à voix basse.
-Toujours le même problème. Dis-je.
-Justement. Je ne le connais pas ce problème.
-Et même si je devais t'en parler, cela ne se ferait pas dans une cabine d'essayage avec deux hommes qui écoutent sûrement.
-C'est pas vrai. On écoute pas. Dit Nekfeu. Par contre ma fille va pas tarder à sortir de l'école donc si tu pouvais te dépêcher.
Sa fille?
-Tu... tu as une fille? Lui demandé-je.
-Ouais. Le mec sans coeur qui te fait chier a une fille. Me dit-il.
-Quelle chance... soufflé-je.
-Pourquoi?
-Hm? Euh... pour rien.
Elle va sûrement avoir une enfance drôle et sans prise de tête.

J'enfile les vêtements puis Camille ouvre le rideau pour que je sorte.
-J'ose pas bouger. Dis-je.
-Pourquoi? Demande Mohamed.
-Je me sens opressée dans le jogging. Dis-je.
Nekfeu me tend sa main et me fait tourner.
-Ah ouais beau cul. J'avais raison. Dit-il. Plus sérieusement ça te va bien mais tu devrais essayer un legging plutôt. Me dit-il. Tu te sentiras peut-être plus féminine. C'est la bonne taille sinon?
-Ça me serre un peu. Avoué-je.
-J'te ramène un leggings une taille au-dessus.
Il part.
-Mohamed? Il ne serait pas un peu lunatique ton ami?
-Il t'a détaillé ça y est. S'il est sympa c'est parce qu'il commence à t'apprécier.
-Ça va un peu vite non?
-D'habitude il lui faut deux jours. Voir trois. Me répond-il en riant.

-On va rester dans le Nike je pense. Dit-il en me tendant un pantalon noir avec écrit "Nike" en blanc dessus.
-Merci.
-Tout se passe bien? Demande la femme qui travaille ici.
-Oui merci.
J'essaye le legging et je ressors.
-Alors? Tu te sens comment dedans?
-C'est plus collant non?
-Ouais mais regarde dans le miroir. Ça te va bien je trouve. Me dit-il.
-Je confirme. Dit Camille.
-C'est vrai que ça te fait un beau cul quand-même. Dit Mohamed en riant.
-Vous parlez de mes fesses là non?
-Il est possible, éventuellement que nous soyons actuellement en train de discutailler de votre postérieur en effet mademoiselle... euh... s'interrompt Nekfeu.
-Syrielle. Dis-je.
-Ton nom de famille.
-Sourdier.
-Ça me dit quelque chose...
-C'est possible.
-Il y a pas une Sophia dans ta famille?
-Euh... si. Ma... "mère".
-Elle fait quoi dans la vie?
-Rien. Dis-je en secouant la tête.
Il me fixe et me fait un sourire comme s'il savait qui est ma mère.
-Tu... tu la connais?
Il hoche la tête, honteux.
-Tu peux le garder pour toi? Me demande-t-il.
-Toi aussi s'il te plait. Lui demandé-je.
-J'ai qu'une parole. Dit-il en me montrant sa main.
Je la lui serre.
-Un check la miss. Me dit-il.
-Oh...
Je lui frappe maladroitement dans la main.
-Bon je vais pas tarder. Ça t'dis de m'accompagner? J'ai un peu honte...
-Et je suis affreusement gênée.
-C'est quoi le truc en fait? Demande Mohamed en riant.
Je secoue la tête en regardant Ken.
-T'as vraiment cru que j'allais te parler de ça? Lui demande Ken avec une pointe d'humour.
-Quoi? Vous vous connaissez? Demande Camille.
-Non.
Ken me regarde interrogatif.
-Tu... tu es le seul qui... enfin je veux dire...
-J'te connais à peine qu'on s'échange des secrets. Me dit-il en riant presque.
Je me rhabille dans la cabine et ressors rapidement.
-Camille. Donne tes vêtements. Dis-je
-Tu payes? Me demande-t-elle en souriant.
-Avec MON argent. Dis-je en regardant Ken. Tu sais, je gagne ma vie sans avoir besoin de mon père.
-Je t'ai... étudié. Me répond-il. Je crois que j'ai compris deux-trois trucs.
-Du coup vous voulez quelque chose? Leur demandé-je.
-On verra bien ce que l'avenir nous réservera. Me dit Ken.
Je m'approche de son oreille.
-Je suis loin d'être comme ma mère Ken. Ne t'attends à rien.
-C'est pas du tout c'que j'voulais dire. Me répond-il. Non, non. C'était un test. Mais du coup... au pire on en parle plus tard. Tu connais juste pas ma musique. Je suis déçu.
Je paye et Ken et moi partons de notre côté.