☃️
Enfin arrivés à Gap pour le shooting, je sors du taxi en enroulant bien mon écharpe autour de mon cou. Hors de question que j'attrape la crève avec cette température glaciale. Il ne manquerait plus que je me chope un rhume de la mort et que mon nez triple de volume. Bordel ce qu'il fait froid ! Je vois Kévin, resté muet depuis notre départ, qui enfile son sac de voyage sur l'épaule et le regarde ahuri.
– Et ma valise ? Elle va sortir toute seule du coffre ? demandé-je abasourdie.
– Euh... Oh... Euh... Okay...
Mon assistant se dirige vers l'arrière du taxi pour récupèrer ma grosse valise. Il me rejoint ensuite en essayant de la faire rouler sur les pavés enneigés. Je fais mine de ne pas le capter et commence à avancer vers l'entrée. Je l'entends pester doucement dans mon dos en traînant ma valise. Hé ouais chéri ! Je ne vais quand même pas me trimbaler ma valise jusqu'à l'hôtel ! Tu m'as prise pour qui ?
Je galère à marcher dans cette putain de neige avec mes talons. Il est où mon tapis rouge sérieux ? Avec ces conneries, je vais niquer mes Prada !
Enfin à l'hôtel, je me dirige vers l'accueil pour récupérer les clés de nos chambres.
– Bonjour, dit l'hôtesse d'accueil.
– J'ai réservé deux chambres pour VIP Magazine, dis-je.
– Ah oui... Euh... On a eu un petit problème...
Ouhhh je sens que ça va me plaire...
– Quel genre ? dis-je impatiente.
– Il y a eu une fuite dans la 25...
– Et bien donnez moi une autre chambre ! Il est où le problème ?
– Je suis navrée Madame, mais nous n'avons plus de chambre de libre. Nous sommes la veille de Noël.
Mais qu'est-ce que j'en ai à foutre moi de Noël ?!
– Mademoiselle ! dis-je offusquée par son "Madame". Vous êtes en train de me dire que je vais devoir partager ma chambre avec ce gnome ? dis-je en pointant mon doigt derrière moi et désignant mon assistant.
– Oui Mada... Mademoiselle. Je suis désolée.
– Bah vous pouvez être désolée ! C'est inadmissible ! Donnez-moi ma clé, ordonné-je.
Je saisis alors la clé portant le numéro 24 et fonce vers l'ascenseur sans calculer Kévin. Je l'entends qui me suit sans broncher, toujours en tirant ma grosse valise. Putain, je hais déjà cette journée ! Déjà, qu'on est le 24 décembre...
Super ! Génial ! Magnifique ! J'adore !
Mais qui a eu cette putain de bonne idée de Noël ?! Le con qui a pondu cette merde devait sûrement être défoncé au crack ! Il s'est dit : tiens si on faisait chier toute la planète en les bloquant deux jours entiers avec des gens qu'il ne peuvent pas se piffrer ! Si on balançait un vieux gros bonhomme barbu en pyjama rouge au milieu. Et si ce vieux voyageait en traîneau dans le ciel avec des rênes volants.
Putain, et tous les mioches qui croient que ce cher Père Noël passe par les cheminées pour poser les cadeaux sous le sapin. Et même s'il n'y a pas de cheminée, il laisse quand même ses maudits paquets. Et ça, ça n'étonne personne ! Non en vrai, le Père Noël c'est Superman c'est ça ? Quelle bande de cons ! Je crois quand même que le comble, c'est pour les chrétiens. On fête l'anniversaire du petit Jésus, celui qui est miraculeusement apparu né de la vierge Marie. Bah voyons, encore une qui s'est faite sautée par le voisin et qui n'a pas voulu assumer. Remarque, vu l'époque, je la comprend. Parce qu'avec le nombre de mec que je me suis tapé, j'aurais déjà été brûlée vive sur le bûché.
Et comme si ça ne suffisait pas, il faut aussi supporter ces tonnes de repas de famille tous aussi barbants les uns que les autres. Se coltiner la vielle tante Ginette qui radote les mêmes conneries. Écouter les déballages publics de tous les frustrés de la famille. Et surtout, souffrir à chaque braillement de mioche à l'ouverture des cadeaux. Bordel ! Donnez-moi une guirlande lumineuse que j'aille me pendre avec ! En plus, c'est le deuxième Noël sans ma tante Miranda. Putain j'entends déjà les pleurnicheries d'ici. Elle au moins, elle me sauvait chaque année la mise. On prétextait devoir bosser sur un dossier et on allait se bourrer la gueule jusqu'à pas d'heure au bistro le plus proche encore ouvert.
Une fois dans la chambre, j'observe la déco gerbante aux couleurs de Noël. Bordel, ils ont même mis un putain de sapin ! Manquerait plus qu'ils m'aient foutu une crèche dans un coin aussi ! Je tente de faire abstraction et regarde ensuite le lit double qui trône au milieu de la pièce et soupire en levant les yeux au ciel. Mon regard se porte ensuite sur Kévin qui lâche ma valise à roulettes devant la petite cheminée.
– Ne t'en fais pas... Le gnome va dormir par terre, fait-il.
Ah, ça c'est une bonne initiative, bravo Kévin ! Tu n'es pas si con pour une fois !
– Je ne voyais pas les choses autrement.
❄
Arrivés à l'auberge où va se dérouler le shooting, j'ordonne à Kévin d'aller me chercher un café et un pain au chocolat. Il se repointe plus d'une heure après les mains chargées.
– Une heure ! Il t'as fallu une heure ?!
– Pardon Shirley. Mais je me suis perdu. Tiens, dit-il en me donnant le café à emporter.
– Et en plus il n'a pas le sens de l'orientation ! Tu es définitivement une cause perdue mon cher Kévin.
Je bois une gorgée du café qu'il m'a apporté et lui recrache le tout en plein visage.
– Bordel mais t'es vraiment incapable ma parole ! Depuis quand je bois mon café sucré ?!
– Tiens ta chocolatine ! dit-il en me collant mon pain au chocolat sur la poitrine.
Non mais il a cru que je vivais dans La petite maison dans la prairie celui-là ?! Chocolatine ?! On dit pain au chocolat débilos !
– J'en ai ma claque de me faire insulter tout la journée ! J'en ai ras le bol de me faire gueuler dessus sans arrêt et sans raison. T'es jamais contente ! Et j'en marre de jouer au petit toutou ! Je n'ai pas signé pour ça ok ?!
Ah bon ? J'ai oublié de l'inscrire sur son contrat ? Note à moi même : ajouter une clause qui stipule que le lynchage public et en privé est toléré.
Nan mais il lui prend quoi à celui-là ? Une paire de couilles lui a poussé à la boulangerie ou quoi ?
– Oh on redescend Moreli ! Tes petits malheurs tu peux te les garder ! T'as tes règles ou quoi ? Et si tu n'es pas content, je ne te retiens pas ! Alors maintenant, tu vas me chercher un autre café sans râler, ou je te cherche un remplaçant compris ?
– Ouais c'est bon. Je ne suis pas encore totalement con !
Ça, c'est toi qui le dit !
– À la bonne heure, dis-je à Kévin qui me tourne déjà le dos. Bon, et les mannequins ? Elles s'en sortent ou faut que je vienne les habiller ? crié-je au photographe.
Misère ! On n'est pas rendu !
VOUS LISEZ
Silent Night
ParanormalConcours Christmas Award 4 mains avec @aerisswm Shirley Vicomte, garce number one déteste les gens, la famille et par dessus tout, a horreur de Noël et tout ce qui va avec. A l'approche des fêtes de fin d'année elle est bien décidée à jouer les sorc...