Silent Night

11. Un pas en avant

☃️

Et le voilà qui s'est évaporé. Encore, un... Logiquement, après le passé et le présent, je m'attends à avoir la visite du futur, si Miranda n'a pas menti. Pourquoi elle aurait menti  d'ailleurs ? Assise dans le canapé, une coupe à la main, je patiente. De toute manière, ils n'ont clairement pas l'intention de me laisser dormir alors autant picoler un coup. 

Je me mets soudain à réfléchir et me rends compte que je n'avais jamais prêté réellement attention au gnome. Ce petit con aux deux pieds gauches, aurait en réalité le béguin pour moi ? Ça me fait une belle jambe, lui et moi, faut pas rêver. Kévin le geek, et Shirley Vicomte... 

Je me surprends à repenser au lycée, là où nous nous sommes connus il y a plusieurs années. Revenir en arrière avec Sophie m'a montré que Kévin avait déjà des sentiments pour moi à cette époque, alors que je n'avais d'yeux que pour ce looseur de Bryan. Mais comment peut-il aimer une fille comme moi ? Enfin, bien-sûr, je peux comprendre qu'on tombe amoureux de moi, mais lui ? Je ne lui avais même jamais adressé la parole, sauf pour l'afficher devant tout le monde. Ce mec est totalement maso !

Perdu dans mes pensées, j'entends la fameuse porte qui claque. Allez, c'est reparti ! Je me retourne et découvre une vieille dame. J'ai l'impression de l'avoir vu quelque part, mais impossible de savoir où. Fichu champagne ! Je perds la boule !

- Bonsoir Ô grand esprit du futur. Allé Doc, emmènes-moi dans ta Deloreane et partons dans le futur. Vers l'infini et au-delà !! fais-le poing levé.

Je m'approche d'elle, prête à lui prendre la main.

- Ne me touche pas la pimbêche, tu t'es regardé ? Tu n'es même pas maquillé en plus ! Tu ne ressembles à rien.

Non mais qu'est-ce qu'elle a la vieille ?  Elle est en pleine ménopause, ces hormones la travaillent ? Je me retiens de lui sortir une remarque sanglante alors qu'elle, elle ne se gêne pas.

- Bon et sinon, t'es qui toi au juste ?

- Bah je suis toi ! T'es devenue bigleuse en plus d'être une garce ?

Au même moment, j'étais en train d'avaler une gorgée de champagne, mais impossible de retenir le fou rire qui me gagne et lui recrache le tout en pleine face.

- Non mais t'es sérieuse ?

Le moi, moche et vieux, se met en pétard. On dirait que de la fumée va lui sortir des oreilles et que sa tête est prête à exploser sur les murs.

- Bon allé, donnes-moi ta fichue main qu'on en finisse.

Ma main tendue vers elle, je n'ai qu'une envie : que tout ce cirque soit enfin terminé et pouvoir m'allonger une bonne fois pour toute dans mon putain de lit !

Une fois le brouillard habituel dissipé, je me retrouve devant une jolie maison blanche de quartier.

-  Sais-tu où nous sommes ?

Là je suis sûre de moi, je ne suis jamais venue ici et lui indique d'un signe de tête.

- Entre.

Aucun risque de tomber sur ma mère, mon père ou je ne sais qui dans cette baraque. J'entre et découvre Kévin devant un sapin de noël, qui porte un de ces horribles pulls avec un cerf dessus. Mais étrangement, je ne le regarde pas de la même manière que d'habitude. Il a l'air changé, moins fermé, et aussi plus vieux. Je m'approche de lui sagement. Merde, c'est qu'il est canon le gnome dans le futur. Un petit marmot court dans le salon, passant à travers moi.

- Hé du calme !!!! dit Kévin en souriant au troll.

-   Papa !!!!

Papa ? Je regarde Kévin lancer le mini gnome dans les airs, heureux. Oui, il a l'air heureux. Un nouveau sentiment me submerge alors, mais cette fois-ci je le connais bien, je suis en colère. Voire même, jalouse. 

Une jolie jeune femme brune au ventre arrondi arrive près de lui. Kévin lui dépose ensuite un baiser sur la bouche. Ils ont l'air si heureux tous les trois ensembles, formant une parfaite famille. Quelque chose que je n'ai jamais connu et que j'envie malgré moi. Oui, je crois bien que je suis jalouse...

- C'est tellement triste que ta mère ne soit plus là pour voir ses petits enfants ouvrir leurs cadeaux.

Mince, Kévin a perdu sa mère...

-  Je sais... Mais ce que je regrette le plus, c'est de ne pas lui avoir dit au revoir.

-  Au moins, ça t'a servi de déclic pour démissionner. Sans ça tu serais resté encore sous les ordres de cette garce.

On parle de moi là ou je rêve ? On ne vous a pas dit que c'était mal de parler des gens qui ne sont pas là  ?

-  Oui mais si seulement j'avais pu avoir ce putain de train, j'aurais pu lui dire adieu. Tu sais Mia, c'était terrible d'apprendre ça au téléphone sur le quai de la gare.

- Je sais mon cœur, je sais.

Elle le console. Sa mine triste me fend le cœur. Son visage se ferme et ses yeux semblent s'éteindre. Si j'avais écouter Kévin ne serait-ce que deux minutes, j'aurai compris la situation et je ne l'aurait pas forcé à m'accompagner. Mais comme toujours, j'ai été égoïste, et aveugle.

❄❄❄❄❄
A demain pour les 3 derniers chapitres 😉