4. Champagne !

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Mon soda non sucrée enfin en mains, je regarde le shooting des starlettes à deux balles déguisées en Mères Noël. C'est pitoyable ! On dirait une vraie pub bon marché, c'est affligeant.

– Stop ! On arrête et on recommence ! Les dindes, faites un effort et essayez de paraître sexy. Ce n'est pas comme ça qu'on va réussir à vendre le magazine. Et mettez en valeur les chaussures ! Même si c'est vos nibards qui vont faire vendre le journal, ce n'est pas ça qu'on achète mais bien ces putains chaussures.

Ma remarque me fait rire. J'adore traumatiser les pauvres midinettes de mode. Je suis quasiment sûre qu'en les traitant de dindes, ces bécasses taillées en 34 iront se faire vomir dès la fin du shooting. Kévin à mes côtés me regarde d'une mine effarée et dégoutée ! Bah quoi, j'ai dit que je n'étais pas gentille, pourquoi changer ?

– T'as un problème ? lui dis-je d'un ton acerbe.

– Je n'ai rien dit, me répond-il du tac-o-tac. 

Non mais sérieusement, l'air de la montagne lui monte à la tête. Va vite falloir qu'il redescende !

Je continu d'inspecter la séance, et c'est beaucoup mieux. Preuve que j'ai bien fais de pousser ma gueulante. C'est moi la professionnelle après tout, je ne suis pas la dirigeante pour rien. En fin de matinée, je commence à avoir sérieusement la dalle, et je cherche Kévin du regard pour qu'il se démerde à me trouver quelque chose à manger. Malheureusement, ce couillon est introuvable. Mais où est passé cet abruti ?

– Kévin ?!!!!!

Malgré mes hurlements, mon assistant n'est toujours pas là ! Merde, je n'ai aucune envie d'aller me peler le cul à "perpèt' les bains" pour trouver à manger. J'ai super faim putain ! J'arpente les pièces de l'auberge à sa recherche quand j'entends une voix familière dans l'une des chambres qui sert de loge. Discrètement, j'écoute à la porte pour entendre ce qu'il s'y dit.

– Je suis désolé papa. Moi aussi j'aurais aimé être là, mais c'est mon travail... Tu sais très bien que c'est compliqué. J'ai besoin de cet argent... Je sais...

Merde, cette conversation va me faire gerber, et vu ma remarque aux mannequins, il doit y avoir une queue de dix kilomètres aux chiottes. Du coup, rien à battre, j'ouvre la porte, et le dérange pendant sa conversation.

– Je ne te paie pas pour passer des coups de fils pendant le travail Kévin !

– Mais Shirley, ma mère....

– J'en ai rien à foutre de ta mère ! Ça pourrait être le Pape ou bien le Président de la République que ça serait pareil ! Va me chercher à manger avant que je ne m'évanouisse.

Je l'entends bougonner quelque chose d'incompréhensible dans sa barbe. Cet idiot commence vraiment à mettre mes nerfs à rude épreuve.

– Tu as quelque chose à dire ?

– Ah parce que maintenant j'ai le droit de parler ?!

Ça y est le pré-pubère, qui a je crois le même âge que moi, mais qui ressemble à un adolescent qui n'a pas encore mué, me refait sa crise. Putain, il ne va pas recommencer ?!

– J'en ai ras le cul de tes remarques, de tes ordres à tout bout de champs, je n'ai pas été embauché pour ça !

Quand je dis qu'il faut absolument que je le rajoute à la fiche du poste... Il ne va tout de même pas me répéter ça sans arrêt ?

– Oh on se calme le gnome ! Tu sais à qui tu parles ? N'oublies pas que tu manges grâce à moi petit con sans reconnaissance.

– Oui, je sais parfaitement à qui je m'adresse. Je parle à la plus grosse garce de la terre, voire de toute la galaxie ! Je suis d'ailleurs presque sûr que même sur Mars ils ont envie de te mettre des tartes ! Ça suffit ! Je me tire !

Grosse ? Il a osé me traiter de grosse, mais je vais l'étriper celui-là ! Il passe devant moi sans même un regard, le souffle irrégulier et fort, comme s'il avait frôlé la crise cardiaque avec sa tirade. Mais quand il arrive au bout du couloir, il se retourne pour me fixer. Ce que je peux voir dans son regard fait froid dans le dos. Une rage insoupçonnée grandit en lui. Jamais je n'ai vu Kévin Moreli dans cet état. Et ce regard aussi colérique, je n'ai pu le voir qu'une fois, rien qu'une seule. Et cette simple constatation a le don de me mettre encore plus en pétard.

– Joyeux Noël, crache-t-il. En espérant que celui-ci soit le plus terrible de tous !

– C'est ça, Amen !!! Toute façon, je n'ai pas besoin de toi ! crié-je en le regardant partir

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– C'est ça, Amen !!! Toute façon, je n'ai pas besoin de toi ! crié-je en le regardant partir. Et tu peux te le foutre au cul ton joyeux Noël !

D'ailleurs, son "joyeux noël" m'a plus fait penser à une malédiction qu'autre chose. Comme s'il m'avait jeté un mauvais sort. Sors-toi ça tout de suite de la tête Shirley, on n'est pas dans un mauvais téléfilm de TF1 ! Et entre nous, ce Noël-ci ne pourra pas être pire que les autres. Le pire Noël de ma vie est déjà passé il y a bien longtemps. Alors cet apprenti donneur de leçons peut bien remballer ses remarques !

Je rentre à l'hôtel alors qu'il est près de 21 heures, et comme je n'ai toujours pas mangé, et ne souhaitant pas attraper la grippe ou je ne sais quoi, je me fais livrer directement par le room service. Malheureusement pour moi qui ne souhaitait manger qu'une salade verte, ils ne proposent qu'un menu unique, celui du repas de Noël. Du coup, je n'ai pas le choix, mais je prends tout de même une bouteille de Champagne avec. Je ne vais tout de même pas me laisser abattre.

À peine quelques minutes plus tard, un employé de l'hôtel, blond du style un peu Nordique m'apporte ma commande. Pas mal ce petit sosie de Ken. Je peux faire Barbie si tu veux...

– Rejoins-moi après ton service beau gosse, dis-je aguicheuse.

Ses joues s'empourprent et il bégaie presque pour me répondre. Bof bof... Tant pis, pour me faire sauter, il n'a pas besoin de parler de toute façon. Le repas est dressé sur une petite déserte argentée. Je me saisis ensuite du plateau et vais m'installer au coin de la petite cheminée. Foie gras, cuisse de dinde et marrons ont été disposés de façon très soigneuse dans l'assiette. Moi, je voulais juste une putain de salade verte, pas un truc de mille calories. Du coup, je ne mange qu'un toast de foie gras et descends la bouteille de Champagne très rapidement. Après tout, le Champagne est la boisson alcoolisée la moins calorique. Et puis, c'est la fête il parait non ?

Allé, cul sec !

Silent NightOù les histoires vivent. Découvrez maintenant