6. Esprit es-tu là ?

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Je ferme les yeux, comme un gosse de trois ans qui joue à cache-cache, et je me dis que si je ne la vois plus elle disparaîtra. Comme quand on croit voir un monstre dans sa chambre et qu'on se cache sous la couette en attendant qu'il parte.

Je ne me rappelle même pas m'être assoupie. J'ai l'impression d'avoir dormi deux jours entiers. Super la gueule de bois que je vais me taper ! Je suis réveillée par une porte qui claque violemment. Putain, ne me dites pas que Kévin est de retour ! Vu mon mal de tête, je ne pourrai pas supporter ses bavardages bien longtemps. Quand mes yeux s'ouvrent en grands pour me laisser  affronter le gnome, je me rends compte qu'il n'est même pas encore minuit. Merde ! Moi qui pensais avoir dormi plusieurs heures, je me suis simplement endormie une petite demi-heure.

- Kévin ??? C'est toi ??? braillé-je.

Personne ne me répond. Je me lève alors et pars en direction de la salle de bain, la seule et unique pièce qui a une porte. Rien, personne. Que dalle quoi... J'ai dû rêver, ou bien l'hôtel est vachement mal isolé et je peux entendre mes voisins. Prions pour ne pas entendre une partie de jambes en l'air. Je retourne donc vers mon lit, prête à me rendormir. Mes yeux se ferment sans tarder et j'entends de nouveau une porte claquer. Là je suis sûre je n'ai pas rêvé, et vu le bruit assourdissant, impossible qu'il s'agisse d'une autre chambre ! Rebelote, je vérifie une nouvelle fois, mais il n'y a toujours rien ni personne dans cette fougue chambre. Je vérifie également la porte d'entrée et m'assure que celle-ci est bien fermée à clé. Par acquis de conscience, je l'ouvre et regarde dans le couloir. Pas un chat... Bordel mais c'est quoi cette merde ? Je fais comme dans les films et mets une chaise contre la poignée de la porte d'entrée, vérifie tous les recoins de la chambre d'hôtel et regarde même sous le lit, sait-on jamais. Mais il n'y a personne, mise à part moi. Après plusieurs minutes de recherches intensives, et un mal de crâne à me faire exploser la cervelle, je retourne me coucher, et garde les yeux bien ouverts.

BAM !

La porte de la salle de bain se ferme de nouveau, toute seule ! Mais c'est quoi cette histoire ?

– Halloween c'est fini les gars ! dis-je complètement saoulée.

Je compose ensuite le numéro de l'accueil, prête à taper une gueulante ! La connasse est de retour.

– Vous allez bouger votre cul tout de suite ! Il y a un problème avec ma porte, elle se claque toute seule...  Et non je n'ai pas rêvé, je vous vois venir.

– Je suis navrée mais personne n'est disponible. C'est Noël et le personnel est restreint.

– Quoi, personne ne peut se déplacer ? On est le soir du réveillon de Noël, oui je le sais, mais vous savez quoi ? Je m'en tape ! Envoyer quelqu'un tout de suite ! crié-je en raccrochant au nez de l'écervelée au bout du combiné.

–  Ce n'est pas comme ça qu'on parle aux gens.

Je sursaute en entendant quelqu'un parler dans mon dos. Mais quand je me retourne, je ne vois toujours personne. Putain, ça ne va pas recommencer !

–  Qui est là ?

Une grosse fumée se dessine devant moi, et se transforme peu à peu en une silhouette, une grosse silhouette. Elle me dit vaguement quelque chose d'ailleurs...

–  On se connaît ? lui demandé-je intriguée.

–  Non, mais tu connais la personne dont j'ai pris l'apparence.

Prendre l'apparence ? C'est quoi encore ce bordel ? En tout cas pour les effets spéciaux, elle est vachement douée ! J'aurais juré qu'il n'y avait personne quelque minutes plus tôt. Pourtant sa tête, sa voix, tout d'elle m'est familier, mais comme ça je n'arrive pas à me représenter qui c'est, je sais que je commence à perdre la boule ce soir, mais j'ai quand même généralement une bonne mémoire.

Elle me tend la main que j'hésite à prendre.

–  Viens avec moi, on va faire un petit tour.

–  Ah parce que tu crois que j'ai que ça à foutre ? Je suis fatiguée, j'ai envie de dormir, fous-moi la paix.

Sa main toujours tendue vers moi, elle n'abandonne pas.

–  Viens te balader avec-moi, et je te laisserai tranquille ensuite.

Après tout, si j'accepte, je pourrais enfin décuver et finir ma nuit tranquille, et oublier toutes ces conneries. Je pars en direction de mon armoire, mets un manteau, et cherche une paire de chaussures adaptées. Moonboots, basket ou talons  ?

–  Je mets quoi ? demandé-je.

Le machin rigole comme un âne. Quoi ? J'ai une tronche de clown maintenant ? Je ne pense pas avoir dit quelque chose de drôle.

–  Ne t'en fais pas, pour ce voyage tu n'auras rien besoin de tout ça, prends juste ma main.

Elle me fatigue à parler comme le gourou d'une secte. Mais si ça se trouve, c'est ça ! Elle veut m'emmener dans une secte. Je réfléchis un instant, mais finalement je prends ça main quand même.  Si ça se trouve, je suis en plein rêve ! Arrêtes de te poser des questions Shirley, une fois fait, tu pourras enfin dormir. Ou te réveiller... Enfin bref...

Nos mains entrent en contact, et je me sens tout d'un coup très lourde, très fatiguée, comme si je subissais une anesthésie générale. Merde elle m'a drogué ?

Silent NightOù les histoires vivent. Découvrez maintenant