Chapter 42 : Solitude involontaire

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ANTHONY

Cela fait maintenant trois jours que je campe au journal. Je fais semblant d'avoir du travail à finir et j'attends que tout le monde ai quitté les lieux, pour ensuite prendre possession de mon nouveau foyer. Je dors sur le canapé de mon bureau, enfin... quand j'arrive à trouver le sommeil. De temps en temps, Daniel vient me déposer ce dont j'ai besoin. Je prends mes repas au restaurant et me douche à l'appartement lorsque je sais que je n'y croiserais pas Amelia. Il n'y a qu'Emily qui soupçonne quelque chose car elle quitte le bâtiment à des heures tardives et elle m'y voit tôt le matin.

J'ai honte de la façon dont je me suis comporté après cette soirée au British Museum et je sais qu'Amelia n'est pas prête à me pardonner... Mon mariage est à ses prémices, mais il y a déjà eu tellement de hauts et de bas. Pour me rassurer, je préfère penser que nous nous ajustons à nos caractères afin de pouvoir véritablement vivre heureux et en paix dans le futur. Cependant, avec les récents évènements, cette période d'harmonie tant désirée, semble ne pas être pressée à faire son apparition.

Je fais tout ce que je peux pour m'occuper l'esprit. Je prends tout les sujets qui peuvent avoir un attrait journalistique et y consacre des articles. J'ai bouclé mon agenda d'une quantité impressionnante d'interview, mes autres journalistes n'ont pratiquement plus rien à faire ! Je me surprends à me dire, que si Colin avait été là, il aurait pu tout arrangé. Il a ce don de faire tampon et de pouvoir juste être là. C'est ça qui me manque le plus, sa présence... Depuis qu'il est partie, je n'ai plus d'ami. Il a toujours été là et en toutes circonstances. Lorsque ça s'arrangera avec Amelia, nous irons lui rendre visite, cela ne fait qu'un mois et demi qu'il est installé à New York, mais j'ai l'impression que c'est une éternité !

Mary frappe à mon bureau avant d'ouvrir la porte.

— J'y vais monsieur. Vous avez encore besoin de moi ? Me demande-t-elle, devant l'encadrement de la porte.

— Non, ça ira. Merci, Mary. À demain.

— Vous êtes sûr ? Je peux rester encore un peu. Je sais que vous rentrez tard ces jours-ci, je peux vous aider afin que vous soyez chez vous plus tôt ? Dit-elle en me regardant avec insistance.

— Non, ça ira, je vous ai dit. J'ai presque fini de toute façon. Dis-je, légèrement agacé.

— Bon. D'accord. Au revoir Mr Winston. Dit-elle déçue, avant de quitter la pièce.

C'est une secrétaire très efficace, mais un peu envahissante sur les bords. Je comprends ce qui a plus à Amelia lorsqu'elle l'a choisie, elles ont la même pugnacité ! Je décide de me remettre à la rédaction de mon interview avec ce footballeur professionnel, qui a été sélectionné pour la première fois en équipe national. Malgré tout, je n'arrive pas à me concentrer car on frappe une nouvelle fois à ma porte.

— Je vous ai dit que je n'avais besoin de rien Mary ! Criais-je à travers mon bureau.

La porte s'ouvre et j'y vois apparaître Isabella. Je ne m'attendais pas à sa visite et je ne la souhaitais pas non plus.

— Isabella ? Que fais-tu ici ? Dis-je, sans contenir mon étonnement.

Elle ferme la porte derrière elle, tout en jetant nonchalamment son sac sur le canapé.

— J'étais dans le coin et je me suis dit, pourquoi pas venir te

saluer ? Je ne suis jamais rentrer dans les locaux d'un journal. Dit-elle, en enlevant son manteau.

— Et bien, comme tu vois, il n'y a rien de vraiment excitant. Dis-je, toujours assis à mon bureau.

— À part toi, bien sûr. Dit-elle, d'un ton enjôleur.

Je la regarde fixement, comprenant immédiatement ses petites minauderies.

— Écoute Isabella, j'ai du travail, je n'ai pas le temps de papoter avec toi.

— Je ne suis pas venue papoter. Dit-elle, en s'asseyant sur mon bureau à côté de moi, laissant sa robe remonter jusqu'en haut de ses cuisses.

— Tu as rencontré ma femme à la soirée n'est-ce pas ? Lui signifiais-je sans détour.

— Oui et alors ? Dans mes souvenirs la monogamie n'a jamais été ton truc.

— Si tu as vu ma femme, tu peux comprendre que ça l'est devenu ! Avec elle, la monogamie est loin d'être une contrainte.

— Arrête Anthony, je te connais. Il n'y a que toi et moi dans ce bureau, tu n'as pas à jouer au mari épris en ma compagnie. Dans mes souvenirs, tu ne te faisais pas prier pour une partie de jambes en l'air.

Je me lève de mon bureau, pour m'éloigner d'elle, mais elle m'attrape le bras.

— Lâche-moi Isabella. Ne rends pas les choses plus difficiles qu'elles ne le sont. Dis-je, en essayant d'être le plus calme possible.

— Embrasse-moi. Tu te souviens comment c'était entre nous ? À quel point on prenait notre pied... Dit-elle, dans un souffle.

— Tu n'as donc aucun amour propre ? Ce que tu me proposes ne m'intéresse plus.

— C'est ce qu'on va voir...

Elle m'embrasse brusquement, couvrant ma bouche de ses lèvres, en entourant ses bras autour des miens. Elle essaie de forcer le barrage de mes dents avec sa langue, lorsque j'entends un bruit derrière la porte. J'en profite pour la repousser violemment.

— Arrête immédiatement Isabella ! Dis-je, avec agacement.

— Tu es fou ! Qu'est-ce-qui t'arrive ? Dit-elle, surprise.

— Je ne veux pas de toi ! J'aime ma femme, alors va-t'en, s'il te plaît.

Elle me regarde, déçue et vexée.

— Va en enfer ! Dit-elle, avant de prendre ses affaires et de claquer la porte derrière elle.

Je ramasse les feuilles tombées à terre lors de notre échange puis les posent sur mon bureau. J'ai un moment de lucidité en effectuant ce simple geste et je me rends compte, que je n'ai rien à faire ici. C'est au près de ma femme que je dois être, au près de Lia.

Son livre, je m'en fou ! Elle est avec moi, elle m'aime et me l'a prouvée à mainte reprise. Le petit numéro d'Isabella n'a fait que me confirmer ce que je savais déjà : elle a changée ma vie ! C'est à moi à présent de lui montrer qu'elle a fait le bon choix en m'épousant. Les paroles de Jane me revienne en mémoire : Amelia, lorsqu'elle aime, elle donne tout sans jamais rien demander, alors que vous, vous ne faites que prendre sans jamais rien donner.

Je dois lui faire démentir ce constat, dès à présent ! C'est à mon tour de tout donner sans attendre d'elle quoique ce soit ! Je ne veux pas qu'elle souffre par ma faute, je ne veux pas être celui qui est à l'origine de son tourment.

Peut importe ce qui ce passera entre nous, nous nous en sortirons toujours. Il n'y a pas de raison que cette fois-ci, nous ne trouvions pas de solution. Il y a toujours une solution...

The Women of the Family - Tome 1 : AmeliaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant