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Bon, alors... par quoi commencer?

Des jours et des jours de pur plaisir s'étaient écoulés, mais pour les autres uniquement. Pour ma part, je m'étais contenté de rester dans ma chambre. En dehors de la sécurité des potentielles – dont je n'avais plus à me soucier puisqu'elles avaient chacune regagnée le chemin de leurs villes natales – et de Dawn, je n'avais réussi à me réjouir de rien d'autre. Ni même de notre victoire. Le fait d'avoir sauvé le monde ne m'avait rien apporté à part une médaille de plus dans ce domaine, et dans un sens, elle ne me revenait aucunement. Elle était à Spike, cette médaille. Pourtant, les gens s'étaient bousculés pour me remercier et me féliciter pour cet exploit. J'aurais tant aimé que Spike soit à ma place. J'aurais aimé qu'on l'accueille comme un champion, un héros. Qu'on le voit tel que moi, je le voyais.

Depuis la totale guérison de ma blessure au ventre, je ne réussissais plus à me nourrir correctement. En quelques semaines, j'avais perdu un peu plus de dix livres. Mon emploi du temps se résumait à dormir, me laver et boire. Par chance, je n'étais pas la seule à avoir abusé de l'alcool. Chez Wolfram & Hart, c'était la fête jour et nuit. Faith avait même donné la permission de boire à Dawn ! Mais bon, je n'avais pas la force de contredire qui que ce soit.

De mon côté, je me contentais d'une demi-bouteille de bourbon par soir. L'odeur de l'alcool me rappelait le parfum de Spike. En général, j'étais tellement à l'ouest après le coucher du soleil que je m'esquivais dehors pour enchaîner les clopes avec ma compagne de patrouilles et nouvellement de beuverie ; Faith. Au début, ça lui avait fait un vrai choc. Puis, il lui avait fallu peu de temps pour relier mon abus d'alcool à la mort de Spike. Je ne savais pas trop si ça me faisait plaisir ou pas. Ce n'était pas le fait qu'elle l'ait remarqué, mais plutôt qu'elle ait été la seule à s'en être rendu compte. Willow et Alex étaient trop gais et euphoriques pour ça, et c'était sans parler de Giles. Une vraie plaie ! Un soir, il avait tellement bu qu'on aurait dit un adolescent. J'avais commencé à me demander si Ethan n'était pas dans le coin avec ses barres de chocolat ensorcelées.

Alors que j'étais dans ma chambre, comme à mon habitude, Faith apparut dans l'entrée de celle-ci en poussant la porte d'un geste de la main.

— Tu viens t'en griller une ?

— Non, ça... Ça va aller. Je vais m'en passer, marmonnai-je.

— C'est toi qui vois, lança-t-elle d'une voix suggestive avant de s'éloigner dans le couloir.

Je refermai les yeux. D'un coup, je pensai qu'elle revenait, mais non. Les bruits de pas que j'entendis s'approcher de moi étaient beaucoup plus lourds. Tout à coup, je me sentis honteuse à l'idée que quiconque ait pu me voir dans cet état. Outre le fait que je venais tout juste de me rappeler que j'étais assise par terre, adossée contre mon lit.

— Je vais t'aider à t'allonger, me chuchota une voix masculine.

J'ouvris les yeux et ceux-ci devinrent ronds en apercevant le visage soucieux d'Angel. Il passa son bras autour de ma taille avant de me soulever. Sans plus attendre, il me posa sur le matelas.

— Ça va aller ? s'inquiéta-t-il, encore et toujours.

Je me contentai de hocher la tête. Il prit place à côté de moi en soupirant et écarta mes doigts afin de déloger la bouteille de bourbon que je tenais encore dans ma main.

— Tu devrais arrêter de boire pour ce soir.

— Je suis assez grande pour savoir quand m'arrêter !

— Je vais dire au barman de l'hôtel d'arrêter de te servir.

Même si, au fond de moi, je savais qu'il disait ça pour mon bien, je ne pus m'empêcher d'éprouver de la colère. Je me redressai, et malgré mes vertiges, je tentai de le regarder fixement.

— Je... Je te jure que tu vas te prendre mon poing dans la figure si tu fais ça !

— On reprendra cette conversation une fois que tu seras un peu plus sobre, rétorqua Angel en m'incitant à me rallonger.

À peine avais-je eu le temps de cligner des yeux qu'il se dirigeait déjà vers la porte de la chambre. Et soudain...

Paf! Un flash.

J'eus l'impression de revivre cette scène dans la maison de cet inconnu, à Sunnydale. Ce moment où je pensais que j'étais au plus bas. Cet instant où je pensais que tous mes amis m'avaient abandonnée. Ce moment où je m'étais abandonné moi-même. Ce moment où Spike m'avait fait la plus belle déclaration d'amour que personne ne me ferait jamais.

Sans que je ne puisse m'y opposer, je revis cet instant ainsi que les paroles qui s'étaient extirpées de ma bouche ce soir-là :

Spike, tu peux... rester ici?

Néanmoins, je ne savais pas que je les avais dites à voix haute. Ce fut pour cette raison qu'Angel se retourna vers moi, confus.

— Excuse-moi ?

Non. Je veux dire... ici. Tu me prends dans tes bras?






Conséquences - Partie 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant