Conséquences - Partie 1

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— Radiohead ?

— Non.

— Tu ne connais pas Radiohead ? m'ahurissai-je.

— Si, mais c'est beaucoup trop grotesque, fit Spike d'un air détaché.

Je lui lançai un regard consterné à travers le miroir accroché face à moi qui me donnait une vue panoramique des deux rangées de bancs.

— Grotesque ? Tu parles ! rétorquai-je. Tu n'as aucun goût, voilà ce que je pense !

Il eut un petit pouffe de rire arrogant, et il poursuivit ses recherches désespérées d'un paquet de clopes dans les poches de son manteau en cuir.

Cela faisait près d'une heure que Spike et moi étions sur la route, discutant de choses apparemment grotesques. Même si j'étais comblée par son retour et sa présence, je ne pouvais pas m'empêcher de m'inquiéter vis-à-vis de ce que mijotaient les autres chez Wolfram & Hart. À peine deux minutes après avoir pris la fuite, j'avais hésité à faire demi-tour afin d'aller m'expliquer sur la situation et essayer de faire en sorte que les autres comprennent que Spike était bel et bien... Bon, d'accord, pas vivant à proprement parler, mais réel, du moins.

Je regardai la carte que Robin avait préalablement rangée près du tableau de bord avant la bataille. Quand je réalisai tout le chemin qu'il nous restait, je soupirai.

— J'espère que tu as encore d'autres sujets de débat en stock, parce qu'on est loin d'être arrivé.

— Seulement si mes doutes sur les compétences de Rupert en est un.

Je lui lançai un sourire amusé à travers le rétroviseur, secouant la tête afin de désapprouver. Si seulement il fallait que Giles soit témoin de ça. Je pouvais le visualiser, front plissé et lunettes retirées.

— Tu crois que lui et les autres m'en voudront ? dis-je, soudain morose.

— Je vais te dire ce qui va se passer, amour. Tu vas retrouver cette foutue amulette, Willow va faire le nécessaire pour me remettre en un seul morceau, et pour une fois encore, ce sont eux qui seront désolés de ne pas t'avoir cru.

— Je ne voudrais pas nous porter la poisse, mais j'ai comme l'impression que ce ne sera pas aussi simple que tu le prétends ! lançai-je avec sarcasme. Ce n'est pas comme si tu te transformais en fantôme tous les jours ou peu importe ce que tu es, solide ou pas...

En entendant ces trois derniers mots sortir de ma bouche, je me bloquai et changeai l'expression faciale qui, jadis, adoucissait mon visage. Sans que je puisse y faire quoi que ce soit, je me mis à bafouiller :

— Heu, non ! Enfin... Je voulais dire matériel ! Matériel !

Je me défilai de son regard glacial à travers le miroir et me concentrai tant bien que mal sur la route de béton sur laquelle nous roulions à vive allure.

— J'aimais bien le terme que tu as utilisé juste avant, fit-il d'une voix moqueuse. Même si c'est grotesque en ce qui me concerne.

— Tout est grotesque pour toi, Spike.

Il rit. Ce foutu rire qui m'avait toujours autant énervée. Alors que le silence planait, il se contenta de sortir une cigarette du paquet qu'il avait enfin déniché avant de se la caler entre les dents. Toutefois, elle ne tarda pas à reprendre place dans le fond de sa boîte en carton quand Spike réalisa qu'il ne trouvait pas son briquet. Je ricanai secrètement en l'entendant jurer. Il abandonna bien vite son envie de fumer et se consola en venant s'asseoir sur le banc derrière moi, en toute innocence. Il tripotait rageusement sa cigarette éteinte d'une main et caressait mes cheveux de l'autre, veillant à ne pas passer sa frustration sur moi. Je m'en fichais, à vrai dire. Rien que le fait qu'il puisse me toucher me donnait des papillons dans l'estomac.

— Tu veux bien arrêter ? lui dis-je d'un ton réprobateur en gigotant mes épaules quand sa main atteignit mon cou. Je voudrais éviter que tu disparaisses encore une fois. Tu devrais plutôt garder l'énergie que tu as pour m'accompagner.

— Je vois. Et si tu avais le choix, que voudrais-tu que je fasse de toute cette énergie, amour ?

J'inspirai gravement.

— Pas ce à quoi tu penses, soupirai-je en continuant de fixer la route avec attention.

Il rit. Encore.