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— Je n'y crois pas ! lâchai-je, estomaquée.

À quelques kilomètres de Sunnydale, nous tombâmes sur une station-service. Une découverte qui nous laissa sans voix. Je songeai qu'il existait encore des personnes plus disjonctées que nous pour vouloir se faire un quelconque profit dans ce coin perdu.

Je stoppai l'autobus scolaire et descendis, toujours en compagnie de Spike. Il était resté très silencieux à la suite de mes avances, au petit matin. Je savais pertinemment que si ça avait été plus loin, il s'en serait voulu de m'avoir désiré de cette manière. De mon côté, je m'en voulais de lui avoir toujours interdit. Je n'arrivais pas à concevoir l'idée que nos recherches ne mèneraient peut-être à rien et qu'à un moment, il serait aspiré par le néant sans que je puisse y faire quoi que ce soit. C'était cette appréhension qui me donnait l'envie de ne plus rien nous interdire.

Il y avait toujours cette tension à couper au couteau entre nous. On ne savait jamais ce qu'il pouvait arriver et aucun de nous deux ne savait de quelle manière agir. Si je tentais des avances, allait-il me repousser ? Et si Spike tentait quelque chose, allait-il s'excuser d'avoir essayé ? Pour finir, ce dilemme nous rendait immobiles et muets de conversation ou de gestes démonstratifs d'affection.

J'entrai dans la station-service et remarquai qu'un vieil homme nichait derrière le comptoir.

— Bonjour, me lança-t-il.

Je lui souris en retour, tout en restant prudente. Spike ne tarda pas à me chuchoter un mot pas du tout rassurant à l'oreille.

Bizarre.

— Comment ça ? chuchotai-je.

On est à quelques kilomètres de Sunnydale qui est maintenant un cratère sans vie, et un vieillard s'occupe seul d'une station-service.

Je jetai un coup d'œil furtif vers le caissier qui semblait occupé à vérifier des factures, et j'ajoutai dans un soupir :

— En tant que fille qui a presque tout vu dans le domaine du bizarre, c'est... bizarre.

Fais gaffe, amour.

— Toujours.

Je lui échangeai un regard rassurant et me mis à déambuler entre les allées de la tabagie. Mon instinct me poussa à regarder plusieurs fois vers l'avant du magasin, mais quand je remarquai que le gérant était toujours aussi pris par sa paperasse, je lâchai l'affaire. Dans la section des frigidaires, je tombai sur quelques sandwichs prêts et emballés. J'en pris un, question de reprendre des forces et je continuai mon chemin vers l'allée des boissons.

Tu sais que la conduite en état d'ébriété est illégale? plaisanta Spike qui semblait être apparu à côté de moi. Tu es devenue une vraie alcoolique, ma parole!

Je ris en lui donnant un coup à l'épaule.

— Je peux vous aider ?

Je me retournai, prête à envoyer un coup de poing, mais en apercevant le vieillard m'aborder avec ce sourire si sage et bienveillant, je me ravisai. Pire encore, je me sentis très gênée, sachant qu'il m'avait probablement vue rire toute seule comme une idiote.

— Non, ça va. Merci.

— C'est pour une soirée en amoureux ? demanda-t-il d'un air amusé. Je vous conseille un bon vin plutôt qu'une bière. C'est bien plus romantique.

Sans réaliser ce qu'il venait de dire sur le moment, je rétorquai d'une moue choquée et embarrassée :

— Oh non ! Il n'est pas mon petit ami...

Je m'arrêtai. Il voit Spike?

— Vous... ? bégayai-je.

Il n'est pas humain, lança Spike en scrutant notre interlocuteur de haut en bas.

— Oh, mais je suis tout ce qu'il y a de plus humain ! Quoique, j'ai été un adepte de la sorcellerie dans mon jeune temps.

Spike s'empressa de se rapprocher de moi, tel le protecteur qu'il était. Sa main empoigna mon bras et je sentis qu'il était prêt à me sortir de là, peu importe ce qui se passerait.

Nous ne sommes pas des fanatiques des sorciers loufoques, ajouta mon vampire avec des yeux menaçants.

L'homme leva les mains, lui signalant qu'il ne cherchait pas les problèmes. Toujours aussi amical, il s'esclaffa :

— Et moi qui croyais que les jeunes étaient tous adeptes de la magie !

Il retourna derrière son comptoir tout en marmonnant et en rigolant tout seul. Je me retournai vers mon allié qui semblait tout aussi surpris.

— Pourquoi Willow ne m'a pas vu ? Et pourquoi le Roi des torturés non plus ? s'exclama-t-il, employant ce stupide surnom pour désigner Angel.

— Il y a peut-être un lien entre l'amulette qui augmente ton énergie au fur et à mesure qu'on s'en approche et le fait que les gens puissent te voir ?

Je me réjouissais, bien sûr. Néanmoins, je savais que dans tous les cas, il n'y avait que Willow pour nous aider, amulette ou pas.



Conséquences - Partie 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant