Le temps sembla s'écouler différemment, dès lors, comme si les battements de mon cœur paniqué s'étaient mis à faire passer le temps pour un petit joueur, lent et surtout aisément rattrapable. Je ne savais plus quoi penser et que faire, tandis que la bosse réveillée qui gonflait les draps ne semblait pas vouloir disparaître. Elle était même du genre à me narguer, me forcer a paraître sale, et surtout elle montrait sûrement ce désir que j'avais ressenti dans mon rêve. C'était un désir doux pourtant, rien de charnel, je ne d'ailleurs jamais rien désiré de charnel. Alors... pourquoi? Je savais que cela arriverait bien un jour mais lorsque mes amis en parlaient ils avaient l'air agacé sur chaque matin cette partie de leur corps semble s'éveiller. Moi je ne le remarquais jamais, trop pressé d'aller me mettre au travail pour compter les jours où mon corps semblait réagir normalement.
Ma main se desserra lentement de celle du Prince tandis que je m'étais reculé de son corps encore chaud de sommeil. Il ne rechigna pas et retira également sa main de la mienne pour mieux se redresser dans son lit. Il se mis en position assise et s'étira, pendant un instant j'avais cru qu'il ferait comme s'il n'avait rien vu.
« Ne t'en fais pas, je ne vais absolument pas juger cet instant. C'est absolument normal. C'est même très bien! Cela prouve que plus tard tu honoreras parfaitement ta femme. » il sorti du lit. « Tu sais, cela m'arrive aussi, à tout homme parfaitement constitué à vrai dire. C'est très intéressant d'ailleurs. Vois-tu, cela prouve qu'un désir vit en toi et qu'un jour il te faudra l'écraser. Et ce jour tu fera ton premier enfant. » il marcha lentement autour du lit et attrapa une petite jarre pleine d'eau où il trempa ses doigts fins.
« Une... Une femme... »
« Oui bien sûr une femme ! Que veux-tu d'autre? » il me regarda, comme s'il me sondait.
J'haussai les épaules.
« Bien. Je pourrais te présenter des jeunes femmes de ton rang. Elles cherchent un fiancé. Tu pourrais parfaitement les combler. »
« Mon Prince je... je ne vis pas pour me marier. Cela ne m'intéresse vraiment pas. »
« Quelle sottise! Tout homme cherche compagnie, c'est naturel. Tout homme cherche donc une femme avec qui perpétuer le nom de sa famille. »
À nouveau j'haussai les épaules avant de sortir du lit pour lui donner de quoi essuyer son visage qu'il venait de laver.
« Et au vu de la vigueur de cette érection, qui semble bien décidée à rester, je juge presque urgent de trouver femme. »Mon visage se mit immédiatement à rougir, mais pas de gêne, de colère. Je ne supportais pas l'idée qu'il puisse juger avant moi sur mon avenir conjugale. J'avais moi même décidé de ne jamais, absolument jamais, aborder la question avec ma famille ou qui que ce soit d'autre. Alors comment osait-il juger que telle ou telle femme conviendrait et que j'en serait heureux? Non ! Si je voulais trouver une compagne, je m'acharnerai à la trouver, et non pas à le servir dans la plus grande des politesse. Je n'ai jamais désiré l'amour, et je ne désire pas plus qu'une femme ne vienne à mes côtés pour s'occuper d'enfants et d'une cuisine pendant que j'apporterai le souper. Cela me semblait impossible à imaginer. Je ne voulais pas croire que moi, j'oserai enfermer une jeune fille dans un mariage forcé, que je séparerai peut-être un réel amour. C'était impossible.
« Mon Prince. Vous vous méprenez. Je ne cherche pas d'épouse. »
« Plait-il? » il se tourna et haussa un sourcil. Un soupir m'échappa.
« Ce que mon corps vous montre n'est rien d'autre qu'une réaction physiologique normale, qui prouve que je suis apte à me lier à une autre personne. Mais cela ne prouve aucunement que je désire un mariage arrangé, forcé, appelez-le comme vous le désirerez, mais cela ne changera pas le fait que je ne cherche pas d'épouse. »Il se redressa légèrement et posa un doigt sur son menton. Il le chatouilla lentement avant de sourire doucement. Cette fois ma colère sembla s'apaiser en même temps que ses traits étaient passés du sérieux à la totale jovialité. Il semblait soudainement très différent, il ressemblait à celui que j'avais vu dès le réveil et qui était amusé de ma gêne. Plus du tout celui qui, sourcils froncés et lèvres pincées, me disait apte à la reproduction, comme un étalon qu'on aurait voulu lier à une pure-sang. Il changeait rapidement, et du tout au tout, dans ses expressions, mais cela me convenait. J'aimais lorsqu'il était souriant, tendre et attachant, plutôt qu'autoritaire, même si sa fonction exigeait qu'il le soit. Cela expliquait sûrement pourquoi il avait toujours été si différent de ses frères, si peu attiré par la politique, par les études des cartes et des puissances étrangères. Lui, il avait la tête fourré dans un grand nuage de poésie et de tendresse. Et ce nuage, il emportait tout son entourage à l'intérieur, vous berçant de mots et d'expressions divines.

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Inkstone
FanfictionUn jeune prolétaire, durant la dynastie Joseon, se voit une magnifique occasion se présenter à lui. Il lui est proposé de prendre un emploi dans la résidence du prince. Ce prince est l'un des fils légitime du roi, mais la couronne ne lui étant pas d...