7.

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J'appuie sur le bouton de la machine à café avant de bailler une énième fois depuis que j'ai mis les pieds ici.

Je suis épuisée. Tout ce dont je voudrais, c'est m'allonger sur le sol et dormir. Si je n'ai pas fermé l'œil de la nuit, c'est parce que je voulais m'assurer qu'Harry dorme correctement. J'ai prié toute la nuit pour que ce genre de cauchemar ne vienne plus lui hanter ces nuits.

Et ce matin, je dois assumer.

Pour être honnête, je suis beaucoup plus aimable qu'hier; mes sourires sont vrais et j'arrive à travailler correctement sans tout casser ou sans me blesser. Aaron l'a remarqué et m'a fait un grand sourire qui voulait dire tant de choses.

« Oh, non, non, non! » mes mains se ruent sur la tasse de café, trop remplie, faisant donc couler du café partout sur le plan de travail autour de la machine.

Et bien. J'ai parlé trop vite.

J'attrape une éponge et j'essuie tout ce café le plus rapidement possible. Personne n'a rien vu, et personne ne verra rien. Ni vu, ni connu.

« Rose, tu peux aller chercher les commandes des salles du fond, s'il-te-plaît? Je dois– »

« J'y vais, ne t'en fais pas. » souriais-je à Jane en la voyant se battre avec ses tasses vides et son plateau.

Je m'exécute alors, m'avançant vers les "tables du fond", comme nous les appelons entre nous.
Une femme avec des cheveux bruns, arrivant jusqu'à ses épaules, est assise seule à une table en train de lire quelque chose sur une petite feuille qu'elle tient entre ses mains.

« Bonjour, » souriais-je aimablement en m'avançant vers elle, « vous désirez quelque chose? »

« Oh, bonjour. Un simple café, s'il-vous-plaît. » elle me renvoie mon sourire.

« Très bien. »

Je me tourne pour rejoindre le comptoir mais sa voix m'interpelle. Je me retourne donc vers elle. Elle penche sa tête pour regarder ce papier et elle la relève, plongeant ses yeux clairs dans les miens.

« Excusez-moi de vous déranger mais sauriez-vous, par hasard, où se trouve cette rue? » elle tourne la feuille de façon à ce qu'elle me fasse face, puis elle pointe du doigt une adresse.

Une adresse que je reconnaitrais entre mille. Je fronce les sourcils avant d'ouvre la bouche pour parler.

Mais aucun son n'en sort au moment où mon cerveaux se pose une question. Pourquoi cette femme, avec des yeux si clairs, qu'il me semblerait les avoir déjà vu quelque part, chercherait-elle a rejoindre la maison d'une personne que je connais bien? Très bien, même?

« C'est–je–non... Non, désolée. » m'excusais-je rapidement, mélangeant tous les mots quand je parle.

« Ce n'est pas grave, je trouverais. » elle hausse les épaules en faisant tomber son regard sur ce bout de papier.

Mon cœur se met soudainement à battre à vive allure et mes pieds me guident vers le comptoir en à peine quelques secondes. Je n'ai pas le temps de tout assimiler. Je n'ai pas le temps, et je ne le veux pas. Non. Ce n'est pas vrai. C'est simplement une coïncidence.

« Rose? » la main d'Aaron se pose sur mon épaule, me faisant sursauter, « tout va bien? Tu es toute pâle. »

Je fronce les sourcils et mes yeux restent bloqués dans les siens. Non, rien ne va. Tout va mal. Tout est mal. Bordel. Comment vais-je faire? Est-ce qu'il faut que je prévienne James? Aidez-moi.

« Est-ce que tu as besoin de prendre l'air? » entendais-je vaguement Aaron.

J'hoche la tête plusieurs fois et sans attendre, je retire mon tablier, prenant la porte du café pour sortir par l'arrière. Une fois le vent du début du mois d'octobre me percutant, je me mets à respirer pleinement malgré cette énorme boule dans mon ventre toujours présente.

thank you - hs. (II)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant