16.

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« Harry... » répétais-je à voix basse, dans l'espoir qu'il dise quelque chose ou simplement, qu'il me regarde. Mais rien.

Il n'est resté silencieux que quelques secondes. Mais c'était de longues et pesantes secondes où seulement des regards s'échangeaient.

« Je dois sortir. »

Son corps se lève soudainement, créant un grand vide en face de moi. J'ai à peine le temps d'attraper son poignet. Et quand j'y arrive, il le retire brusquement de mon emprise, me lançant un regard qui ne fait rien d'autre que de me monter les larmes aux yeux.

« Harry, reste– »

« Non ! Je t'interdis de m'adresser la parole ! » explose t-il, avec une voix enrouée, en se retournant face à Anne qui elle, avance d'un pas.

« Je ne v– »

« Va-t-en ! » crache t-il, sa mâchoire se serrant tandis qu'elle avance, encore et encore.

« Ça suffit, » intervient James en posant sa main sur l'épaule d'Anne pour l'arrêter, « tu dois partir maintenant. »

« Je ne peux pas... » souffle t-elle avant de se tourner de nouveau vers Harry qui semble perdre tout repère.

Les larmes dévalent ses joues quand il pose ses deux mains sur ses tempes, regardant partout autour de lui, en fermant les yeux. Mon cœur se déchire instantanément. Mes jambes bougent machinalement pour le rejoindre et me positionner devant lui.

« Ouvre les yeux, » le suppliais-je, ma voix se brisant sous cette vue qui m'horrifie. En à peine quelques secondes, sa vie à changée, « Harry, s'il-te-plaît. »

« Je– c'est– elle– »

« Calme toi, et respire, » je m'étonne à lui dire ce genre de chose alors que j'ai moi-même du mal à le faire.

« Anne, tu dois p– » James ne termine pas sa phrase, étant brusquement coupé par celle-ci, qui l'ignore complètement.

« Je suis là maintenant, Ha– »

« Non, non, non ! » s'écrie ce dernier en secouant la tête de nouveau.

Ce couloir qui était silencieux, il y a quelques secondes, est à présent, remplis de cris. Et je suis là, spectatrice de tout, sans rien pouvoir faire.

« Tu es morte ! » hurle Harry en pointant du doigt la femme en face de lui, « et tu le seras toujours ! »

« Laisse moi m'exp– »

« J'ai besoin d'un médecin ! »

Soudainement, la voix de Will fait écho dans tout le couloir, causant à mon corps de me retourner quand trois personnes se mettent à courir en direction de la chambre de Judy. Mes yeux rencontrent ceux d'Anne juste en face de moi, et elle ne met pas longtemps avant de les rejoindre à l'intérieur.

Mes pieds sont collés au sol, je suis bloquée, je n'arrive plus à bouger. Mes oreilles se mettent à déformer les sons que j'entends maintenant, très vaguement, et ma vision se trouble encore plus qu'elle ne l'était déjà.

Quand je me retourne pour regarder Harry, il n'est plus là, mais au fond du couloir, prêt à descendre les escaliers. James le rejoint en courant, tandis que je me retrouve seule au milieu de ce couloir, son silence maintenant remplis d'ordres d'un médecin, provenant de la chambre 562.

La porte étant ouverte, je m'avance, mon corps tremblant à chaque mouvement que j'ose faire. Je ne sais pas si j'en suis capable mais il le faut. Je dois être là pour elle, comme elle l'a été pour moi.

Jusqu'au bout, Judy.
Jusqu'au bout.

Mais le monde s'écroule quand mes yeux tombent sur le défibrillateur déjà enclenché, sur une table tout près du lit. Quand le médecin délivre le premier choc, je pose ma main sur la porte, pour m'aider à me tenir debout, sentant que mon corps est prêt à céder à tout moment. Je dois résister. Pour elle. Je dois le faire.

Bats-toi Judy, je t'en supplie.

Au second choc, mes yeux sont tombés sur Will qui est debout au fond de la salle, entouré de deux infirmiers qui semblent lui dire des choses que, malheureusement, je n'entends pas d'où je suis.

Ne nous laisse pas. Continues.

Quand le médecin délivre le troisième choc, un bruit strident envahit la pièce, me faisant retenir mon souffle pour, au moins, la dixième fois en cette soirée.

Anne se met à faire un massage cardiaque à Judy sous l'ordre du médecin tandis que je vois flou. C'est sûrement à cause de mes larmes, mais je ne vois presque rien. C'est comme si j'étais consciente de tout ce qu'il se passait, mais que je n'étais pas autorisée à parler ou à réagir. J'entends tout, mais je ne peux pas bouger.

Et d'un coup, Will se met à crier le prénom de Judy quand je le vois vaguement courir vers le lit. Mon ventre me fait affreusement mal et quand j'entends les paroles du médecin, c'est comme si j'avais obéit à mon corps. Comme si je lui avais laissé la liberté de s'effondrer.

« Je suis désolé. »

C'est pourquoi, quand je ferme les yeux, mes genoux cèdent, heurtant violemment le sol, avant que tout mon corps ne tombe complètement contre celui-ci.

thank you - hs. (II)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant