22.

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Rose.

Le jour est arrivé. Il le fallait, tôt ou tard. Je ne pouvais pas stopper le temps de toute façon. Je dois affronter cette journée et vaincre mon envie de rester dans mon lit à pleurer jusqu'à ce que je tombe d'épuisement. Je n'ai pas envie de voir des personnes qui auront pitié de Will et moi, et qui passeront leur journée à nous demander si tout va bien. Je m'y attends et m'en doute tellement que ça me rend folle rien que d'y penser.

Harry n'arrête pas depuis ce matin mais je ne peux pas lui en vouloir. Pas lui. Je me sens tellement coupable par rapport à ce que j'ai fais. Je lui ai littéralement fait comprendre que je voulais briser cette promesse. Et malheureusement, j'en ai envie. Je n'arrive plus à supporter tout ceci. L'absence de Judy est encore plus présente dans mon esprit et je ne supporte plus de décevoir sans-cesse les personnes autour de moi. Surtout si ces personnes s'appellent Harry.

Mais je ne peux pas me permettre de faire une telle chose. Je ne peux pas rompre cette promesse comme ceci. Je dois tout faire pour la tenir. Harry m'a promis une chose, il y a des mois de ça, et il continue, chaque jour, de me prouver qu'il se bat pour qu'il la tienne.

Et si jamais je cède, je brise non seulement ma promesse, mais aussi la sienne.

« Rose, c'est à toi... » la voix enrouée de Will me fait revenir à la réalité.

L'église.
Le discours.
J'avais oublié.

J'hoche la tête en me levant. Je rejoins rapidement le pupitre où est fixé un micro long et fin, et je déplie ma petite feuille, les mains tremblantes. J'ai tout écrit. Et je vais le dire. Je vais exposer mes sentiments à toutes ces personnes ici présentes.

Je croise le regard d'Harry qui me lance un faible sourire. Je lui renvoie, malgré le fait que ma conscience me crie de descendre et de m'enfuir le plus loin possible.

« Je n'étais pas préparée à ça; personne ne l'est, » débutais-je difficilement, la voix tremblante, « tu étais la dernière personne à laquelle je m'y attendais. Je n'y croyais pas. Tout était si confus, » je secoue la tête, « tu nous a laissé sans même nous avoir dit au revoir. Sans même nous laisser un mot, un signe, quelque chose. Tu es partie de la même façon dont la pluie s'en va quand le soleil refait surface. »

Ma vue se brouille légèrement mais je me retiens pour ne pas que ça empire.

« Tu m'as offert une enfance incroyable; tu es devenue celle qui me protégerait, quoiqu'il arrive. Tu m'as offert l'amour, la liberté, le partage et surtout, une famille. Will et toi m'avez offert une extraordinaire famille. »

Je regarde Will qui me sourit avant que des larmes ne roulent de nouveau sur ses joues. Comme pour me rassurer, mes yeux rencontrent de nouveau ceux d'Harry. Il me lance un sourire qui a l'air de dire: "continues, tu peux le faire". Son regard me redonne, d'une certaine façon, une force que je ne pourrait expliquer. C'est d'ailleurs ce qui me permet de continuer de parler sans que ma voix ne se brise.

« Je n'ai pas toujours été facile, et j'en suis terriblement désolée, » je fixe la petite feuille, n'arrivant plus à supporter le regard de toutes ces personnes, « j'étais simplement déçue de ne pas être ta vraie fille. Tu étais mon modèle dans tout, que ce soit à l'âge de mes cinq ou seize-ans. Je t'ai toujours admiré, pour tout ce que tu as fait. »

Une tâche ronde apparaît sur le papier, le mouillant et faisant baver l'encre du stylo utilisé. Je ne vois pas ce qu'il est écrit; je ne vois rien. Les larmes me bloquent et m'empêchent de voir correctement. C'est pourquoi je décide de dire ce que j'ai sur le cœur et d'en finir.

thank you - hs. (II)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant