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Je n'ai pas réussi à prononcer quoique ce soit, c'est pourquoi j'ai très brutalement ouvert la porte, et j'ai dévalé les marches pour sortir dehors. Je passe mes mains dans mes cheveux en les tirant vers l'arrière de ma tête, mes joues devenant mouillées à cause de toutes ces larmes versées en si peu de temps. Je pense que la fatigue, dû au fait que je n'ai pas dormit de la nuit, joue aussi dessus mais honnêtement, je n'en ai rien à foutre.

Je n'arrive pas vraiment à réaliser. Il le savait. Depuis combien de temps, d'ailleurs? Est-ce que l'appel téléphonique qu'il a reçu ce matin était à propos de ça? Ou est-ce qu'il est au courant depuis le jour où je suis allée à l'hôpital? Et dans les deux cas, pourquoi ne m'a-t-il rien dit?

« Rose, » sa main se pose sur ma taille mais je me tourne brusquement en reculant de quelques pas, loin de lui.

Il a dû descendre les marches très rapidement : il est tout essoufflé.

Je n'arrive même pas à parler. Des sentiments de colère et de trahison me parcourent toute entière, aggravant mes pensées dans mon esprit.

« Tu le savais, » soufflais-je, ma voix sonnant si basse qu'on pourrait croire qu'il ne s'agit que du vent.

« Je voulais t'en parler mais tout s'est fait très rapidement, et ce n'– »

« Tu le savais et tu ne m'as rien dit, » le coupais-je, toujours aussi bas.

Il soupire et fait un pas en avant en tendant sa main, mais je l'évite en reculant, encore. Le parking est assez grand, et surtout, vide. S'il veut que l'on joue à ça, la partie risque d'être longue.

« Comment as-tu pu me faire ça? »

« Je suis terriblement désolé, » répond t-il, juste avant que ses yeux ne se mettent à briller.

Ses excuses ne valent rien en vu de ce qu'il va se passer pour moi, ensuite. Mais, avant même que je ne puisse contrôler toutes ces émotions, la colère prend possession de moi, me faisant partir au quart en tour en à peine deux secondes.

« Tu peux garder tes excuses, » crachais-je, mes poings se serrant, faisant entrer mes ongles dans la peau de ma main, « tu m'avais promis ! »

« Et je le pensais ! » s'écrie t-il soudainement, ce qui ne fait que grimper cette colère qui bouillonne en moi.

« Tu mens ! Encore ! » m'écriais-je à mon tour, « sinon nous ne serions pas ici ! »

Il secoue la tête plusieurs fois avant de tourner sur lui-même en regardant le ciel bleu, éclairé par un léger soleil.

« Tu m'as promis, et je te faisais confiance ! »

« Je t'ai promis parce que tu n'étais pas censée aller dans ce putain de centre de merde ! » crie t-il en montrant l'énorme bâtiment derrière lui d'un brusque coup de main.

« Depuis quand es-tu au courant? »

Il fronce les sourcils tandis que j'appuie mon regard dans le sien, ne le quittant pas d'une seule seconde.

« Je t'ai posé une putain de question, » m'impatientais-je. À force d'entrer mes ongles dans la peau de ma main, celle-ci doit-être marquée maintenant. Mais je ne m'en préoccupe pas — ce n'est pas ce qui m'inquiète le plus.

« C'était seulement une suggestion, tu n'étais pas cens– »

« Réponds-moi ! » hurlais-je, mon pied frappant brutalement le sol au même moment.

« Depuis que tu es à l'hôpital ! »

Au moment même où je pensais que rien de pire ne pouvais arriver, ses paroles me brisent le cœur. Trois jours. Il le savait depuis trois jours, et il ne m'a rien dit. En trois jours, il savait que tout se passerait comme ceci, et même s'il dit le contraire, il m'est difficile, en cet instant, de le croire de nouveau.

thank you - hs. (II)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant