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Quand nous avons quitté son bureau, plusieurs idées me sont parvenues : simuler un malaise, m'enfuir en courant dans l'autre sens en prenant n'importe quel escalier — puisqu'il y en a partout — sans jamais me retourner, ou sauter par la fenêtre. Celle-ci était risquée c'est pourquoi je l'ai très vite supprimée de ma liste. Au final, je n'ai rien fait. Je n'avais rien à faire à part la suivre dans ces longs et larges couloirs de cet énorme bâtiment.

Quelques minutes plus tard, nous sommes arrivées devant deux grandes portes vitrées avec écrit au dessus, "département A" — le A faisant sûrement référence à Alcool. Je n'ai pas parlé durant toute notre longue marche jusqu'ici. J'ai attendu et j'ai écouté toutes ces pensées se disputer entres elles, dans mon esprit.

Vais-je être seule? Y aura-t-il des jours où je pourrais sortir d'ici? Est-ce que c'est vraiment deux mois, ou est-ce que c'est plus et elle n'a pas osé me le dire? Ma colocataire, va-t-elle aimable?

Ma tête va exploser.

« C'est derrière ces portes que vous allez commencer votre guérison, » Alice — j'ai décidé de l'appeler comme ceci maintenant — montre les portes d'un geste de la main, « vous y entrez aujourd'hui, et le jour où vous les passerez de nouveau, ce sera le jour de votre sortie. »

« Vivement ce jour. » marmonnais-je d'une voix très basse.

Quand elle pousse les portes, nous passons un petit couloir, avant que je ne découvre une grande pièce, possédant des murs de couleurs sobres, mais très décorés. De grandes baies vitrées habillent également un des quatre murs de la pièce, ouvrant celle-ci sur un jardin fleurit, ainsi que sur de grands arbres.

Cette salle est, à mon avis, la salle où tout le monde se regroupe pour pouvoir se parler entre les séances que chacun doit avoir avec le groupe de parole et son ou sa psychologue. C'est un peu comme une salle de détente ; il y a des ordinateurs à disposition, mais aussi une petite télévision en face de deux grands canapés. Un baby-foot est également disposé dans un coin, au fond de la salle.

« Bien, Rose, » à l'entente de mon prénom, je me tourne vers Alice, après avoir examiné chaque petit recoins de cette pièce, « je vais retourner dans mon bureau. Les chambres ne sont qu'à deux couloirs d'ici. Si vous ne trouvez pas, demandez, » elle hausse les épaules, « ce sera un bon moyen de faire connaissance avec quiconque ici. »

J'hoche la tête. Elle sourit avant de passer de nouveau les grandes portes. J'ai l'impression que l'autre côté de ces portes est un tout autre monde, à présent. Je suis effrayée à l'idée de ne jamais les repasser. Et si je n'y arriverai pas? Comment vais-je faire?

Est-ce qu'il est possible de rester ici toute une vie? Parce que si la réponse est oui, il est hors de question que cela m'arrive. Je n'ai que vingt ans, je dois penser à peut-être — et comme tout le monde le rêverait — une vie de famille, et à un mariage? Un mariage. Quelle drôle de pensée. Je ne sais même pas comment ma vie de couple va se dérouler durant les deux prochains mois. Je vais restée clouée ici pendant que Harry sera dehors, à sûrement faire autre chose. Je sais très bien à quoi je pense quand je dis autre chose ; je ne peux pas lui en vouloir. C'est de ma faute si je suis ici, je l'ai mérité.

Et pour être très honnête, je ne sais même pas si je possède toujours une vie de couple après cette violente séparation.

« Hey, » une main se pose sur mon épaule, me faisant sursauter et me tourner légèrement sur le côté, « comment vas-tu? »

Je fronce les sourcils.

Un homme, aux cheveux blonds rasés sur les côtés de son crâne, me sourit de toutes ses dents. Ses yeux bleus dansent entre les miens à l'attente d'une réponse de ma part.

thank you - hs. (II)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant