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Le réveil n'était pas compliqué ; je n'ai pas fermé l'œil de la nuit. Je n'ai pas arrêté de me battre avec mon esprit qui me disait de ne pas accepter l'aide qu'on me proposait, tandis qu'au fond de moi, j'en voulais. Et j'en veux toujours. Je vais me faire aider. Je suppose que ce sont de bonnes pensées que je ressens aujourd'hui, comparé au début de cette semaine. J'ai tout simplement réalisé que je ne voulais plus passer à côté de ma vie à cause de cette nocive dépendance. Je n'en peux plus de décevoir les personnes que j'aime en faisant tout ça. Je veux qu'ils soient fiers de moi et que tout rentre dans l'ordre.

J'espère très fortement que cet état d'esprit restera longtemps avec moi et ne me quittera jamais, parce qu'en ce moment, c'est très rare que je me sente comme ça.

J'avais envie d'en parler à Harry mais il était au téléphone quand je me suis levée. Et il l'est toujours, d'ailleurs. Ça doit bien faire trois heures, il me semble, qu'il ne cesse de s'énerver contre la personne de l'autre côté du fil. Je l'entendais vaguement quand j'étais dans la salle de bain, et lui dans le salon, quand il haussait le ton en disant quelque chose comme : "ce n'est pas ce qu'on avait dit", ou quelque chose dans le genre. Je ne suis pas descendue pour ne pas le déranger, mais j'espère que ce n'est rien de très grave.

Nous n'avons pas parlé après notre dispute. À vrai dire, il s'est endormit peu de temps après être arrivé. J'ai dormi — ou du moins je suis restée — dans ses bras chauds toute la nuit pendant que je réfléchissais. Et il était la source première de toutes mes bonnes résolutions. Je vais me battre pour lui.

« Rose ? » m'appelle sa voix rocailleuse depuis le salon. Je sors de la salle de bain, où je m'attachais les cheveux en queue de cheval, et descends les escaliers.

« Je suis là. »

« Le psychologue a prévu un rendez-vous, » dit-il rapidement en mettant son téléphone dans sa poche. Mon cœur se met soudainement à battre plus vite.

Je ne dois pas refuser.
Je ne dois pas refuser.
Je ne dois pas refuser.

« Et a-alors? » demandais-je, mes mains se mettant à trembler quand il se déplace jusque dans l'entrée pour attraper son manteau.

« On y va. »

Je manque de tomber sur le sol.

« Q-quoi? M-maintenant? »

Sans dire un mot, il dépose mon manteau sur mes épaules. Il est énervé, c'est pourquoi il ne m'adresse aucun regard. Je suis totalement déstabilisée. Toutes les bonnes pensées que j'ai pu ressentir au cours de la matinée semblent avoir disparues ; je suis terrifiée.

« Tu as cinq minutes, » lance t-il fermement, « je t'attends dans la voiture. »

Et sur ces mots, il referme la porte derrière lui. Bordel de merde. Je ne peux pas. Je le dois mais je ne peux pas. C'est plus fort que moi. Mon corps est incapable de faire un mouvement tout comme mes pieds qui semblent fixés pour toujours contre sol. J'ai dit que je le devais, du moins pour lui.

Mais avant que je ne puisse m'insulter mentalement, la porte d'entrée s'ouvre, le révélant, les clés de la voiture dans les mains. Je me précipite à enfiler mon manteau — toujours en faisant attention à mon bras — mais sa main vient rapidement s'enrouler autour de mon poignet, me stoppant dans tous mouvements. Je n'ai pas le temps de réaliser ce qu'il se passe quand il tire sur mon poignet pour m'attirer contre lui, ses bras s'enroulant autour de mes épaules.

« Je suis désolé, » souffle t-il, une fois son visage niché dans mon cou.

Je ne réponds pas. Ce n'est rien. Je comprends qu'il soit sur les nerfs après ce coup de fil mouvementé. Je le suis aussi, même si ce n'est pas pour les mêmes choses. Je suppose que nous appréhendons tous les deux cette séance programmée si vite.

thank you - hs. (II)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant