Il est 20h30 lorsque j'arrive chez Shella. Je glisse ma main dans mes cheveux humides pour essayer de leur faire prendre une forme convenable. Je me donne quelques tapes sur les joues pour tenter de me motiver et de me réveiller un peu. Je pense à Mitzraël et à notre moment de complicité de ce matin. Après le fast food, nous sommes retournés au bahut. Mitzraël a carrément enlevé son jean en plein hall sans aucune gêne. D'accord, il n'y avait personne d'autre que nous, mais c'était risqué. Puis, je n'aurais probablement jamais enlevé mon jeans devant lui en ce qui me concerne. Je n'arrive pas à effacer de ma mémoire son caleçon noir et la rondeur de ses fesses. Je n'avais pas imaginé que les jeans qu'il portait pouvaient renfermer des fesses pareilles. Il est ensuite allé délaisser son vêtement mouillé de café dans sa case pour enfiler son short de sport. À peine venait-il d'enfiler son vêtement sec que la cloche a sonné pour annoncer la pause. On s'est vite retrouvé séparé, chacun de notre côté. Je croyais qu'il se présenterait aux autres cours de la journée puisqu'il s'apprêtait à assister au premier avant que je lui propose de sécher, mais il ne s'est montré à aucun cours du reste de la journée. Mitzraël est comme l'océan, imprévisible, empli de secret et de mystère. C'est d'ailleurs pour cette raison que je n'ai même pas sondé son absence.
Une main s'abat contre mon épaule me faisant sursauter.
– Tu comptes mâter la porte combien de temps avant d'entrer ? me lance Zayn d'un air moqueur.
Je lui fais une grimace et m'apprête à réfuter, mais je distingue une ombre à ses côtés. Pensant d'abord que c'est Maeva, lorsque je pose mon attention sur la personne, je me trouve en face d'une fille à la longue crinière brune et aux yeux bleus clair reluisant grâce à la lumière du porche d'entrée. Mon humeur s'éteint immédiatement, déjà qu'elle n'était pas énormément présente à l'idée de venir ici, cette fille a fait disparaître le peu d'enthousiasme que j'aurais pu avoir.
– Détends-toi Layten, c'est une amie.
Je braque Zayn des yeux. Je ne m'inquiète pas à ce sujet. Je vois à quel point il est amoureux de Maeva et qu'il semble être un mec fidèle, mais on ne ramène pas la sœur de Maxence qui a failli lever la main sur Eva si je ne l'avais pas arrêté. Et on ne ramène pas la sœur de Maxence à une soirée dont le mec, moi, qui se fait ridiculiser par ce dernier est présent. C'est une idée complètement inimaginable.
– Pourquoi t'as pas invité Maxence, t'en qu'à y être? J'aurais peut-être dû venir avec Mitzraël. Tient, je pourrais l'appeler, lancé-je comme si c'était la meilleure idée du siècle en sortant mon cellulaire de mes poches.
Zayn me jette un regard noir avec des interrogations dans les yeux. Abby, la sœur à Maxence, semble mal à l'aise. Elle se balance sur ses pieds en observant le sol. Néanmoins, c'est elle qui rétorque d'une voix plus assurée que son comportement pourrait le faire croire.
– Je ne suis pas mon frère, d'accord ? Ne me fais pas payer ses erreurs d'abruti.
Ses yeux s'accrochent au mien. J'ai très envie de lui dire que je n'en ai rien à foutre, qu'elle retourne chez elle. Mais après tout, si j'ai laissé une chance à Mitzraël qui était autrefois mon bourreau, pourquoi la petite sœur à Maxence n'aurait-elle pas le droit à une chance, surtout qu'il est vrai qu'elle n'est pas responsable de l'agissement de ce dernier ? J'acquiesce et me force à lui sourire. Ses épaules s'affaissent de soulagement.
Zayn cogne à la porte, celle-ci s'ouvre sur Ashley qui nous invite à entrer ainsi qu'à nous diriger au sous-sol. Une fois déchaussés, nous traversons quelques pièces et dévalons les escaliers qui mènent à un joli sous-sol bien organisé. Je ne suis jamais venu chez Shella auparavant, elle a une belle maison. Certes, jamais aussi grande que celle chez Mitzraël, mais tout de même mieux que la mienne. Le sous-sol s'étend sur une seule pièce très gigantesque. Le sol est en bois acajou et les murs sont d'un blanc simple. Au milieu de la salle, face à une grande télévision plasma, est positionné un sofa tuxedo à trois places d'un bleu foncé. De chaque côté de celui-ci se trouvent deux chaises. Un fauteuil Corbusier noir s'offre à la droite. Dès que je vois le fauteuil Aarnio - ball chair, je cavale vers celui-ci en poussant Zayn qui fait comme moi. Finalement, j'arrive à m'avachir le premier dedans avec Zayn qui s'affale sur moi.
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Indéchiffrable (En pause)
Ficção AdolescenteLorsque je vois son regard indéchiffrable de ses yeux gris, mon corps tout entier se crispe de peur. Une année absolue à m'avoir détesté parce que je suis homosexuel. Une année entière à m'avoir intimidé avec sa bande d'amis. Une année complète à av...